Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 09/02/2018

Vendredi 9 Février 2018

Tunis - La presse maghrébine a consacré, vendredi, ses commentaires au classement par l'Union Européenne (UE) de la Tunisie sur la liste noire des pays exposés au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme, ainsi qu’au Forum d'affaires algéro-français tenu à Alger.

"Le Quotidien" tunisien écrit, dans un éditorial intitulé "Il faut crever l'abcès..", que la Tunisie évolue comme dans un marécage: Sitôt, elle retire un pied que l'autre s'embourbe davantage, rappelant qu'après avoir été épinglée une première fois par les ministres européens des Finances, elle est de nouveau dans un sacré pétrin.

"Ah la belle affaire! il ne nous manquait plus que cette +reconnaissance+ pour boucler la boucle (..) A peine sortis du pépin des paradis fiscaux où nous sommes passés de la liste noire à la grise, nous voilà donc en plein dans le mille de nouveau dans la catégorie charbonnée", déplore-t-il en faisant allusion à l'inscription de Tunis sur la liste noire des pays exposés au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme.

"Certes, on pourra toujours en vouloir à nos amis européens et leur reprocher ces classifications obsessionnelles et désobligeantes à l'encontre de notre pays, mais faut-il s'étonner outre mesure?", se demande la publication, qui souligne que rien ne sert de lancer des cris de vierges effarouchées quand les preuves accablantes sont légion.

Il explique que le blanchiment d'argent n'est pas étrange à la Tunisie et les dossiers documentés de blanchiment d'argent et de transfert de devises par de sociétés-écran ou certaines institutions financières avec la complicité des services de la banque Centrale de Tunisie, ne sont pas une vue de l'esprit.

Sous le titre "Lobbying", l'éditorialiste du journal "La Presse de Tunisie" souligne qu'en classant la Tunisie sur la Blacklist des Etat susceptibles d'être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, "le Parlement européen s'est prononcé souverainement faisant fi de notre sentimentalisme, notre grand défaut".

"Un autre grand défaut: nous faisons tous un peu cavalier seul. Au gouvernement comme à l'ARP (parlement) et même au niveau des acteurs de la société civile, tout du moins les plus sérieux et les plus sincèrement engagés pour la Tunisie", poursuit la publication.

Elle fait remarquer qu'encore une fois, la preuve a été donnée que le gouvernement d'union nationale est une chimère du fait qu'il n'offre pas tout à fait l'image d'une solidarité à toute épreuve et surtout "l'on a pas l'impression qu'il bénéficie d'un franc et constant soutien des différents signataires du Document de Carthage".

Dans ce sens, la publication critique la marginalisation d'une élite qui réfléchit, propose et suggère des pistes et des voies de sortie de crise, faisant savoir que "nous sommes dans la culture de l'Exécutif tout-puissant qui ne souffre ni contestation ni contradiction, ce qui n'est pas sans risque".

Dans une chronique titrée "La Tunisie, on l'aime et on la châtie..", "Le Temps" écrit sur un ton d'ironie que "nos amis européens, enfin certains d'entre eux, ont tranché. On ne va pas les contredire, ils pourraient nous couper totalement les vivres par exemple..".

"Effectuons plutôt notre mea-culpa, et tâchons de nous faire tout petits et humbles s'il vous plait, pour nous faire pardonner. Une bonne auto-flagellation et le tour est joué", se moque la chroniqueuse en déplorant une politique de deux poids deux mesures. 

De son côté, "Echourouq" relève que la plupart des observateurs ont pointé du doigt les mécanismes d'application de l'arsenal juridique ayant trait à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Le journal fait état d'une adoption tardive de la loi antiterroriste et contre le blanchiment d'argent.

Pour sa part, "Assabah » met en garde contre les répercussions de tel classement sur le plan économique, l'image du pays à l'étranger et ses relations avec ses partenaires et les bailleurs de fonds.

Le journal fait endosser la responsabilité de cet échec aux responsables en charge de la politique monétaire dans le pays qui n'ont pas pu développer les législations garantissant le respect total des normes adoptées au niveau international en matière de transparence financière.

Le journal souligne qu'il est nécessaire d'adopter les mesures qui s'imposent pour rétablir la confiance de la communauté internationale dans le système financier tunisien.

Les journaux ajoutent que le président du patronat français a, également, relevé «le durcissement sur les licences d'importation de certains produits, équipements et composants qui peuvent pénaliser localement les investisseurs». M. Gattaz a indiqué que cette question a été évoquée avec le ministre de l’Industrie, suggérant "de procéder au cas par cas, entreprise par entreprise ou filière par filière", soutiennent-ils.

Idem pour «Al Hayat» qui relève que le patronat français a remis sur la table des discussions, la règle 51/49. «n peut s’améliorer sur ce sujet en Algérie. C’est un sujet politique», a affirmé M. Gattaz, évoquant les explications de ses interlocuteurs sur le fait que cette règle ne remet pas en cause la détention de la majorité par le partenaire étranger.

Citant le ministre de l’Industrie et des Mines, le quotidien fait remarquer qu’au moment où les entreprises françaises attendent «des signaux pour investir», d’autres investisseurs s’installent en Algérie.

Son confrère «Le Courrier d’Algérie» revient sur la création d’un conseil d’affaires algéro-français, soulignant que les deux organisations patronales algérienne et française se sont réunies, hier, à l’hôtel El Aurassi d’Alger, pour discuter des opportunités de partenariat entre les entreprises des deux pays.

Pour mieux cerner les besoins des entreprises des deux pays, il a été procédé à la création d’un Conseil d’affaires algéro-français qui aura pour mission essentielle de résoudre les contraintes auxquelles font face les entreprises algériennes en France et les entreprises françaises en Algérie, explique le quotidien.

Conduite par son président, Pierre Gattaz et Jean-Louis Chaussade, directeur général du Groupe Suez et président du conseil des chefs d’entreprise France-Algérie du Medef International, la délégation du Medef est arrivée à Alger le mardi pour une visite de travail de trois jours.

Tous les intervenants aux travaux de cette rencontre ont souligné l’impératif de nouer des partenariats entre les entreprises des deux pays, relève le journal, notant que le ministre de l’Industrie et des Mines, Youcef Yousfi a rappelé aux chefs d’entreprise français le souci de l’Algérie de diversifier son économie alors que la France cherche à promouvoir davantage ses exportations.

«Le Quotidien d’Oran», quant à lui, estime que les entreprises françaises n’ont pas le choix, face à la concurrence des entreprises d’autres pays qui manifestent leur intérêt de venir investir en Algérie, que de nouer des partenariats avec leurs homologues algériennes.

Faisant constater que des liens étroits unissent politiquement, économiquement et socialement la France et l’Algérie, le quotidien précise que la France est le deuxième fournisseur du pays et son quatrième client, elle est parmi les premiers investisseurs hors hydrocarbures en Algérie (premier des pays de l’OCDE). Aussi, près de 500 entreprises françaises sont présentes en Algérie, ce qui représente 40 000 emplois dans le pays et environ 100 000 emplois indirects, indique-t-on.

MAP