Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 19/02/2018

Lundi 19 Février 2018

Tunis - Les élections municipales en Tunisie, la réforme du système des subventions en Algérie et la polémique autour d'un 3è mandat du président mauritanien constituent les principaux sujets traités lundi par la presse maghrébine.

"Tunis Hebdo" écrit, dans un éditorial intitulé "enjeu électoral", que le compte à rebours pour la tenue des élections municipales vient d'être enclenché avec le démarrage des procédures de dépôt des listes candidates aux premiers conseils municipaux élus depuis 14 janvier 2011.

La publication fait état d'une présence remarquable des listes indépendantes dans la plupart des circonscriptions électorales et de quelques insuffisances logistiques constatées par un grand nombre d'associations de la société civile.

Elle relève qu'autant que ces élections paraissent nécessaires pour la prise en main des affaires locales, à priori, par les citoyens-résidents, autant elles suscitent des craintes réelles ou excessives, expliquant qu'il est évident que plusieurs formations politiques souhaitent voir ce scrutin ne jamais se tenir pour diverses raisons, la principale étant de les voir disparaitre complètement de la scène politique.

"Cela a amené par exemple l'ULP (Union Libérale patriotique), pourtant le troisième parti lors des dernières élections législatives, à annoncer déjà son retrait", enchaîne-t-elle, faisant savoir que quoique déjà fixée et mise en route, l'organisation de ces élections reste tributaire d'un climat social et politique propice.

Elle évoque aussi certaines inquiétudes que suscitent ces élections et qui sont liées notamment à leur caractère complexe et extrêmement sélective quant à la composition des listes et aux conditions draconiennes imposées aux éventuels candidats, relevant que seules les grandes formations politiques ont des chances de répondre aux critères imposés par la loi électorale.

Pour sa part, "Assabah Al Ousboui" souligne l'importance de ce rendez-vous électoral qui augure une nouvelle ère renforçant le pouvoir local, déplorant par ailleurs que la présentation des listes électorales s'est limitée jusqu'à présent aux partis et aux indépendants.

La publication souligne qu'il incombait à l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) de soutenir certaines personnalités lors de ce scrutin du fait que la centrale syndicale est plus proche des préoccupations des citoyens.
Elle ajoute que tout le monde (organisations patronales, centrales syndicales, indépendants et société civile) doit participer à ces élections municipales .

De son côté, "Echourouq" fait observer que les élections municipales ont relancé le débat sur les réseaux sociaux, notant "une interaction des internautes avec cette étape importante de l'histoire de la Tunisie en exploitant cet espace pour mener des campagnes électorales précoces".

Elle insiste sur le rôle de ces réseaux sociaux dans l'encouragement des Tunisiens à participer au processus électoral municipal et l'activation de la démocratie participative.

En Algérie, les quotidiens s'étonnent des déclarations contradictoires de certains membres du gouvernement sur la réforme du système des subventions, qui, estiment-ils, dénotent une confusion dans la gestion d'importants dossiers programmés dans le programme économique de l’Exécutif.
C’est ainsi que «Le Quotidien d’Oran» s’interroge si le gouvernement est en train de revenir sur son programme de réforme des subventions et si le Premier ministre Ahmed Ouyahia est en train de reculer sur le plus important chantier de ses réformes économiques.

Cette envolée de la facture d’importation de kits constitue la démonstration du choix par le gouvernement d’un modèle industriel contestable, soutient-il, notant que cette option se résume au feu vert donné à l’installation de petites usines, dont la viabilité n’est pas prouvée en raison non seulement de l’effet taille, mais également du faible taux d’intégration réalisé dans ces installations industrielles.
Dans son éditorial intitulé «Fausse route», la publication souligne que les spécialistes du dossier avaient déjà averti sur les choix contestables en matière d’émergence d’une filière automobile en Algérie. En effet, cette industrie ne devient rentable qu’avec des taux d’intégration importants à partir de 40-50%, expliquent-ils, estimant que l’Algérie a placé la charrue avant les bœufs, puisqu’il fallait songer à constituer un tissu de sous-traitance avant d’accorder des autorisations aux constructeurs pour monter des usines dans le pays.

Pour le quotidien, la solution idoine se résume à réduire le nombre de projets en retenant les plus fiables ainsi qu’à accélérer le processus d’intégration des usines de montage par des mesures encourageant des progrès plus rapides dans ce domaine.

Il estime de même qu’il convient de ne pas oublier, du reste, qu’on est en train de monter une filière automobile classique qui risque d’être déclassée rapidement, voire de s’exporter difficilement en raison de la concurrence internationale, de l’impact sur l’environnement ou de la prédominance à l’avenir de modèles de véhicules électriques.

Sur ce même sujet, «El Watan» relève qu’apparemment, la fin des licences d'importation de véhicules et l'introduction du système d'usines fonctionnant en CKD/SKD est en train de produire les mêmes effets désastreux sur la facture des importations.

Citant un bilan des Douanes algériennes, le journal précise que les importations globales de véhicules se sont établies à 2,13 milliards de dollars en 2017, contre 2,12 milliards de dollars, en 2016, ajoutant que la facture d’importation des collections CKD/SKD destinées à l’industrie locale de montage des véhicules s’est chiffrée à plus de 1,8 milliard de dollars en 2017, contre 897,35 millions en 2016, en hausse de 904,07 millions de dollars (+101%).

En Mauritanie, la presse s'intéresse à la controverse renouvelée autour d'un troisième mandat présidentiel, faisant savoir qu'un collectif d'associations des jeunes et de personnalités influentes envisagent d'organiser une marche pour soutenir la candidature du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz pour la prochaine présidentielle.

Elle ajoute que les partisans de l’Union Pour la République(UPR/ au pouvoir) ont organisé récemment des réunions dans différentes régions du pays pour demander l’augmentation des durées des mandats présidentiels afin de permettre au président Ould Abdel Aziz de "sauvegarder les acquis de son régime qui ont été bénéfiques aux populations au cours de la dernière décennie".

Selon elle, les auteurs de cette requête foulent toutefois aux pieds la loi fondamentale du pays qui, dans ses articles 26 et 28, limite le nombre de mandats présidentiels à deux.

Les journaux mauritaniens évoquent d'autre part une série de réunions consultatives tenues récemment entre l'opposition et la société civile en vue de parvenir à un consensus national sur les conditions d'une alternance pacifique en 2019.

Cette initiative vise à promouvoir le dialogue, l'esprit de consensus dans le cadre du respect de la Constitution pour assurer une transition politique pacifique, ajoute la même source, qui relève que le but ultime est de lever tous les obstacles et mettre en place des règles électorales qui sont en mesure de consolider le pluralisme, la transparence et une participation massive à l'opération électorale.

MAP