Revue de la presse quotidienne internationale européenne

Vendredi 25 Mai 2018

Bruxelles - La décision du président américain Donald Trump d'annuler le sommet prévu avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a dominé les commentaires et analyses développés vendredi par les quotidiens européens, qui ont aussi évoqué d'autres sujets d'actualité nationale, notamment la condamnation des accusés dans l’affaire du réseau de corruption "Gürtel" en Espagne, dans lequel sont impliqués d’anciens responsables du Parti populaire (PP), à des peines allant jusqu’à 52 ans de prison.

Le journal belge Le Soir qui titre "Le Sommet historique n'aura pas lieu", écrit que Donald Trump, en "bon communicant de télé-réalité", a toujours martelé que "toute publicité, fût-elle mauvaise, était bonne à prendre, pour peu que l’on s’approprie la paternité d’un événement, quitte à anticiper un fiasco et le remodeler en triomphe personnel". 

"Pour preuve le désastre imminent dans la crise nucléaire avec la Corée du Nord, et ce sommet de Singapour calé le 12 juin avec Kim Jong-un : fruit d’un énorme malentendu sur les intentions réelles de Pyongyang, hostile à l’idée même de renoncer à la bombe quand Washington exigeait une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne", souligne la publication.

L’occupant du Bureau ovale a donc adressé à son homologue une lettre "sans précédent depuis l’armistice de 1953 sur le 38 e parallèle", et pris acte de la "terrible colère et de l’hostilité ouverte" de la Corée du Nord.

Ce sommet a été par conséquent annulé, sur décision unilatérale du locataire de la Maison Blanche, ajoute le journal.

Sous le titre "Le sommet Kim-Trump réduit en cendres", La Libre Belgique écrit que peu après que la Corée du Nord eut procédé, jeudi, comme elle s’y était engagée, au démantèlement de son site d’essais nucléaires à Punggye-ri, Donald Trump annonçait l’annulation "pure et simple" de sa rencontre avec Kim Jong-Un. Prévue à Singapour, le 12 juin, celle-ci est subitement devenue "inappropriée".

"Paradoxalement, ce geste nord-coréen, posé sans contrepartie apparente, pourrait être d’autant plus gratifiant pour Pyongyang que le sommet tant attendu est maintenant enterré", relève la publication.

Pour le journal, "on savait que ce sommet était menacé depuis que Donald Trump, en recevant mardi son homologue sud-coréen, Moon Jae-In, avait confirmé que les deux parties n’étaient plus sur la même longueur d’ondes".

Toutefois, "on ne sait pas avec précision pourquoi le processus a déraillé, au point de justifier, jeudi, une lettre de Donald Trump à Kim Jong-Un au ton redevenu soudainement très agressif mais le regain de tension entre Américains et Nord-Coréens était devenu manifeste depuis plusieurs semaines", poursuit le quotidien.

Sur le même sujet, L’Echo estime que le président américain "continue à souffler le chaud et le froid sur la scène diplomatique mondiale" après sa décision d'annuler sa rencontre avec le président nord-coréen Kim Jong-un.

"Se faisant, le Président américain a peut-être voulu doubler Pyongyang qui avait menacé, il y a quelques jours, d'annuler le sommet historique", écrit le journal, rappelant que le régime nord-coréen avait déjà annulé la semaine dernière une rencontre avec les autorités sud-coréennes pour protester contre la poursuite d'exercices militaires entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.

Sous le titre "le poker selon Donald Trump", la Tribune de Genève "écrit que désormais, la position de négociation de Washington est pire, puisque le rôle de partenaire conciliant revient à Pyongyang. 

"Le leader nord-coréen a renoué le dialogue avec ses voisins sud-coréens, relâché trois otages américains et ordonné le démantèlement d’un site d’essais nucléaires", souligne le journal, relevant que M. Trump, lui, aura dilapidé l’un de ses plus beaux atouts en politique internationale. 

Le "24Heures" observe de son côté que le président Trump avait déjà laissé pointer son mécontentement vis-à-vis du président chinois Xi Jinping dont il a par le passé loué la fermeté sur le dossier nord-coréen.

Le chef de l'exécutif américain s'était ouvertement inquiété que Pékin lâche trop de lest, trop vite, "alors qu'il doit continuer à être forte et étanche sur la frontière avec la Corée du Nord jusqu'à ce qu'un accord soit conclu".

"Donald Trump et Kim Jong-un inaugurent un nouveau cycle de tensions", titre Le Temps pour qui le président américain se voyait déjà Prix Nobel de la paix, "mais le voilà contraint de reporter son rêve à plus tard".

"Soucieux de ne pas perdre la face, le locataire de la Maison Blanche a pris la décision d’annuler la rencontre, qui se voulait historique, pour éviter une humiliation".

Les quotidiens allemands ont consacré aussi leurs commentaires à l'annonce de l'annulation du somment entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un et à la visite de la chancelière allemande Angela Merkel en Chine.

FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG souligne ainsi que lorsque le leader nord-coréen a renoué le dialogue avec ses voisins sud-coréens et ordonné le démantèlement d'un site d’essais nucléaires, tout le monde s'attendait à ce que la paix règne à l'est de l'Asie.

Le climat d'inquiétude et d'incertitude revient de plus belle dans la région, souligne le journal, qui ajoute qu'en dépit de la déception après l'annulation du sommet de Singapour, le réalisme prend le dessus.

SÜDDEUTSCHE ZEITUNG évoque, quant à lui, de la fin du siècle américain, en soulignant que le président Trump aura dilapidé l’un de ses plus beaux atouts en politique internationale en démontrant qu'il ne lutte plus pour la devise "d'abord l'Amérique" mais pour "l'Amérique toute seule".

Concernant la visite de la chancelière allemande en Chine, le journal KÖLNER STADT-ANZEIGER souligne qu'il est judicieux de travailler avec la deuxième économie du monde en plaidant en faveur du libre-échange.

NEUE OSANBRÜCKER ZEITUNG juge pour sa part important l'intégration équitable des compagnies et sociétés allemandes et européennes au marché chinois, en ajoutant que la chancelière a indiqué que les deux pays avancent dans la promotion du multilatéralisme et du soutien au libre-échange

En Espagne, les journaux s'intéressent largement à la condamnation des accusés dans l’affaire du réseau de corruption "Gürtel", dans lequel sont impliqués d’anciens responsables du Parti populaire (PP), à des peines allant jusqu’à 52 ans de prison.

«La sévère condamnation de + Gürtel+ met à l’épreuve la crédibilité de Rajoy», titre «El Mundo», notant que le PP au pouvoir en Espagne a été condamné à une amende de 245.000 euros pour sa responsabilité civile en tant que bénéficiaire de fonds obtenus illégalement par ce réseau.

«La condamnation du PP augmente la pression au sein du parti pour que le chef de la formation, Mariano Rajoy, ne soit plus le candidat» du PP lors des échéances électorales à venir, souligne le journal.

Dans le même sens, «El Pais» croit savoir que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), principal parti de l’opposition, envisage de déposer une motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy afin de réclamer des «responsabilité politiques» pour cette affaire de corruption, dans le cadre de laquelle une trentaine de personnes ont été condamnées à des peines de prison.

Le chef du PSOE, Pedro Sanchez, est pressé par les bases de son parti ainsi que par les dirigeants territoriaux socialistes d’adopter une position ferme vis-à-vis du PP et du gouvernement Rajoy, explique le quotidien.

«La Razon» rapporte, quant à lui, que le PP a indiqué qu’il allait faire recours de cette sentence, affirmant qu’il n’a jamais eu connaissance des activités illégales de ce réseau de corruption.

MAP