Revue de la presse quotidienne internationale maghrébine du 08/02/2018

Jeudi 8 Février 2018

Tunis - La presse maghrébine a consacré, jeudi, ses titres et commentaires au nouveau classement par l'Union Européenne (UE) de la Tunisie sur la liste noire des pays exposés au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme, la confusion dans les cercles officiels de décision en Algérie et les marches de protestations qui ont eu lieu dans la capitale Nouakchott et aux marches de protestations qui ont eu lieu dans la capitale Nouakchott.

"Le Quotidien" tunisien s'interroge "A qui la faute?", en soulignant qu'encore une fois, la Tunisie reçoit un second coup dur quelques semaines après la polémique qu'a suscitée le classement de la Tunisie sur la liste noire des pays paradis fiscaux.

Dans une analyse intitulée "Coupable laxisme, irresponsable négligence!", la publication souligne qu'"il faut avouer que nous avons beaucoup de choses à nous reprocher et que la responsabilité de cette situation lamentable incombe à notre classe politique".

Il s'agit d'"une classe politique trop occupée par les querelles et les conflits partisans plutôt que de travailler à sortir le pays de son impasse", regrette le journal, précisant que la question du blanchiment d'argent et du financement du terrorisme alimente le débat depuis des mois, voire des années sans qu'il y ait une réaction ferme de la part des gouvernements qui se sont succédé.

Il déplore l'existence de nombreuses associations soupçonnées de financer des groupes terroristes et l'envoi de jihadistes vers les zones des conflits au su et au vu d'un gouvernement impuissant et d'une classe politique complice", rappelant que la commission d'enquête parlementaire sur l'envoi des jeunes aux zones de conflits peine toujours à publier un rapport détaillé sur les parties impliquées. 

Pour l'éditorialiste du journal "La presse de Tunisie", l'irréparable s'est produit mercredi et les députés du parlement européen ont réservé une bien mauvaise surprise à la Tunisie en votant son inscription sur la liste noire des pays "susceptibles d'être fortement exposés au blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme".

Sous le titre "Une décision, des enseignements", l'éditorialiste explique qu'en utilisant des termes plus clairs et plus simples, le parlement européen, "notre partenaire stratégique N° 1, considère la Tunisie comme un pays où il est facile de blanchir l'argent sale et de financer les actions terroristes".

"Le coup est dur à supporter d'autant plus qu'il intervient à moins de deux mois de la décision de la même Union européenne de retirer le nom de la Tunisie de la liste noire des pays considérés comme des paradis fiscaux", se désole le quotidien.

Il met en garde contre le risque d'une éventuelle décision des bailleurs de fonds internationaux, dont en premier lieu le Fonds Monétaire International, de changer de comportement avec la Tunisie et traiter "cette démocratie naissante qui a besoin de soutien", de l'aveu même du communiqué publié par le site du Parlement Européen avec beaucoup de méfiance et de circonspection.

Pour sa part, "Echourouq" qualifie de "douloureuse" cette décision européenne très attendue depuis novembre dernier, rappelant que malgré les mises en garde d'un grand nombre d'analystes économiques et d'experts, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie n'a pris aucune initiative pour convaincre les Européens du sérieux du gouvernement tunisien qui déploie de grands efforts en matière de lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d'argent.

Dans un éditorial intitulé "La liste noire et l'hypocrisie européenne", le journal relève que moins d'une semaine de la visite du président français Emmanuel Macron en Tunisie, qui s'est félicité du "modèle tunisien", l'UE a décidé de classer ce pays sur sa liste noire.

"Nous condamnons l'hypocrisie européenne, mais nous devons également assumer nos responsabilités (..) du fait que cette décision marque la fin des investissements européens en Tunisie", souligne le journal.

"Al Maghreb" relève que ce classement dans cette deuxième liste noire européenne intervient après un processus d'échange de documents et de propositions à l'issue duquel "nous n'avons pas pu convaincre le plus important partenaire économique et politique de la capacité de l'Etat tunisien d'honorer ses engagements".

Le journal fait endosser à la Banque Centrale de Tunisie toute la responsabilité de cette décision, relevant que des hypothèses erronées conduisent toujours à des interprétations erronées.

Les autres journaux reviennent sur le communiqué du Parlement Européen annonçant le vote de l'inscription de la Tunisie sur la liste noire de l'UE des Etats susceptibles d'être fortement exposés au blanchiment de capitaux.

Ils relèvent qu'en dépit des efforts acharnés de certains députés, le Parlement européen n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue nécessaire de 376 voix pour rejeter l'inclusion de la Tunisie, du Sri Lanka et de Trinité-et-Tobago dans la liste des pays tiers considérés comme présentant des déficiences stratégiques dans leurs régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, établie par la Commission européenne.

La même source a encore précisé que les députés qui ont déposé la motion estiment que l'ajout du pays d'Afrique du Nord n'est pas mérité, qu'il s'agit d'une démocratie naissante qui a besoin de soutien et que la liste ne reconnaît pas les récentes mesures prises pour renforcer son système financier contre les activités criminelles.

Dans son éditorial intitulé «Cafouillages», le journal relève que le citoyen lambda ne manquera pas de s'interroger sur une ouverture aussi généreuse pour un pays qui se verra ainsi subitement passer du tout import à un tissu de montage automobile qui n’a pas beaucoup d’équivalents de par le monde. Surtout que les experts étaient déjà sceptiques sur la rentabilité de cette activité en raison d’une intégration insuffisante et de la réalité d’une économie dont on peut douter de la capacité d’absorption durable d’une telle production, sachant qu’à l’exportation, l’Algérie part plutôt avec des désavantages évidents.

Pour leur part, «Al Hayat» et «El Fadjr» observent qu’annoncé en décembre dernier par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l’élargissement de la liste dite "5+5 Auto" a finalement touché 40 opérateurs qui avaient déposé des dossiers au ministère de l’Industrie et des Mines pour investir dans le montage automobile.

L’information, qui avait fuité lundi soir, à l’issue de la réunion du Conseil national d’investissement consacré à la validation de deux dossiers, en l’occurrence celui de Peugeot Algérie et de Renault Trucks, a fait tache d’huile tant sur les réseaux sociaux que dans les milieux initiés du secteur automobile, retiennent-ils.

Les quotidiens estiment en revanche, que c’est une bonne nouvelle qui soulagerait ceux qui avaient investi des sommes colossales dans ce créneau et qui sont intéressés par la dynamique du gouvernement pour lancer une véritable industrie automobile en Algérie.

Même son de cloche pour «L’Expression» qui relève qu’alors que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait annoncé un «verrouillage» de cette industrie automobile naissante en la limitant à une dizaine de concessionnaires (cinq pour le léger et cinq pour le lourd), on vient d'apprendre que le ministère de l'Industrie a décidé d'accorder un pré-agrément à pas moins de 40 concessionnaires sur la soixantaine qui ont déposé leurs dossiers pour réclamer l'autorisation de lancer une usine de montage de véhicules en Algérie.

«Retour à la case départ ou coup de turbo?», écrit la publication à sa Une, en expliquant d'abord que cette liste de 40 opérateurs ne concernera pas que le montage automobile puisqu'elle compte des usines de montage de mobylettes, voitures de tourisme, véhicules de transport de marchandises, engins, de travaux publics et autocars.

Citant des spécialistes, le journal révèle également que par la diversification de ces autorisations, l'État vise à éviter la mise à mort de cette industrie en créant une forte concurrence qui doit amener les opérateurs à accélérer leur processus d'intégration afin d'aller le plus rapidement possible vers une véritable industrie.

En Mauritanie, les journaux évoquent, en particulier, les marches de protestations qui ont eu lieu dans la capitale Nouakchott, contre la hausse des prix et la détérioration des conditions de vie des citoyens mauritaniens, ainsi que pour dénoncer certaines mesures prises par l'organisation du transport routier qui sont considérées comme «injuste» par les sociétés de transports .

Le Forum national pour la démocratie et l'unité, un Collectif de l’opposition, a organisé, mercredi dans la province Arafat, dans l'Etat du sud de Nouakchott, une marche à laquelle ont pris part plusieurs membres, des dirigeants et militants du Forum qui ont scandé des slogans condamnant la hausse des prix et la détérioration des conditions de vie en Mauritanie, rapportent-ils.

La plupart des Mauritaniens subissent de plein fouet et au quotidien un véritable calvaire avec des prix en hausse continue, le marché étant laissé aux appétits spéculatifs de certain commerçants issus des cercles proches du pouvoir, déplore le Collectif.

Ces marches de protestations se sont ainsi transformées en meetings durant lequel le président du Forum, Mohamed Ould Mouloud et le chef du parti «Rassemblement national pour la réforme», Mohamed Mahmoud Ould Sidi, ont pris la parole pour critiquer la situation politique, économique et sociale en Mauritanie et dénoncer les détérioration des conditions de vie des Mauritaniens.

MAP