Revue de la presse quotidienne internationale européenne du 01/06/2018

Vendredi 1 Juin 2018

Bruxelles -, La décision des Etats-Unis d'imposer, à compter du 1er juin, des droits additionnels de 25% et 10% respectivement sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance de l'UE est le sujet phare qui a dominé les commentaires et analyses développés vendredi par les quotidiens européens, aux côtés d'autres thèmes d'actualité, notamment les dernières tractations politiques sur la motion de censure déposée par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) contre l’exécutif de Mariano Rajoy.

Sous le titre "Europe-USA : la guerre commerciale est déclarée", le journal belge Le Soir écrit que les Etats-Unis ont mis leur menace à exécution dans la guerre commerciale qui les oppose à leurs partenaires en annonçant l’application dès vendredi d’importants tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium importés de l’Union européenne, mais aussi du Mexique et du Canada. 

Washington a donc décidé de ne pas prolonger l’exemption temporaire accordée à l’UE et va mettre en place des taxes de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium au titre de la protection de leur "sécurité nationale", précise la publication.

Cette annonce a été immédiatement suivie d’une volée de réactions des Européens, relève le journal, notamment, la Commission européenne qui a affirmé que des "contre-mesures" allaient être annoncées "dans les prochaines heures", se refusant pourtant à sortir "l’artillerie lourde". 

L’UE va porter ce conflit devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et imposer des droits de douane supplémentaires à un nombre de produits en provenance des Etats-Unis, ajoute le journal.

S’agissant des répercussions de cette décision, La Libre Belgique estime qu’"un risque majeur pour l’Union européenne, qui fait déjà face depuis janvier à une hausse de 8,4% de ses importations d’acier, c’est de voir arriver à ses frontières des millions de tonnes d’acier et d’aluminium fabriqués dans des pays tiers (Japon, Chine, Turquie, Russie) et qui seraient redirigées vers l’UE".

Une guerre commerciale ferait peser un risque sérieux sur la croissance de la productivité et celle de l’économie mondiale, souligne la publication, ajoutant que "c’est le consommateur qui va payer le prix, littéralement".

"On peut en effet s’attendre à des hausses de prix de nombreux produits taxés et contre-taxés. Les industriels qui utilisent de l’acier et de l’aluminium répercuteront sans nul doute l’augmentation des prix de leurs matières premières", poursuit le journal.

Abondant dans le même sens, L’Echo fait observer que les mesures américaines affecteraient les exportations européennes à hauteur d'environ 6,4 milliards d'euros.

C'est l'Allemagne, le plus grand producteur européen d'acier mais aussi le premier exportateur de l'Union vers les États-Unis, qui sera le plus directement affectée, ajoute le quotidien selon lequel, cette mesure va affecter l'industrie sidérurgique européenne, mais "c'est surtout le cercle vicieux de décisions protectionnistes qu'elle pourrait entraîner qui inquiète".

Sous le titre "Donald Trump déclenche une guerre commerciale avec l’Europe", la Tribune de Genève écrit que la décision du président Donald Trump d'imposer des taxes sur l'acier et l'aluminium de l'Europe, du Mexique et du Canada ne fait pas l’unanimité aux Etats-Unis. 

La riposte de Bruxelles ne s’est pas fait attendre puisque les pays membres de l'UE sont déterminés à prendre des mesures de rétorsion sur certains produits américains comme les jeans, les motos Harley-Davidson et le bourbon.

Son confrère "24Heures" souligne que le président Trump prend clairement en compte les revendications du lobby des producteurs d’acier aux États-Unis. Selon ce groupe de presse, ajoute la publication, les décisions commerciales du président ont permis de remettre au travail un grand nombre d'employés dans les aciéries de l’Ohio et de l’Illinois. 

"Les Etats-Unis de Donald Trump sont-ils l'ami ou l'ennemi de l'Europe? ", s'interroge Le Temps selon lequel la Maison Blanche appliquerait "une stratégie de déstabilisation délibérée vis-à-vis de l’Europe"

Le journal note qu'il est difficile de considérer Washington comme un allié proche des Européens après son retrait de l’accord de paix sur le nucléaire iranien, la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d'Israël et, auparavant, son retrait de l’Unesco et de l’Accord de Paris sur le climat.

Parce qu’il est imprévisible, susceptible de dire aujourd’hui l’inverse de ce qu’il déclarait haut et fort hier, beaucoup espéraient que Donald Trump effectue, avant que n’expire l’ultimatum de sa menace, une belle pirouette, écrit, pour sa part, le journal français Libération, notant qu’en vain puisque me secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a annoncé jeudi que les Etats-Unis allaient appliquer à partir de ce vendredi d’importantes taxes douanières sur l’acier et l’aluminium importés de l’Union européenne. Les Etats-Unis ont donc décidé de ne pas prolonger l’exemption temporaire accordée à l’UE jusqu’à jeudi minuit et vont mettre en place des taxes de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium (contre 3 % aujourd’hui pour les deux produits), précise le journal, faisant savoir que Bruxelles a déclaré vouloir prendre des «contre-mesures».

Le repli américain est global, puisque Washington a en effet annoncé la poursuite de son plan visant à imposer des droits de douanes supplémentaires de 25 % sur 50 milliards d’importation chinoises contenant «des technologies importantes», poursuit la publication, relevant que le premier acte de la guerre commerciale est donc acté.

Sous le titre : "Etats-Unis-Europe : acier trumpé", l’auteur de l’article estime que l’hôte de la Maison Blanche entend sans doute montrer qu’il donne chair à son slogan de campagne «America First», faisant observer qu’une telle décision n’est sans doute pas étrangère à l’approche des élections de mi-mandat (les midterm) du 6 novembre 2018.

"Acier : Trump met ses menaces à exécution", titre Le Figaro qui affirme que cela fait trois mois que le président de la première puissance mondiale a brandi la menace de droits de douane punitifs sur l'acier et l'aluminium. Depuis, fidèle à sa méthode de «dealmaker», il soufflait le chaud et froid, poursuit le journal, rappelant qu’il avait accordé des exemptions provisoires à l'Union européenne, qui expiraient le 31 mai à minuit. 

Persuadée d'amener ses partenaires à la reddition, c'est-à-dire à discuter pour réduire les déficits commerciaux des États-Unis, la Maison-Blanche prend le risque de se fâcher avec tous ses grands partenaires, croit savoir la publication.

Le quotidien allemand FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG écrit, pour sa part, que des taxes seront désormais imposées sur l'acier et l'aluminium de l'Europe, du Mexique et du Canada, ajoutant que tous les espoirs nourris ces derniers jours sont tombés à l'eau.

Pour le journal, les pays de l'UE aurait évité cette imposition de taxes s'ils ont baissé les taxes douanières sur les produits américains.

Pour sa part, le journal Die Welt écrit que l'Allemagne a déployé des efforts soutenus pour apaiser la tension entre les deux parties mais sans résultat, ajoutant que la riposte de Bruxelles ne s’est pas fait attendre puisque les pays membres de l'UE sont déterminés à prendre des mesures de rétorsion sur certains produits américains.

Le journal suggère aux pays de l'UE de donner des signaux fort en direction du monde entier assurant que les marchés de l'Europe sont encore ouverts.

STUTTGARTER NACHRICHTEN écrit que la ville de Hambourg est devenue jeudi la première ville allemande à interdire partiellement la circulation de certains véhicules diesel polluants, une mesure symbolique mais redoutée par le gouvernement et les constructeurs, ajoutant que cette interdiction met sous pression plusieurs autres villes du pays.

En Espagne, les journaux mettent l'accent sur les dernières tractations politiques sur la motion de censure déposée par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) contre l’exécutif de Mariano Rajoy, rapportant que le chef du PSOE, Pedro Sanchez, a réussi à rassembler les soutiens nécessaires pour faire aboutir la motion et déloger Rajoy de la présidence du gouvernement.

«Sanchez s’assure les voix nécessaires pour devenir président», titre «El Pais», ajoutant que le secrétaire général du PSOE a réussi à convaincre les indépendantistes catalans et les nationalistes basques, dont les voix sont indispensables pour atteindre la majorité lors du vote de la motion de censure, devant le refus du parti libéral Ciudadanos de soutenir Sanchez.

De son côté, «El Mundo» indique que Rajoy a refusé de démissionner de la présidence du gouvernement, laissant au PSOE la responsabilité de former un gouvernement par intérim qui sera obligé de convoquer des élections anticipées.

Pour sa part, «ABC» relève que l’appui apporté par le Parti national basque (PNV) à la motion de censure a été décisif pour faire aboutir cette proposition, estimant que le Parti Populaire (PP) au pouvoir n’a pas vu venir «la trahison» du PNV, qui a pourtant soutenu le projet de budget 2018 présenté par le gouvernement.

Par ailleurs, la publication note que le PSOE a accepter de payer un prix élevé pour porter Sanchez à la présidence : accepter le soutien des indépendantistes et conserver le projet de budget élaboré par le PP.

MAP