Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 31/05/2018

Jeudi 31 Mai 2018

Tunis - Les derniers développements politiques en Tunisie et en Mauritanie et la conférence internationale sur la Libye, sont les principales thématiques traitées, jeudi, par les quotidiens maghrébins. 

Sous le titre "Scénario énigmatique", "Le Quotidien" tunisien écrit que ce qui est en train de se passer ces derniers jours, a de quoi glacer l'ardeur des Tunisiens qui espèrent toujours un rapide redressement pour éviter le pire.

Après la suspension des concertations à propos du contenu du Document de Carthage II et les nouvelles accusations envers Youssef Chahed, un piètre chef de gouvernement, selon Nidaa Tounès et l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), c'est du côté de l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) que la terre a tremblé avec le gel des activités de Tlili Mansri, son président, fait savoir la publication.

Elle relève qu'avec un gouvernement dont l'avenir est incertain la compétence demeure tributaire de l'humeur du jour des autres composantes du pouvoir, et une ISIE secouée par une nouvelle crise, certains observateurs commencent à parler d'un très probable report des rendez-vous électoraux de 2019.

Pour "Le Temps", qui titre "Pourrissement politique: A Béji Caïd Essebsi de trancher", désormais, c'est la guerre déclarée entre les deux membres les plus hauts placés de Nidaa Tounès, en l'occurrence le chef du gouvernement, Youssef Chahed et le fils du président de la république et secrétaire général exécutif autoproclamé de Nidaa, Hafedh Caïd Essebsi, qui s'entredéchirent sans faire-fi de l'intérêt des citoyens et du pays qui va à la dérive.

Il s'agit d'une guerre au sein du principal parti au pouvoir dont seul le peuple va en payer le prix et qui est menée par les moyens de l'Etat donc avec l'argent du contribuable, déplore-t-elle.

Elle ajoute que le gouvernement a échoué et cela est un fait, puisque la crise perdure pour ne pas dire qu'elle s'aggrave depuis son arrivée, il y a un peu plus de 14 mois.

Le quotidien explique que le pays ne peut plus avancer dans pareille situation où les perspectives sont sombres et où la marge de manoeuvre demeure restreinte surtout si l'on sait à qui nous allons avoir affaire.

Pour sa part, "La Presse de Tunisie" estime que le discours prononcé mardi par le chef du gouvernement à une heure où la majorité des Tunisiens sont devant leurs écrans TV, est un "coup de théâtre inattendu".

Il ajoute qu'alors que le président tunisien est à Paris pour prendre part aux négociations entre les protagonistes libyens, son chef du gouvernement accuse clairement et désigne Hafedh Caïd Essebsi comme le principal responsable de la décadence de Nidaa Tounès.

Il fait savoir que si les parlementaires refusent de commenter ce discours, certains langues, sur les réseaux sociaux, se sont déliées comme celle de la femme d'affaires et membre du parti Nidaa Tounès Zohra Driss, qui s'est rangée du côté du chef du gouvernement.

"Youssef Chahed a dit tout haut ce que tout le monde pense tous bas. Maintenant, la balle est dans le camps des Tunisiennes et des Tunisiens pour sauver le pays", écrit-elle sur son compte facebook. 

Le quotidien se demande par ailleurs si certains dirigeants de Nidaa qui avaient pris la décision de quitter le parti, dictée par leur égo et l'amour de soi, pourraient se réunir de nouveau autour de l'amour de la patrie.

Il relève que certains ex-membres de Nidaa Tounès, qui avaient, à un moment donné, choisi de quitter le parti, rêvent secrètement depuis mardi soir d'une nouvelle réunion de la famille nidaiste sous la houlette, peut-être du chef du gouvernement.

Il explique que cette nouvelle crise au sein du parti au pouvoir est du pain béni pour l'opposition qui s'en donne à coeur joie.

«Beaucoup trop de travail doit encore être fait pour qu'un effort visant la stabilisation du pays aboutisse en Libye à un accord sur (...) une stratégie politique, économique et de sécurité viable à laquelle un large éventail d’acteurs libyens et leurs soutiens internationaux peuvent souscrire», estime encore « El Watan».

Pour sa part, «Le Quotidien d’Oran» relève que la déclaration politique approuvée oralement par les quatre hommes forts du moment de la Libye évoque un engagement commun à organiser, sous le parapluie onusien, «des élections dignes de foi et pacifiques et à respecter les résultats des élections lorsqu'elles auront lieu». 

Même si la déclaration n'a pas donné lieu à la signature du document, cela n'a pas empêché le locataire de l'Elysée de parler d'«une rencontre historique» et d'«une étape clé pour la réconciliation», souligne la publication, en précisant que l'objectif premier de ce rendez-vous diplomatique était de «créer les conditions d'une sortie de crise» en Libye, en «responsabilisant tous les acteurs nationaux et internationaux».

Et d’ajouter que la conférence devait également fixer le cadre d'un processus politique qui passera par l'adoption d'une «base constitutionnelle pour les élections» et des «lois électorales nécessaires» d'ici le 16 septembre prochain, comme convenu par les responsables libyens présents à cette occasion. 

En Mauritanie, les journaux s’intéressent aux derniers développements sur la scène politique nationale, avec la possible alliance électorale entre le parti Sawab et le mouvement IRA Mauritanie (initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie), une organisation non reconnue par les autorités mauritaniennes, qui permettra au mouvement de présenter ses candidats aux prochaines élections à travers le parti.

Ils ont souligné, à cet égard, que le ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation, après s’être opposé à l'organisation d'une conférence de presse commune entre les deux parties, du fait que l'aile politique du mouvement (IRA) n'est pas autorisée, il s’est ravisé pour autoriser de nouveau cette conférence.

Citant une source de Sawab, parti d’opposition d’obédience nationaliste arabe, les quotidiens indiquent que les autorités publiques compétentes avaient notifié à la direction du parti l’autorisation d’organiser cette conférence de presse prévue aujourd'hui à Nouakchott.

La même source soutient que la conférence vise à annoncer une alliance électorale entre le parti Sawab et le mouvement (IRA), qui défend les droits des «Haratines», en soulignant que la prochaine alliance devrait être basée sur des dispositions qualifiées de "très importantes", car elles inaugurent une nouvelle phase ayant pour finalité l'unité, la coexistence et la cohésion nationale.

La presse ajoute que la prochaine alliance entre le parti Sawab et l’IRA, nouvellement crée après 6 mois de gestation et de dures négociations sécrètes, n’est en fait qu’un accord politique particulier, reflétant surtout la propension des deux parties à dégager des choix adaptés aux exigences politiques de l’instant.

L’accord porte sur la candidature du leader de l’IRA, Biram Ould Dah Ould Abeid, au nom de Sawab à la présidentielle de 2019 et le partage du gâteau des consultations électorales de septembre prochain.

Autant Biram sera candidat à la liste nationale, autant Abdel Salam Horma, le président de Sawab, briguera les conseils régionaux à Nouakchott, selon l’accord, avec la perspective d’investir avec la nouvelle coalition 165 de ses leaders aux prochaines élections municipales sur toute l’étendue du territoire national.

Il est incontestable que le nouvel attelage donnera un nouveau souffle aux "nationalistes" Sawab, en raison de leur approvisionnement relatif de l’indocile organisation antiesclavagiste IRA-Mauritanie, estiment encore les journaux mauritaniens.

MAP