Rabat-Oslo en 2019 : Win-Win à tous crins !

Mardi 24 Décembre 2019

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Oslo - L'année qui tire sa révérence aura, à plus d'un titre, offert une nouvelle bouffée d'oxygène aux relations maroco-norvégiennes, vieilles de plusieurs décennies et jugées "bonnes" à bien des égards. De la politique à l'économie, l'agenda 2019 a été riche en échange de visites, balisant la voie à une coopération multiforme et par-dessus tout... Win-Win.

"Nos relations bilatérales sont plutôt bonnes et nous souhaitons renforcer notre coopération dans des domaines d'intérêt commun où nous disposons d'avantages comparatifs", assure tout de go le ministère norvégien des Affaires étrangères à la MAP.

Et cette coopération concerne bon nombre de questions pressantes à l'ordre du jour multilatéral, telles que la lutte contre l'extrémisme violent et l'immigration clandestine, mais également l'économie bleue et verte, précise l'ambassadeur de Norvège à Rabat, Merethe Nergaard, pour qui le système commercial multilatéral renferme aussi de nombreux intérêts communs pour les deux pays.

Même son de cloche chez son homologue Lamia Radi qui affirme que "les deux pays entretiennent des relations plurielles et diverses" et "mènent des échanges réguliers afin de mieux partager les préoccupations et les enjeux" de chaque partie.

Elle explique à la MAP que "les deux pays échangent sur les domaines pouvant permettre à l’avenir un approfondissement de leur coopération, dans la compréhension et le respect mutuel".

Un coup d'œil sur le calendrier de 2019 en donne toute l’étendue. A commencer par la participation de la Norvège, en février, au Salon Halieutis d’Agadir comme invitée d’honneur. Au-delà de l'importance que suscite l'industrie océanique pour le royaume scandinave, la présence du secrétaire d’État Roy Angelvik à ce carrefour halieutique dénote d'une ambition partagée d'établir une coopération plus étroite dans le secteur.

Et c’est justement dans ce cadre que le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, Aziz Akhannouch, s’est entretenu avec son homologue norvégien, en marge de la conférence sur l'Initiative de la Ceinture Bleue. Plus concrètement, il a été question de réexaminer le cadre de coopération en matière de recherche halieutique pour inclure les méthodes d'évaluation acoustique des stocks pélagiques, mésopélagiques et planctoniques, la formation des pêcheurs et l'innovation dans la transformation des produits de la mer.

Si la Norvège a d'abord été l'invitée du Maroc, c’était au tour de ce dernier de marquer sa participation, plus tard, à la Conférence «Our Ocean » qui a réuni à Oslo une cinq centaines de délégués de divers horizons pour partager leur expérience et s'engager en faveur d’océans propres, sains et productifs.

Le ministre marocain s'est présenté à cette grand-messe à la tête d'une délégation importante composée d'experts du secteur pour braquer les projecteurs sur l'approche marocaine de gestion durable du secteur halieutique, mais aussi les efforts de lutte contre le changement climatique. Il s’agit là d'une autre occasion pour les deux parties de réexaminer les termes d'une coopération étroite dans l’industrie aquacole et la pêche sentinelle dans le cadre d'une gestion durable des espaces littoraux.

Si le secteur maritime est l'un des axes prioritaires de la coopération, le commerce bilatéral est porteur de tant d’espoirs. Selon la diplomate norvégienne Merethe Nergaard, "le commerce bilatéral est encore relativement modeste mais s'est amélioré au cours de la dernière année".

Les chiffres de 2018, les plus récents communiqués à la MAP, montrent que la valeur des exportations norvégiennes vers le Maroc s'est élevée à 1,35 milliard de couronnes (environ 1,42 milliard de dirhams), tirée principalement par les exportations du gaz et des fruits de mer, alors que la valeur des importations s'est établie à 976 millions de couronnes (1,02 milliard de dirhams), essentiellement des fruits et légumes et du textile.

Le fonds souverain norvégien qui gère un billion de dollars d'actifs, lui, a investi plus de 900 millions de couronnes (947 millions de dirhams) dans des entreprises marocaines.

Sur le plan politique, plus particulièrement la question de l'intégrité territoriale du Royaume, il y a lieu de rappeler la visite, en juin dernier à Oslo, d’une délégation d'élus des provinces du Sud pour expliquer le bien-fondé de l'initiative marocaine d'autonomie comme solution viable au différend régional autour du Sahara marocain.

Une rencontre que le président du Conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab Yanja El Khattat, ayant conduit la délégation, a qualifié de "fructueuse" et "positive", expliquant que cette visite a permis de corriger certaines mystifications, preuves à l'appui, notamment sur la représentativité légitime de la population du Sahara marocain et son implication dans le processus de développement des provinces du Sud.

D’ailleurs, le timing de cette visite, qui sera suivie plus tard par d'autres missions en Islande, en Suède, en Allemagne et en Irlande, n’est pas fortuit. Elle intervient quelques semaines après la tenue du second round des négociations à Genève et le retrait de l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Horst Köhler.

Plus récemment, en novembre, une autre mission marocaine a pris part aux travaux de la quatrième conférence d'examen de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, qui a rassemblé 700 délégués du monde entier. La partie marocaine a réitéré le soutien "constant" et "total" à la Convention d'Ottawa, et relevé le bilan des efforts du Royaume en matière de neutralisation des mines terrestres, de prise en charge des victimes et de sensibilisation de la population civile.

Malgré les tentatives du soi-disant "polisario" de contrer le discours du Maroc tout au long de cette conférence, qui d'ailleurs n'est autre que la réalité même des faits, ses actions hostiles ont été vouées à l'échec et n'ont naturellement point rencontré l'intérêt ni de la Norvège, ni des autres pays, souligne Lamia Radi à la MAP.

Au volet culturel, 2019 aura été particulièrement florissante. Entre conférences-débats, expositions, projections cinématographiques et performances musicales, le Maroc a étoffé sa présence et sa participation à nombre d’évènements.

On retiendra, côté cinéma, des projections de productions marocaines, comme le film "We Could Be Heroes" de Hind Bensari, projeté trois fois au festival Arab Film Days d'Oslo.

"C’est un très beau film que tout le monde a apprécié dans le festival", confiera Johanne Svendsen Rognlien, directrice de la programmation d'Arab Film Days, arguant que le documentaire pointe du doigt les fractures sociales d'un oeil bienveillant et met en vedette la nouvelle génération de réalisateurs marocains, assez forts pour soulever des sujets tabous et polémiques.

Le festival de musique Oslo world qui a fait la part belle à la musique marocaine a clos l’agenda des manifestations culturelles de 2019 sur une bonne note. Hindi Zahra, Gabacho Maroc et Asmâa Hamzaoui et sa troupe Bnat Timboktou étaient de la partie, dévoilant au public norvégien, chacun à sa manière, différentes facettes de l’expression musicale marocaine.

Dans le cadre du même festival, on citera aussi le séminaire sur "des utopies qui disparaissent à un rythme alarmant". Les projecteurs furent braqués sur l'art gnaoua et Aïta, avec la participation du professionnel de musique Brahim El Mazned.

L'opération "Petits Princes" en solidarité avec les élèves du sud du Maroc, qui vient de lancer sa troisième édition, est un autre exemple de la coopération maroco-norvégienne. Au-delà de son aspect pédagogique, cette initiative favorise la rencontre entre enfants marocains et norvégiens, tous deux de langues et de cultures différentes, dans le cadre d'une aventure humaine qui prône les valeurs d'ouverture et de solidarité.

Les relations bilatérales semblent au beau fixe comme en témoignent les multiples projets de partenariat prévus pour 2020. D'ailleurs, la Norvège est "ravie" de collaborer avec le Maroc dans de nombreux domaines, confie Mme Nergaard.

Selon elle, le dossier de la migration et l'appui aux programmes de retour et de réintégration sont un premier exemple. S'y ajoute, poursuit-elle, la promotion des droits des femmes et la lutte contre l'extrémisme violent via la prévention des comportements à risque chez les jeunes.

En outre, la Norvège prévoit de soutenir la création d'emplois et la formation professionnelle dans le secteur de l'aquaculture, indique la même diplomate, soulignant que les capacités de formation en aquaculture offriront de nouvelles opportunités d'emploi et de sécurité alimentaire dans un secteur assez nouveau au Maroc.

Illustration d’un engagement gagnant-gagnant constamment renouvelé, la Norvège, par le biais de différentes fonds onusiens, tels que le Fonds vert pour le climat, le Fonds stratégique pour le climat, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le FNUAP, fournit une assistance au Maroc de plus de 8,46 millions de dollars (2017).

Aujourd’hui une réalité palpable, cette approche d’échanges gagnant-gagnant que nourrissent le Maroc et la Norvège constitue le fer de lance d’une coopération tous azimuts, tournée vers l’avenir… un avenir prometteur.



Source : https://www.marocafrique.net/magazine/i/41050267/r...