Revue de la presse quotidienne internationale européenne du 08/06/2018

Vendredi 8 Juin 2018

Bruxelles - Le sommet du G7 qui se tient au Canada, le prochain sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, le Brexit, la candidature de la Belgique pour décrocher un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l'Onu, les premiers enjeux du nouveau gouvernement socialiste espagnol qui a prêté serment jeudi et l’exode des médecins portugais vers l’étranger sont les sujets phares qui ont meublé les commentaires et analyses développés vendredi par les quotidiens européens. 

Usé, vieilli, fatigué, le G7 nous ramène au siècle dernier, quand la diplomatie se jouait moderato cantabile dans les hôtels feutrés, écrit ainsi le quotidien français Libération, rappelant que les pays les plus industrialisés pesaient 60 % de la richesse de la planète en 1980. 

« Ils n'en représentent à peine plus que 40 % aujourd’hui ; 20 % en 2050. Ils avaient le monopole de l’agenda planétaire. Ils doivent composer avec les désordres d’un monde multipolaire », ajoute l’éditorialiste, notant que les grandes démocraties peuvent se prévaloir de discussions franches derrière des portes closes, jeter les bases d’initiatives parfois louables (le Fonds mondial contre les pandémies en 2001), ou très contestables (la nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, en 2012). «Mais leur légitimité est triplement contestée. Par la société civile qui reproche au G7 de faire passer le libre-échange avant la lutte climatique ou contre les inégalités. Par le G20 qui, dès 2008, a inclus les grands pays émergents dans la molle gouvernance d’une planète chaotique. Par le travail de sape de Poutine contre les démocraties occidentales et, surtout, la parole erratique du président américain », croit savoir la publication.

Par ailleurs et sous le titre : «Au G7, Donald Trump, seul contre tous», Le Monde indique que commerce, Iran, climat : les sujets de discorde s'accumulent au sein du club des puissances occidentales.

Jamais un G7 ne s'est annoncé aussi tendu, sur fond de guerre commerciale entre les Etats-Unis et leurs alliés, de bras de fer sur le climat et de crise transatlantique après le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien, explique l’auteur de l’article, faisant observer que jamais non plus Washington n'a été aussi isolé au sein cette instance regroupant, outre les Etats-Unis, le Royaume-uni, la France, l'Allemagne, le Japon, le Canada et l'Italie. 

Le journal estime en outre qu’une rude tâche attend donc au G7 Emmanuel Macron, leader de fait des Européens présents alors que Theresa May est engluée dans le Brexit, que le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte est aussi inexpérimenté qu'illisible et qu'Angela Merkel est affaiblie. 

Pour sa part, le quotidien allemand LANDESZEITUNG écrit que le président américain a fait prévaloir sa politique protectionniste face à la concurrence étrangère, ajoutant que le locataire de la Maison Blanche ne se soucie guère des mises en garde de plus de 1000 experts sur les retombées destructives des taxes imposées.

Pour sa part, KÖLNER STADT-ANZEIGER s'interroge sur les chances de voir la réunion du G7 au Canada aboutir à la publication d'un communiqué final, estimant que le dernier mot revient au président américain qui est contre le multilatéralisme et les accords. Le journal qui parle du G6+ les Etats-Unis souligne que la dissolution du G7 serait la meilleur résultat pour Trump. 

Évoquant la problématique des réfugiés en Allemagne, BADISCHEN NEUESTEN NACHRICHTEN souligne, à ce propos, que le différend entre l'Union chrétienne de Merkel et les sociaux-démocrates qui conduisent la coalition gouvernementale en Allemagne sur le regroupement des familles des réfugiés donne un signal sur le débat qui sera soulevé durant les prochains jour, avec la présentation mardi prochain par le ministre de l'intérieur de son plan sur l'immigration.

Pour le journal, le ministre de l'intérieur entend apporter une réforme globale de la politique migratoire, ajoutant qu'il est attendu à ce que les réfugiés qui seraient déjà inscrits dans d'autres pays de l'UE seront refusés d'accès au territoire allemand.

Les quotidiens helvétiques s’intéressent au prochain sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.

Sous le titre "Corée: la dissuasion atomique", Le Temps écrit que ls exigences américaines initiales sont apparues extravagantes: éradication totale des armes nucléaires, sans levée immédiate des sanctions économiques, mais de vagues promesses d’appui futur. "Kim considère qu’il s’agit d’un sommet entre deux Etats nucléaires pour mettre fin à un état de guerre vieux de près de 70 ans", constate l’éditorialiste, relevant que la dénucléarisation pourrait être un gel du développement de l’armement, qui perdrait sa raison d’être en cas de traité de paix et de non-agression. 

La Tribune de Genève aborde les attentes du sommet américano-nord-coréen, notamment l’engagement de Pyongyang à se débarrasser de ses armes nucléaires. "Le président Trump irait-il jusqu'à inviter le jeune dirigeant du régime reclus avec lequel il était engagé il y a quelques mois encore dans une surenchère verbale ?", se demande le journal qui souligne l’importance d’un processus de normalisation des relations entre les deux pays.

Le 24Heures s’interroge sur "la stratégie un peu floue" de la Corée du Nord dont les intentions ne sont pas assez claires au sujet d’un éventuel accord de paix. "C’est pourquoi le Japon ne cesse de souligner l'impérieuse nécessité de ne pas baisser la garde face au régime de Pyongyang, qui fait peser une menace concrète sur l'archipel avec ses missiles", fait observer le journal. 

Pour leur part, les journaux belges focalisent leur attention notamment sur le Brexit, la candidature de la Belgique pour décrocher un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l'Onu, ou encore le vote prévu dimanche en Suisse sur l'initiative "monnaie pleine".

C’est sous le titre «Londres joue la provocation sur la question de l’Irlande du Nord», Le Soir commente la proposition du gouvernement britannique tendant à éviter la restauration d'une frontière "dure" entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande, l’un des principaux points de discorde dans les pourparlers avec Londres en prévision de sa sortie de l’Union (Brexit) en 2019.

Le journal retient que le document, dévoilé jeudi par la Première ministre britannique, Theresa May, flirte largement avec le « cherry picking », ce picorage dans les avantages des pays membres de l’Union européenne sans en accepter les obligations, une tentation contre laquelle l’UE met Londres en garde depuis que le référendum de juin 2015 a porté le Brexit aux nues.

Dans son plan dit « backstop », Theresa Ma, est revenue sur ce qu’elle préconise depuis le début : que le Royaume-Uni quitte l’Union douanière, en proposant de s’y maintenir après la période de transition post-Brexit, mais pour éviter que son négociateur, David Davis, ne démissionne, elle a décidé de limiter ce maintien dans le temps, jusqu’à fin 2021, relève la publication qui souligne, en revanche, que, pour l’UE la consigne était claire : pour être crédible, l’option de dernier recours pour éviter le retour d’une frontière dure entre les deux Irlandes (le « backstop ») doit être applicable « jusqu’à ce que et si » une autre solution soit/est définie. « Elle ne peut donc pas, par nature, être limitée dans le temps », décrypte la publication.

Et de rappeler qu’au cœur du problème, la demande de la République d’Irlande, soutenue par ses pairs européens, que le départ de l’UE du Royaume-Uni, et donc de l’Irlande du Nord, ne débouche pas sur la restauration d’une frontière physique entre les deux Irlandes, et donc la suppression de la liberté de circuler sur toute l’île et de la facilité des échanges commerciaux. L’idée est de garantir les accords de paix du Vendredi saint, qui ont mis fin au conflit nord-irlandais et permis une coopération vitale entre les deux Irlandes.

La Libre Belgique commente les chances de la Belgique de devenir membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies à l’issue du vote vendredi à New-York.

Dans un article intitulé « La Belgique dans la cour des Grands », la publication estime que « sauf mauvaise et très improbable surprise », la Belgique doit décrocher ce vendredi, à New York, un sixième mandat de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. 

Alors que c’est l’Assemblée générale de l’Onu qui en décide par un vote à bulletin secret - Il faut réunir deux tiers des suffrages pour être élu-, la publication voit mal comment il n’en irait pas ainsi, surtout qu'après le désistement d’Israël, début mai, il ne reste plus que deux candidats en lice – l’Allemagne et la Belgique – pour les deux sièges à pourvoir au sein du groupe "Etats d’Europe occidentale et autres" (WEOG). 

Le renouvellement des dix membres non permanents du Conseil s’opère, en effet, en fonction de cinq grandes zones géographiques : trois sièges sont dévolus à l’Afrique, deux à la région Asie Pacifique, deux à l’Amérique latine, deux à l’Europe occidentale et un à l’Europe orientale.

Si, pour la publication, la marge de manoeuvre des membres non permanents est plutôt étroite, compte tenu du pouvoir exorbitant des “Cinq Grands”, qui jouissent d’un droit de veto : la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie, les “petits”, eux, exercent « un magistère d’influence qui sera d’autant plus efficace qu’il s’appuie sur une large représentativité ».

L’Echo s’intéresse,pour sa part, au vote prévu dimanche en Suisse où les électeurs doivent se prononcer, par référendum, sur le principe d'une "monnaie pleine", une initiative qui a ouvert un vaste débat sur le rôle des banques dans les mécanismes de formation des bulles financières. 

Alors que ses promoteurs, un groupe de professeurs d'université, défendent une monnaie à l'abri des crises avec une émission monétaire uniquement par la Banque national - autrement dit, les banques commerciales seraient fortement limitées dans leur faculté d'octroyer du crédit-, le gouvernement de la Confédération, le secteur financier mais aussi les syndicats se sont déclarés défavorables à l’idée, au moment où les observateurs s'accordent pour dire que le projet n'a aucune chance d'être approuvé par le corps électoral, rapporte la publication. Depuis Bruxelles, la secrétaire d'État suisse à l'Économie Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch, a souligné que « ce n'est ni la bonne stratégie ni le bon instrument", d’autant plus que "le Conseil fédéral prévoit des mesures plus efficaces et moins radicales pour protéger le système bancaire contre les crises, sans restreindre le métier de base des banques ». 

« Aucun autre pays n'a emprunté cette voie, la Suisse se retrouverait totalement isolée. Enfin, cela compliquerait la politique monétaire de la BNS (Banque nationale suisse) qui se retrouverait à la merci des pressions politiques. Avec une monnaie pleine, elle n'aurait jamais pu amortir l'impact du renforcement du franc", a mis en garde la responsable suisse citée par le journal.

En Espagne, les journaux mettent l'accent sur les premiers enjeux du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, dont les membres ont prêté serment jeudi devant le roi Felipe VI.

«Le gouvernement veut des mesures d’envergure dès aujourd’hui», titre «El Pais», qui indique que le gouvernement approuvera dès les premières semaines de son mandat des initiatives à caractère social, et abordera les principaux défis économique de l’Espagne, notamment le budget 2018 et les retraites.

«Le gouvernement de Pedro Sanchez, qui se réunit vendredi lors de son premier conseil des ministres, veut que son empreinte soit palpable dès les premiers mois» de son mandat, écrit le journal.

De son côté, «El Mundo» affirme que le gouvernement abordera lors de son premier conseil des ministres la réouverture du dialogue avec l’exécutif régional catalan, après que la mise en œuvre de l’article 155 de la Constitution, qui permettait à Madrid de contrôler directement les institutions catalanes, a pris fin la semaine dernière avec l’installation du nouveau gouvernement catalan présidé par l’indépendantiste Quim Torra.

L’intention du gouvernement de Sanchez est de restaurer «avant l’été» le dialogue et la normalité institutionnelle dans les relations avec l’exécutif catalan, et cela pourrait passer par une rencontre entre Sanchez et Torra dans les prochaines semaines, rapporte le quotidien.

A cet égard, «La Razon» croit savoir que les discussions entre l’exécutif central et le gouvernement catalan porteront notamment sur le financement et le statut de la région autonome, ainsi que la récupération de lois catalanes annulées par la Cour constitutionnelle et qui n’ont pas de lien avec le processus indépendantiste.

Au Portugal, l’exode des médecins vers l’étranger et la prévention des incendies de forêts figurent parmi les sujets qui retiennent l’attention de la presse locale.

Diario de Noticias écrit qu’après le Royaume-Uni, la France, la Belgique, la Suisse ou encore l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, des destinations où les professionnels de la santé ont émigré en grand nombre ces dernières années, notamment sous l'effet de la crise financière, un nouvel hôpital à Bakou (la capitale azerbaïdjanaise) vient d'annoncer qu'il veut recruter des médecins portugais tout en promettant de rivaliser avec les salaires pratiqués au golfe Persique.

Si l'émigration était aussi un débouché pour de nombreux professionnels de la santé durant les années de crise financière, elle pourrait dans un proche avenir continuer à être une solution pour ce secteur, notamment pour ceux qui cherchent une place à l'étranger, faute de postes vacants au Portugal, fait observer le quotidien, rappelant que le manque de postes est estimé en 2017 à environ 700 et risque d'augmenter à l'avenir.

Jornal de Noticias revient sur le programme "village en sécurité, personnes en sécurité" créé cette année en réponse aux incendies de l'année dernière et qui est appliqué dans 600 villages du pays, avec 310 lieux de refuge identifiés.

L'initiative, lancée par le ministère de l'Administration interne (intérieur), est mise en œuvre par les municipalités et les conseils paroissiaux, en particulier dans les endroits où le risque d'incendie est plus important, poursuit le quotidien, rappelant que des "gardiens" ont été choisis parmi les villageois et que tout le monde connait, capables de mobiliser les voisins, de se prémunir contre les comportements risqués, de signaler en cas d'approche des flammes et de mener une opération d'évacuation vers un refuge et ce à titre volontaire.

MAP