Regards sur la coopération sécuritaire et militaire entre le Maroc et le Gabon

Mardi 26 Mars 2013

 Depuis quelques années, tous les regards du monde sont tournés vers le continent africain. Instabilité politique, « printemps arabe », crise sahélienne, terrorisme et trafics divers sont autant de sujets qui préoccupent les pays occidentaux, ainsi que les médias.

Pourtant, rares sont ceux qui ont parfaitement conscience que dans cette configuration conflictuelle, certains Etats, à la tête desquels, la république gabonaise et le royaume du Maroc, présentent au contraire toutes les garantie de stabilité et de bonne gouvernance. En effet, ces deux pays sont dotés d’institutions stables et prometteuses. Mais ce qui les rapproche également, ce sont les enjeux qui leur sont posés par leur environnement immédiat, qui peuvent constituer une atteinte à cette stabilité sus évoquée.

D’une part, les deux pays se trouvent sur la façade atlantique africaine et sont ainsi un point de passage du flux du trafic de stupéfiants provenant de l’Amérique latine et à destination de l’Europe. Le Maroc et le Gabon occupent par conséquent un espace géostratégique d’importance à même de contrer de tels trafics criminels. De plus, les deux pays savent bien que ces produits ne font pas que transiter et que certaines quantités de stupéfiants sont laissées sur place pour la consommation locale, faisant d’eux les premières victimes du trafic.

D’autre part, le Gabon et le Maroc se trouvent de part et d’autre de l’axe vertical de l’arc de crise sahélien. En effet, la situation actuelle au Mali, et l’implosion attendue des groupes armés qui s’y trouvent laissent pressentir leur éclatement et leur éparpillement dans les pays voisins. Le Maroc, pays frontalier de la Mauritanie et de l’Algérie, foyers du terrorisme régional, est à quelques encablures seulement des zones de combats au Mali. La république gabonaise, quant à elle, est voisine du Cameroun, qui avec le Nigéria voisin, est victime de l’activisme de plusieurs groupes terroristes dont Boko Haram et Ansar Eddine, qui ont dernièrement enlevé une famille française dans la région.

Face à cet environnement, le Maroc et le Gabon connaissent un besoin d’améliorer constamment leurs capacités d’anticipation et de connaissance, afin de prévoir les agissements des groupes criminels ou terroristes, mais également leur capacité de gestion de ces crises afin d’entraver leurs survenances sur leurs territoires nationaux ou d’en réduire l’impact.

Dans ce cadre, les deux pays agissent de concert dans de nombreux domaines. Tout d’abord, une coopération douanière efficace est mise en place et permet un échange de renseignement concernant les flux de marchandises provenant d’Amérique latine et à destination de l’Europe.

Cette coopération douanière est complétée par de nombreux accords de coopération policière et judiciaire, permettant également d’échanger des informations sur les questions de lutte contre la criminalité.

Enfin, de nombreuses formations communes ont lieu pour les militaires des deux pays, dans le but d’améliorer leur interopérabilité et de favoriser l’émergence d’une culture opérationnelle commune, susceptible de faciliter la coopération entre les deux pays. L’Académie Royale Militaire de Meknès est un des lieux mis à profit pour cette coopération.


Mehdi Bennani