Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 13/09/2021

Lundi 13 Septembre 2021

​Tunis - Les derniers développements politiques en Tunisie, le risque d'une crise énergétique en Algérie et la promotion du secteur privé en Mauritanie sont les principaux sujets abordés lundi par la presse maghrébine.


Sous le titre "Asseoir un Etat de droit!", l'éditorialiste de "Tunis-Hebdo" écrit que l'attente commence à trop durer quant à l'annonce de "la feuille de route" que doit décider le président Kaïs Saïed faisant suite aux mesures exceptionnelles du 25 juillet.

Il fait observer qu'aujourd'hui, le président Saïed est prié de toutes parts (G7, UE, forces nationales) de se prononcer afin de dépasser ce flou caractérisant la marche de l'Etat et la configuration de ses institutions.

A travers les déclarations de son conseiller, Walid Hajjam, le président Saïed a fait mention des choix futurs qui tourneraient autour de la suspension de la Constitution de 2014 et l'instauration d'un régime présidentiel, note-t-il.

Il ajoute que ces déclarations ont commencé à provoquer des réactions de la part de certains partis politiques qui rejettent, dans leur majorité, la suspension du texte suprême, estimant que sur cet aspect, le chef de l'Etat avait répété à plusieurs reprises que son action demeurait circonscrite dans le cadre de la Constitution, ce qui l'obligeait moralement à trouver une issue à la crise en se basant sur elle.

Il indique que si le recours à l'article 80 était constitutionnel et si les autres décisions (gel de l'ARP, levée de ľ'immunité des députés, limogeage du chef du gouvernement) trouvaient leur justification dans leur légitimité politique, il va sans dire que la suspension de la Constitution poserait le problème de son respect.

Il ajoute qu'ici, deux lectures sont possibles : D'abord, une lecture formaliste qui s'en tient au strict respect des textes et des procédures et rejette toute mesure pouvant être contraire à la Constitution.

A cet égard, certains proposent, par exemple, que l'on retourne à l'ARP et que celle-ci se saborde elle-même (en refusant le vote de confiance à un éventuel gouvernement) et soit, par conséquent, ensuite dissoute par le Président de la République, détaille-t-il.

Sans dire qu'elle soit farfelue, disons que telle proposition pourrait se retourner contre celui qui la prescrit et nous ramener à la case départ, met-il en garde, faisant savoir que la deuxième lecture est politique.

Selon l'éditorialiste, "la Constitution est certes le texte suprême au sein de ľ'Etat, mais il n'est pas sacré. Il ne doit pas, non plus, être galvaudé ! La Constitution doit être rigide pour ne pas être malmenée à n'importe quel moment ou à n'importe quelle occasion, mais elle ne doit pas non plus devenir un obstacle insurmontable pour un changement qui reste dans le cadre de la légitimité politique".

Il explique que la Loi fondamentale est avant tout un texte à caractère politique qui devrait être suffisamment souple pour être adapté à un changement historique comme nous le vivons en Tunisie depuis le 25 juillet.

A ce titre, elle pourrait, estime-t-il, être partiellement suspendue, ce qui signifie que seules les dispositions relatives au fonctionnement du régime politique seront revues et corrigées par un texte provisoire avant de faire l'objet d'un texte constitutionnel qui sera soumis à une approbation populaire à travers un référendum.

La deuxième question est relative au régime présidentiel que plusieurs partis confondent allégrement avec le régime présidentialiste, fait-il observer, indiquant que la différence entre les deux régimes est immense.

Pour sa part, l'éditorialiste de "La presse de Tunisie", qui titre "A la mesure des aspirations du peuple", se demande : "quels messages devrait-on retenir de la déclaration précise, claire et transparente faite par le Président Kaïs Saïed, samedi soir, à l'avenue Habib-Bourguiba?"

S'agit-il d'un discours qui rassure ceux qui n'ont pas hésité à crier sur tous les toits que la Constitution du 27 janvier 2014 risque d'être suspendue unilatéralement et supplantée, peut-être, par une autre Constitution dont le texte est en train d'être rédigé par une commission dont personne ne connaît la composition ou le lieu où elle accomplit sa mission ?, s'interroge-t-il encore.

Et la polémique de s'installer au sein du paysage politique et civil national ou ce qui en reste, en particulier ceux qui réagissent encore aux déclarations des uns et des autres et publient des déclarations critiquant, stigmatisant ou s'opposant le plus souvent à des rumeurs, à de petites phrases autorisant toutes les interprétations possibles mais sans que la paternité ou la dimension officielle de ces mêmes données ne soient prouvées, soutient-t-il.

Ainsi, la cacophonie, la méfiance, la dissension et les contradictions les plus incroyables trouvent-elles, dans ce climat, le nid propice pour s'installer, accaparer l'attention et l'intérêt de tous et finir par s'imposer, sur la scène nationale, comme les solutions les plus appropriées, regrette-t-il

De son côté,"Algérie Part plus" fait savoir, dans une enquête, que "la crise énergétique est la pire crise que doit gérer et surmonter l'Algérie"

Il fait savoir qu'au-delà de l’instabilité politique chronique depuis 2019, et la crise financière ou économique, l’Algérie est menacée dans un futur proche par une terrifiante crise qu’elle devra gérer à tout prix avec prudence pour ne pas hypothéquer l’avenir du pays.

La crise énergétique provient de la fin prévisible d’un cycle, celui du pétrole et du gaz qui permettent à l’Algérie de se nourrir, de fonctionner, de défendre sa sécurité nationale et d’exister en tant que pays sur la scène internationale, explique-t-il.

Il rappelle que les hydrocarbures représentent entre 96 et 98 % des recettes en devises de l’Etat, plus de 43 % de ses recettes fiscales et plus de 21 % de toute la richesse nationale, à savoir le Produit Intérieur Brut (PIB), notant que mieux encore, tous les besoins de la production de l’électricité, de la consommation de l’eau potable ou le chauffage des foyers algériens dépendent intégralement du gaz et du pétrole.

Il souligne toutefois que ces ressources sont en train de se tarir en Algérie d’ici la prochaine décennie, avec une population algérienne estimée à 55 millions d’Algériens, la production nationale des hydrocarbures ne permettra même pas de répondre aux besoins de la population locale.

"Les chiffres font froid dans le dos", commente la publication qui cite le dernier rapport annuel du ministère de l’Energie qui relève qu'au titre de l’année 2018, la consommation domestique d’énergie a progressé de 7,7% en 2018, atteignant 65,0 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), rappelant que le mix énergétique algérien se compose de 39% de gaz naturel, 28% d’électricité (elle-même obtenue via une source primaire ou dérivée), 27% de pétrole et 4% de GPL.

La production d’énergie primaire s’est établie à 165,2 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole), en léger recul sur un an (-0,4%), ajoute la même source, précisant qu'elle se répartit entre 55,7% de gaz naturel, 32,4% de pétrole, 6,0% de condensat, 5,7% de GPL et 0,1% d’énergie renouvelable.

Les exportations d’énergie ont reculé de 6,9% sur un an, à 100,8 Mtep, une baisse qui s’explique par la chute des ventes de GNL (-17,9%), de pétrole brut (-12,2%), de produits raffinés (-8,1%) et de GPL (-4,5%), fait-elle savoir, notant que seules les exportations de gaz naturel (+1,0%) et de condensat (+2,1%) progressent.

Avec de tels indicateurs, il estime que l’Algérie sera confronté à une crise énergétique persistante d’ici 2030, expliquant que la production nationale ne cesse de reculer face à une demande nationale de plus en plus croissante et l’Algérie qui était un pays exportateur d’énergie risque de devenir un pays importateur d’énergie.

D’après "BMI Research", une société de recherche basée à Londres qui fournit des analyses macroéconomiques, industrielles et financières, couvrant 24 industries et 200 marchés mondiaux, deux tiers de l’énergie consommée en Algérie proviendrait du gaz et un tiers du pétrole, la consommation d’énergie renouvelable ou via le charbon étant négligeable.

Citée par le média, l’Agence d’information sur l’énergie (Energy Information Administration ou EIA) souligne enfin que le déclin de plusieurs gisements actuellement exploités, la croissance de la consommation domestique et les pertes liées aux systèmes de transmission et de distribution électrique menacent sérieusement l’indépendance énergétique future de l’Algérie.

Toutes ces données démontrent que les réserves des hydrocarbures du pays ont entamé leur déclin au moment où la consommation nationale et intérieure enregistre des pics historiques en raison de la forte croissance démographique et de la dépendance totale vis-à-vis des énergies fossiles dans la consommation énergétique nationale, a-t-il constaté.

Un changement radical dans le mode de gouvernance du pays est absolument urgent pour préparer les Algériens à cette crise énergétique, estime-t-il.

En Mauritanie, le journal "Al Akhbar" revient sur les déclarations du ministre des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs, Ousmane Mamoudou Kane, dans lesquelles il souligne que des "réformes importantes ont été faites en faveur du secteur privé".

"La loi sur les PPP (Partenariat public-privé) a été revue et un dispositif national pour le développement de l’entreprenariat a été mis en place", a rappelé Mamoudou Kane, cité toujours par le journal.

S'exprimant lors d'une conférence de presse conjointe à Nouakchott avec Sergio Pimenta, vice-président la Société Financière Internationale SFI, filiale de la Banque mondiale chargée d’appuyer le secteur privé, il a rappelé que "le secteur privé mauritanien est un partenaire essentiel dans le développement du pays".

MAP