Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 30/05/2018

Mercredi 30 Mai 2018

Tunis - La suspension des négociations sur le sort du chef du gouvernement tunisien, la fermeture d'une mosquée chiite à Nouakchott et la controverse suscitée par la hausse des taxes sur les principaux documents administratifs en Algérie sont les principales thématiques traitées, mercredi, par les quotidiens maghrébins.

Sous le titre "un sacré méli-mélo", "Le Quotidien" tunisien écrit que le président Béji Caïd Essebsi n'était pas d'humeur à concilier des positions diamétralement opposées à propos du limogeage ou de maintien du chef du gouvernement Youssef Chahed et préféré botter en touche et renvoyer tous les protagonistes du Document de Carthage II aux vestiaires.

"La réunion qui devait déboucher sur un verdict qui tient en haleine l'opinion publique a tourné court, commente la publication, qui ajoute qu'on a vu à la télé les mines renfrognées, particulièrement celles de Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif de Nidaa Tounès, et Noureddine Tabboubi, secrétaire général de l'Union Général Tunisienne du Travail (UGTT), qui mènent le front de révocation de Youssef Chahed et qui étaient visiblement très contrariés par la tournure des événements.

Il souligne que le Pacte de Carthage a été donc gelé et l'affaire qui aurait dû être pliée depuis le 25 mai "débouche dare-dare sur une nouvelle crise politique de trop qu'on aurait certainement pu éviter si on s'était attaché au moins à respecter la règle de la majorité.

Et de souligner que le maintien de Chahed soutenu par cinq signataires du Pacte de Carthage, contre 4 favorables à son limogeage, aurait dû être entériné, évitant au pays un nouveau renversement de la table au moment où il a ardemment besoin de stabilité politique.

Pour sa part, "Le Temps" qui titre "Carthage II a vécu: place au pragmatisme réparateur!", fait observer que ce Document a fini par céder au niveau des soutiens porteurs parce que dès le départ, il y avait malentendu sur ses objectifs.

Le président Caïd Essebsi, garant et soucieux de la sécurité nationale, de la continuité de l'Etat et par ricochet de la paix sociale, a répondu positivement aux différents appels des partis et syndicats ouvriers et patronaux, pour faire l'audit de l'action gouvernementale en vue de réajustements plus au moins en profondeur dans certains départements jugés moins efficaces que d'autres, explique le quotidien.
Dans ce sens, il note que la Tunisie peut se relever plus rapidement que l'on le croit, si la sagesse et la responsabilité priment des deux côtés, précisant que si la croissance refait surface et fait bond à plus de 3%, l'UGTT elle même en tirera profit.

Il recommande de garder espoir et optimisme, au lieu de jeter de l'huile sur le feu et pousser à l'irréparable par les amateurs politiciens qui raffolent de l'anarchie globale destructrice.
La publication estime que le monde d'aujourd'hui est compliqué au plus haut point et cette complexité ne peut être résolue que par les professionnels qui ont de la patience et l'expérience au niveau des Etats, mettant en garde contre l'amateurisme et appelant à opter pour le pragmatisme et le rationalisme.

Les autres journaux, dont "La Presse de Tunisie", "Echourouq" et "Al Maghreb" reviennent sur l'intervention télévisée de Chahed au cours de laquelle il a réitéré son intention d'aller de l'avant dans la restructuration de son gouvernement et lancé un appel aux partenaires sociaux à se joindre à lui pour la mise en place du conseil économique et social, afin de mettre au point les grandes réformes à entamer.

Droit dans ses bottes, déterminé, le chef du gouvernement a de prime abord annoncé qu'il entend pleinement continuer sa mission démentant le pronostic de son départ et insistant sur le fait que son premier souci est plus que jamais la préservation de l'intérêt général, précisent-ils.

"Puissent les grands protagonistes sur la scène politique l'entendre de cette oreille et se mette, le temps d'une année qui nous sépare des élections législatives et présidentielle, pour engager une trêve de nature à apporter un apaisement général pour le pays ?", se demandent-ils.

Comment, dès lors, ne pas comprendre les excès de défiance citoyenne à toute démarche du gouvernement, quand bien même celle-ci serait aussi anodine qu’une simple taxe sur la délivrance de passeports ? S’interroge le quotidien.

Sur un autre registre, «Liberté» relève que jamais un gouvernement n’a autant manqué de rigueur et mal communiqué comme c’est le cas pour le gouvernement algérien depuis Abdelmalek Sellal, jusqu’à Ahmed Ouyahia, en passant par l’éphémère Abdelmadjid Tebboune. Alors qu’on était encore à se demander comment est-il possible qu’un Premier ministre et un membre de son exécutif usent de deux tons quasi contradictoires à propos d’un même dossier, Ahmed Ouyahia et le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui, en l’occurrence, au sujet des nouvelles taxes sur les documents biométriques, voilà que l’on est invité à noter, à nouveau, un grincement dans la communication du ministère de l’Éducation nationale, ironise-t-il.

«La com en mode recadrage», titre le quotidien dans son éditorial, en soulignant qu’au sujet, cette fois-ci, de la suppression ou du maintien de l’examen du Brevet d’enseignement moyen (BEM), la Radio nationale ouvre l’antenne à un responsable chargé des programmes au ministère de l’Éducation nationale qui révèle, en connaissance de cause, sans nul doute, qu’“une commission est en train de finaliser un projet de texte consacré à la suppression du BEM».

L’éditorialiste estime que ce n’était pas le moment de divulguer cette information, comme en témoigne la réaction, pour le moins surprenante, de la ministre de l’Education, Nouria Benghabrit qui a tranché sec : «Le BEM ne sera pas supprimé».

En Mauritanie, la presse locale relève que les autorités mauritaniennes, représentées par le ministère des affaires islamiques et de l'enseignement originel, ont fermé une mosquée chiite " Husseiniya", sise dans la moughataa de Dar Naim à Nouakchott.

Cette mesure, ajoute la même source, intervient après un contrôle mené par le département de tutelle de cette mosquée d’obédience Chiite, dont l'imam s’est vu signifié par le ministère son licenciement et son remplacement.

Elle rappelle qu'au cours du week-end de dernier, une délégation du ministère des Affaires islamiques a visité le complexe religieux initié et géré par une association appelée "Al-Bayt", relevant que la mission qui a fouillé de fond en comble ,la mosquée et les locaux annexes, a informé l’imam, qu’il est destitué de l’imamat et qu’il a un délai d’une semaine pour déménager des lieux. 

Dans le même ordre d'idées, elle fait état du lancement d'un colloque scientifique sur l’extrémisme et le terrorisme, au cours duquel l'accent a été mis sur le terrorisme qui constitue un phénomène étrange à l’Islam et aux musulmans.

Le colloque, selon la presse mauritanienne, vise à sensibiliser les ouléma ainsi que les organisations de la société civile pour que tous contribuent, de manière substantielle, à limiter ce phénomène transfrontalier, relevant que cela requiert la mobilisation de toutes les énergies et la multiplication des efforts au moment où le monde connaît toutes sortes de déviations au plan intellectuel et une évolution insensée vers la violence.

MAP