Revue de la presse quotidienne internationale européenne du 07/06/2018

Jeudi 7 Juin 2018

Bruxelles - La présentation par le socialiste et nouveau premier ministre espagnol Pedro Sanchez de son gouvernement est le fait marquant qui a suscité le plus de commentaires et d'analyses développés jeudi par les quotidiens européens qui ont aussi évoqué d'autres sujets d'actualité, dont la polémique suscitée par les propos du secrétaire d’Etat belge à l’Asile et à la Migration, Theo Francken, sur le refoulement des bateaux de migrants et l'avenir du multilatéralisme dans un contexte marqué par une guerre commerciale sans précédent entre les grandes puissances.

Arrivé au pouvoir vendredi après la chute du conservateur Mariano Rajoy, Pedro Sanchez, 46 ans et sans expérience du pouvoir, a nommé un gouvernement ouvert à l’Europe et majoritairement féminin, écrit le journal français Le Monde, notant qu’avec onze femmes et six hommes, dont un astronaute au ministère des sciences, ce gouvernement qui prêtera serment jeudi 7 juin devant le roi Felipe VI est le plus féminin que l’Espagne ait jamais connu.

C’est aussi le plus minoritaire depuis le rétablissement de la démocratie, relève la publication, précisant que le Parti socialiste ne dispose que de 84 députés sur 350 et dépendra donc de la marge de manœuvre que voudront bien lui laisser le parti de gauche radicale Podemos, les nationalistes basques et les indépendantistes catalans, qui ont soutenu la motion de censure contre M. Rajoy, soutient la publication, notant par ailleurs qu’en pleins préparatifs du Brexit au Royaume-Uni, et alors que l’Italie vient de voir se former un gouvernement eurosceptique, l’exécutif espagnol a volontairement un caractère pro-européen marqué.

La première caractéristique du gouvernement de Pedro Sánchez saute aux yeux. Sur 17 ministres, il y a 11 femmes, affirme, pour sa part, Le Figaro, faisant observer qu’il s’agit d’un record en Espagne et probablement dans le reste du monde. 

La parité arithmétique est largement dépassée et la qualité des portefeuilles n'est pas en reste, poursuit l’auteur de l’article, estimant que le féminisme et l'écologie pourraient être deux des grands marqueurs de gauche d'un gouvernement qui dépend notamment du soutien de Podemos (gauche radicale) au Parlement.

Une autre évidence s'impose, à la lecture de la liste des ministres. Si la plupart sont des politiques encartés au Parti socialiste (PSOE), ce sont aussi des spécialistes de leur domaine de compétence, fait observer le journal. Pour sa part, le journal espagnol «El Pais» rapporte que Sanchez a promis que son gouvernement sera «modernisateur et europhile», notant que ses ministres sont engagés en faveur de l’égalité, de la cohésion sociale et de la régénération de la politique publique.

Il s’agit d’un gouvernement plus élargi, avec 17 portefeuilles ministériels contre 13 pour le gouvernement de Mariano Rajoy, et qui compte pour la première fois une majorité féminine, avec 11 femmes ministres, souligne le journal.

De son côté, «ABC» critique l’augmentation de 30 pc du nombre de ministères dans le nouveau gouvernement, estimant que Sanchez «a oublié l’austérité» et relevant que cet exécutif est condamné à gouverner par décrets, en raison de l’absence de majorité pour les socialistes au parlement, et ne devrait rester au pouvoir que pendant deux ans, jusqu’aux prochaines élections générales.

Ce gouvernement est destiné à tranquilliser l’Europe, contrôler les figures du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), récupérer le vote de la gauche et féminiser la politique, écrit le quotidien.

Pour sa part, «La Razon» note que ce gouvernement a la vocation de parachever la législature, ce qui éloigne la possibilité d’organisation d’élections anticipées, comme le réclamait le parti libéral Ciudadanos.

Le gouvernement de Sanchez, soutenu par seulement 82 députés socialistes, est conscient de sa faiblesse, mais a pour ambition de profiter de son séjour à la Moncloa pour se consolider en perspective des prochaines élections, poursuit la publication. 

Pour leur part, les quotidiens suisses s'interrogent sur l'avenir du multilatéralisme dans un contexte marqué par une guerre commerciale sans précédent entre les grandes puissances.

Sous le titre "commerce: l’erreur américaine", la Tribune de Genève écrit que les Etats Unis détruisent l’ordre multilatéral qu’ils ont eux-mêmes construit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour le remplacer par une série de matches de catch à deux gagnables à la seule force du poignet. Les conséquences potentielles de la guerre commerciale, explique le journal, sont un repli protectionniste entretenu par une série de mesures isolément compréhensibles mais globalement funestes. 

Selon son confrère "24Heures", le bras de fer entre Washington et d’autres puissances commerciales devrait entraîner un recul massif des échanges internationaux, une profonde dépression, la montée d’extrêmes populismes, et entretenir même des tensions politiques, a-t-il ajouté. Le Temps s’intéresse aux mesures de rétorsion adoptées par l’UE après la décision du président Trump de surtaxer aluminium et acier, précisant que la Commission européenne a proposé aux Etats membres des taxes additionnelles, généralement à hauteur de 25%, sur une liste de produits fabriqués aux Etats-Unis.

"L'Allemagne, qui a le plus à perdre d'une guerre commerciale avec les Etats-Unis, était jusqu'à présent plutôt réticente à taxer tous les produits de cette liste, comme le propose la Commission, mais semble désormais prête à le faire", fait observer le quotidien.

Les quotidiens allemands ont consacré leurs commentaires à la séance des questions des députés posées au Bundestag à la chancelière allemande, la première du genre depuis sa prise de fonction.
STUTTGARTER NACHRICHTEN estime ainsi que les députés étaient gentilles avec la chancelière qui a pu répondre en tout aisance aux questions posées, ajoutant que le parlement sera appelé prochainement à poser des questions bien précises pour rendre la séance plus intéressante.

Les 60 minutes des questions des députés étaient bien suivies par les citoyens, note, pour sa part, BADISCHE ZEITUNG qui souligne que les députés en évoqué plusieurs questions qui suscitent l'intérêt de la population comme la politique de Trump, l'Europe, la Russie, la hausse des salaires, l'interdiction du diesel, la politique des réfugiés etc.

Frankfurter Algemaine Zeitung évoque, quant à lui, l'agenda politique des sommets prévus, dont la rencontre le 12 juin entre le président américain Donald Trum et son homologue nord coréen Kim Jong Un et le sommet annuel exceptionnellement tendu des dirigeants des pays riches du "Groupe des Sept" prévu les 08 et 09 juin au Canada. 

MAP