Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 22/02/2018

Jeudi 22 Février 2018

Tunis - L'appel du puissant syndicat "UGTT" en Tunisie pour un remaniement ministériel et l'ouverture dans la précipitation du champ médiatique à l'audiovisuel viennent, jeudi, en tête des thématiques traitées par les quotidiens dans ces deux pays maghrébins.

"Le Quotidien" tunisien se demande si le pays a besoin d'un remaniement ministériel auquel a appelé le secrétaire général de l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), Nouredine Taboubi.

Selon la publication, le patron de la Centrale syndicale a tenu à relativiser ses propos en précisant, plus tard sur Mosaïque FM, qu'il n'a pas demandé explicitement un remaniement ministériel mais qu'il voulait que le rendement de tout responsable puisse être soumis à une évaluation et que cela concerne à la fois les membres du gouvernement et les dirigeants des entreprises publiques.

Il souligne toutefois que quel que soit l'effort qu'il a fait pour ne pas paraitre demander des têtes, l'offensive qu'il a menée ne peut se résumer en une demande d'évaluation du travail des ministres, ajoutant qu'il s'agit d'un changement radical de la position du SG de l'UGTT en rapport avec le gouvernement d'union national conduit par Youssef Chahed.

"S'agit-il dès lors d'une volte-face ou d'un changement tactique en prévision des prochaines négociations salariales prévues au cours du mois de mars prochain? Le SG de l'UGTT veut-il lever la voix pour mettre la pression sur le gouvernement et être en position de force en vue d'améliorer les conditions de la négociation?", s'interroge-t-il.

La publication souligne que cette volte-face est, aux yeux de Taboubi, légitime au vu des échecs multiples subis par le gouvernement au cours des derniers mois, dont et pas des moindres le blacklistage de la Tunisie parmi les paradis fiscaux en premier puis parmi les pays exposés au financement du terrorisme et au blanchiment d'argent en second, sans parler de nouveaux classements dégradants toujours possibles.

Sous le titre "l'UGTT tire la sonnette d'alarme", "Assahafa Al Yaoum" fait remarquer que l'opinion de Taboubi est partagée par la majorité des Tunisiens, faisant observer que le gouvernement est incapable de résoudre les problèmes dans lesquels pâtit le pays.

Au moment où les problèmes s'accumulent tous les jours, la tension sociale augmente et les classements sur les listes noires européennes et internationales continuent à ternir l'image du pays, l'Exécutif s'accroche toujours à de mauvaises politiques vouées à l'échec.

Il fait savoir que Taboubi avait évoqué la nécessité d'injecter du nouveau sang au gouvernement, parce qu'il sait bien que l'appareil d'Etat a atteint un niveau de désintégration intolérable.

Le journal estime qu'il s'agissait d'un "cri" lancé par le secrétaire général de l'UGTT pour que le gouvernement se réveille et corrige les déséquilibres qui perturbent la bonne marche des appareils de l'Etat.

Pour sa part, "Assabah" qualifie de "logique" le timing choisi par le SG de l'UGTT pour appeler à un remaniement ministériel dont l'objectif consiste à résoudre la situation de crise vécue.
Il déplore l'incapacité du gouvernement à trouver des solutions à cette situation, se demandant jusqu'à quand le pays pourrait résister.

Pour "Echourouq", il s'agit d'un discours clair et porteur de plusieurs significations et de messages à l'adresse du gouvernement et de tous les acteurs politiques".

Le journal ajoute que le gouvernement est appelé à réaliser des résultats répondant aux attentes du peuple.

En Algérie, «Liberté» relève que l'ouverture dans la précipitation du champ médiatique à l’audiovisuel, au lendemain du "Printemps arabe", a fini par créer, aujourd’hui, une confusion totale aussi bien dans la programmation que dans le statut des télévisions.

Officiellement, ces télés sont des bureaux accrédités à Alger, dont la mission devait être limitée à la couverture de l’actualité, souligne le quotidien, notant que d’ailleurs la majorité n’a même pas l’autorisation d’exercer sur le territoire national. Non seulement, dit-il, des télés créées pour la plupart par des journaux se retrouvent avec un effectif supérieur que ceux des titres, souvent éponymes.

Dans son éditorial intitulé «Lucarnes troubles», le journal souligne que la télévision nationale qui s’acquitte de sa mission de service public, avec un personnel permanisé et assuré, est en droit de se demander pourquoi les officiels se bousculent pour passer dans ces radios alors qu’officiellement, elles sont illégales.

L’éditorialiste estime ainsi que la raison d’avoir permis la création de ces entités sans l’établissement d’un cahier des charges qui réglemente dans le détail leurs missions a été dictée par l’urgence, d’une part, et par la volonté de polluer le champ médiatique, d’autre part.

Sur ce dernier point, «Echorouk» explique que l’accréditation de bureaux n’est valable que pour des médias de statut étranger qui n’ont pas le droit d’avoir accès à la publicité, sauf étrangère. «Cette pratique a dérapé dans des dérives que l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) ne peut contrôler, à sa décharge, faute de textes réglementaires, du fait de l’inexistence d’un cahier des charges», relève-t-il.

La publication estime que la question primordiale qui se pose est que ces télés de droit étranger qui ne sont pas domiciliées en Algérie, donc inexistantes, peuvent avoir des associés étrangers qui peuvent manœuvrer la ligne éditoriale, s’ils en sont majoritaires. Contrer El-Djazira et El-Magharibia, c’est bien, mais créer des clones pour se défendre, ce n’est pas professionnel, dit-il.

Elle estime urgent de mettre de l’ordre dans le secteur dans la transparence la plus totale et libérer les médias, tous supports confondus, qui exerceront sur la base d’une réglementation juste et équitable.
Pour sa part, «El Watan» souligne que contrairement au discours officiel et aux dispositions de la Constitution amendée en 2016, le pouvoir ne fait aucun geste pour faire entendre la voix de l’opposition. Au contraire, dit-il, il ne lui laisse presque pas d’espace : interdiction d’accès aux médias audiovisuels, publics et privés, restriction sur les autorisations de réunion publique et multiplication des embûches.

Sous le titre «Les partis de l’opposition malmenés par le pouvoir», le quotidien déplore qu’en plus des restrictions sur la liberté de réunion, les partis politiques de l’opposition sont boudés par les médias, notamment les chaînes de télévision publiques et privées. Depuis les dernières élections locales, les passages des responsables de ces partis à la télévision sont rares, voire inexistants, s’indigne-t-il.

Il observe qu’au moment où même les réunions internes des partis au pouvoir sont largement couvertes par la Télévision publique, des chefs de parti de l’opposition sont carrément interdits des plateaux de l’ENTV depuis plusieurs années. Le journal cite à cet égard le cas du président de Jil Jadid, Soufiane Djilali qui, en raison de son discours sur la vacance du pouvoir, l’homme et sa formation politique ne sont plus invités par les chaînes de télévision, y compris privées.

Dans ce même ordre d’idées, «L’Expression» relève que des formations font face aussi à d’autres pratiques rétrogrades, citant le cas édifiant du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui a aussi subi de nombreux blocages pour la tenue de son cinquième congrès.

Devant tenir ses assises en 2017, le parti, selon son président Mohcine Belabbas, n’a pas pu réserver de salle, puisque toutes les demandes faites à cet effet ont buté sur un refus, sous prétexte que les salles demandées étaient occupées, ce qui est faux, dénonce le président du parti.

MAP