Revue de la presse quotidienne internationale européenne du 05/06/2018

Mardi 5 Juin 2018

Bruxelles - L'extension de la vague de populisme et la crise migratoire en Europe, la réaction allemande aux propositions françaises concernant l'avenir de l'Europe, le péril jihadiste qui plane sur le Vieux-Continent et les tractations en cours pour la formation du nouveau gouvernement en Espagne sont les principaux thèmes d'actualité analysés et développés mardi par les quotidiens européens.

Sous le titre "Asile : l’alliance des populistes à l’épreuve", le quotidien suisse Le Soir relève qu’il y a deux crises qui guettent à nouveau l’Union européenne. La première est "une crise de la zone euro" qui pourrait être déclenchée par les projets budgétaires intenables du nouveau gouvernement en Italie, ou par un krach de ses banques percluses de prêts à risques. La deuxième est "une crise migratoire". "On a vu successivement ces dix dernières années combien l’une comme l’autre peuvent avoir des effets dévastateurs : pour leurs conséquences propres bien sûr, mais aussi pour leurs effets politiquement et socialement déstabilisateurs sur l’Union européenne", écrit le journal. 

Si pour l’éditorialiste, il n’est pas assuré ni inéluctable que l’Italie précipite la zone euro dans une crise banco-financière - même si la nouvelle coalition à Rome fait beaucoup pour nous y faire croire- , il est inéluctable en revanche que les flux migratoires en provenance de l’Afrique ou des pays en guerre au Moyen-Orient "vont continuer, et qu’il se produira prochainement de nouvelles crises aiguës comme on en a connu en 2015". 

"C’est pourquoi il est capital que les 28 s’entendent enfin sur la réforme du système européen de l’asile dont on a constaté, en 2015 et 2016, qu’il était totalement inapte", estime le journaliste qui rappelle que depuis deux ans maintenant, les 28 négocient un paquet de réformes, mais butent sur la modification du "règlement de Dublin", ce dispositif central du système par lequel "on devrait pouvoir éviter ou réduire fortement les mouvements désespérés de candidats à l’asile errant sur nos routes et dans nos villes à la recherche de la meilleure destination pour s’y établir, ou de la meilleure voie pour rejoindre l’Angleterre".

Et d'ajouter que le blocage reste total avec d’une part, les pays de l’Est, en particulier le groupe de Visegrad où gouvernent « les populistes », qui refusent de manière irréductible la solidarité si elle doit se traduire par l’accueil de réfugiés, et de l’autre, les pays du Sud par qui « restent irréductiblement opposés à assumer une plus grande responsabilité dans la gestion, voire la récupération, des demandeurs d’asile entrés chez eux ».

De son côté, L’Echo commente l’extension du populisme en Europe sur fond du vote dimanche de la Slovénie en faveur d'un parti eurosceptique.

«De Londres à Budapest, une vague de populisme déstabilise l'Europe » titre la publication qui relève que « la vague populiste s'étend désormais de Londres à Budapest, en passant par l'Italie et la Pologne ».

À un an des élections européennes, le journal souligne que les leaders populistes « plongent le Vieux Continent dans l'instabilité », estimant que la prochaine assemblée devrait être encore plus eurosceptique, « même si le départ des Britanniques apportera de l'air frais ».

Il considère que l'antidote contre cette marée tient dans la vigueur du moteur franco-allemand et la résistance des États fondateurs, comme la Belgique et ses voisins du Benelux. «Mais il ne faut plus attendre de grandes avancées législatives avant les élections, à l'exception de quelques propositions que la Commission Juncker (exécutif européen) garde dans ses tiroirs », prévient-il.

Dans ses pages sport, La Libre Belgique s’intéresse à l’apport du football professionnel à l’économie belge, dans le cadre de son dossier consacré à la participation des Diables rouges au Mondial 2018.

Il cite les chiffres d’une étude du cabinet Deloitte qui estime l’impact économique total de la Pro League en termes de production brute 935 millions d’euros, autrement dit, « près de 1 milliard d’euros est dépensé, chaque année, dans l’économie belge via le football professionnel ».

Lors de la saison 20162017, les clubs ont rapporté 669 millions à l’économie belge en valeur ajoutée brute, alors que le secteur a généré 669 millions d'euros de valeur ajoutée brute et 3.239 emplois, relève la publication. En France, la crise migratoire en Europe retient l'attention de la presse quotidienne.

Dans un éditorial intitulé : « L'indispensable sursaut », Le Figaro écrit que « les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne se retrouvent ce mardi à Luxembourg. Pour la énième fois, la crise migratoire sera au cœur des discussions. Et pour la énième fois aussi, il est probable qu'il n'en sortira rien ». 

Sinon le constat de l'impuissance de l'Europe à s'entendre pour résoudre l'un des plus grands défis qui lui sont posés, poursuit le quotidien, notant que de quotas de répartition en promesses de plus grande fermeté, tous les dispositifs bureaucratiques mis en place par Bruxelles depuis des années ont montré leur inefficacité.

«Il y a pourtant urgence aujourd'hui à trouver des solutions. En l'absence de réponses pragmatiques, l'Union européenne pourrait courir à sa perte. Et signer, par son irréalisme face à l'immigration clandestine, sa propre disparition », poursuit-il, faisant observer que « la crise des migrants provoque une panique morale et culturelle parmi les pays membres. Elle nourrit la colère des peuples contre leurs représentants, qu'ils ont la tentation de «dégager» tour à tour ».

Pour sa part, Libération affirme que les succès populistes en Europe ont de multiples causes, économiques ou sociales, mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que l’immigration fournit à la démagogie nationaliste son principal argument : en Grande-Bretagne avec le Brexit, en Allemagne avec la montée inédite d’un parti d’extrême droite, en Hongrie, dans les pays du Nord, et tout autant en France, où les thèmes de l’identité menacée, de la communautarisation de la société, des frontières à restaurer, alimentent une rhétorique chaque année plus efficace.

Sous le titre «Aveuglement», l’éditorialiste soutient qu’à la montée nationaliste, il faut opposer, non seulement un appel aux valeurs mais aussi, et surtout, une politique, expliquant que « pour être encore plus clair, le plaidoyer permanent pour l’ouverture indistincte des frontières débouche sur un effet pervers : il donne aux opinions le sentiment que rien n’est contrôlé, organisé, et que seule la fermeture du pays résoudra le problème ».

Les quotidiens suisses s'intéressent, quant à eux, à la réaction allemande aux propositions françaises concernant l'avenir de l'Europe ainsi que le péril jihadiste qui plane sur le Vieux-Continent.

Sous le titre "Merkel répond aux propositions de Macron", Le Temps écrit qu'à moins d’un mois du sommet européen, la chancelière Angela Merkel se rapproche du président Emmanuel Macron sur la défense et l’immigration, mais reste réservée sur les réformes de la zone euro. "Pendant longtemps, la chancelière a mis en avant sa difficulté à trouver une majorité au lendemain des élections décevantes de septembre pour justifier son mutisme", souligne l'éditorialiste. Il est depuis clair, relève-t-il, "que les freins sont aussi à chercher du côté de son propre parti chrétien-démocrate, traversé par un fort courant hostile aux projets macroniens".

Son confrère Tribune de Genève décortique, lui, la violence terroriste en Europe en estimant qu'il s'agit d'"une menace qui s’est installée dans les têtes" bien que ses victimes dans le continent représentent moins de 2% des 170.000 morts liés au terrorisme.

"L’attentat de Liège vient le rappeler : c’est une urgence qui dure pour les forces de l’ordre et l’armée, mais aussi une préoccupation majeure des gouvernements", constate la publication.

Sur le même registre, le 24Heures souligne que les pays d'Europe ne font plus face à quelques individus au long parcours jihadiste venus d’ailleurs mais à des centaines de leurs citoyens qui commettent des actes meurtriers dans leur propre pays. 

En Espagne, les journaux mettent surtout l'accent sur les tractations en cours pour la formation du nouveau gouvernement espagnol présidé par le chef du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sanchez.

«El Pais» indique que Sanchez a proposé à Josep Borell, un homme politique catalan hostile au processus indépendantiste, le portefeuille de ministre des Affaires étrangères, estimant qu’il s’agit d’un message adressé à l’indépendantisme catalan.

Le poste de vice-président du gouvernement devrait, quant à lui, revenir à Carmen Calvo, ancienne ministre du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, souligne le journal, notant que cette politicienne socialiste devrait aussi être chargée du portefeuille de l’Egalité.

De son côté, «El Mundo» estime lui aussi qu’en choisissant Josep Borell pour le poste de ministre des Affaires étrangères, Pedro Sanchez lance un message de fermeté à l’encontre de l’indépendantisme catalan, et «compense» par la même occasion ses positions jugées trop indulgentes vis-à-vis de la Generalitat contrôlée par les sécessionnistes.

La nomination prochaine de Carmen Calvo s’inscrit dans la même optique, cette responsable socialiste ayant été chargée de négocier, avec le gouvernement de Mariano Rajoy, la mise en œuvre de l’article 155 de la Constitution contre l’indépendantisme catalan, relève le quotidien.

Pour sa part, «La Razon» croit savoir que Pedro Sanchez a opté, pour la formation de son exécutif, pour d’anciens membres expérimentés du gouvernement socialiste de Zapatero, plutôt que de faire émerger des figures du «nouveau PSOE», ajoutant que la composition définitive du gouvernement sera dévoilée mercredi.

Au Portugal, les quotidiens se focalisent sur des sujets comme la baisse de fécondité et les mesures incitatives, la crise du club de Sporting et la réforme de la zone euro.

Diario de Noticias écrit que la subvention de 428,90 euros versée à toutes les femmes enceintes, en une tranche unique au 7ème mois de grossesse, est l'une des propositions que le Parti social démocrate (PSD-droite) veut soumettre au débat en vue d’une nouvelle politique de l'enfance dans un pays ayant de graves problèmes de natalité.

Le chef du parti, Rui Rio, a présenté ce lundi une batterie de mesures contenues dans le premier document réalisé par le Conseil stratégique du PSD et visant à mettre en place une nouvelle "politique de l’enfance", poursuit le quotidien, notant que les propositions pour soutenir les familles vont beaucoup plus loin, avec un nouveau soutien transversal pour tous les enfants, indépendamment de la situation économique, qui dépasse les 10.000 euros jusqu'à l'âge de 18 ans, sous forme de paiements effectués chaque année.

Jornal de Noticias note qu’environ 400 supporters du Sporting, scandant des slogans comme "Basta" ou "Elections!", se sont rassemblés lundi devant le Stade d’Alvalade pour exiger la démission du président du club Bruno de Carvalho.

Bernardo Froes, l'un des représentants du mouvement "Elections no Sporting", a déclaré que la manifestation sert à exiger que "les organes de gestion démissionnent", rapporte le quotidien, ajoutant que dans le même temps, une autre manifestation de soutien à Bruno de Carvalho, au même endroit, a eu également lieu, mais avec peu de participants qui ne se sont presque pas fait entendre. 

"Merkel donne une réponse timide aux propositions de Macron", titre Publico, notant que lorsque le président français a présenté son ambitieux plan de réforme de l'Union européenne en septembre dernier, il savait très bien que, sans le soutien de l'Allemagne, il pouvait difficilement le mettre en pratique. Plus de huit mois après ce discours audacieux à l'université de la Sorbonne, Emmanuel Macron a finalement reçu une réponse de Berlin. Angela Merkel se montre disposée à repenser la zone euro, mais reste très réticente face à la revendication française d'une restructuration de fond, fait observer la publication.

MAP