Presse et despotisme en Algérie

Lundi 15 Avril 2013

L’ANP ( armée nationale populaire) est la principale responsable sur la faillite de l’indépendance de l’Algérie.

Nous sommes à la veille d’élections présidentielles et de révision de la constitution, initiées unilatéralement par un système de pouvoir qui est en toute évidence illégitime, centralisé, totalitaire et autoritaire à la fois.

Celles-ci s’annoncent paradoxalement comme une aubaine commerciale pour une presse dite indépendante, mais qui est en réalité compromise structurellement et financièrement avec ce système de pouvoir. Les misérables analyses journalistiques qu’elle essaie de vendre au lecteur se réduisent généralement à la représentation du système de pouvoir comme s’il s’agît d’un système clanique dépourvu d’un centre. Cette attitude critique caractérise particulièrement les gagnants de la société. La presse dite indépendante fait partie intégrante de ces nantis du système. Leur stratégie de survie consiste à brouiller les pistes, confondre le lecteur et installer chez lui le doute sur la véritable nature centralisée du système de pouvoir, pour assoire confortablement un monopole sur l’opinion et satisfaire ses mécènes. La résultante de cette confusion, chez l’Algérien, minore sa conscience politique et le rend indécis et inoffensif, ne sachant qui incriminer pour les injustices qu’il subit, d’où le vague qui entoure ses critiques contre le pouvoir et son acharnement contre l’administration, les faux élus et une certaine bourgeoisie compradore. Le ticket de survie et la réussite sociale de ses journalistes en dépendent. Le système a besoin d’eux pour donner l’impression qu’il existe une liberté d’expression en Algérie et de lui servir de faire valoir à l’existence d’un État et d’institutions civiles démocratiques en leur accordant une relative critique sur la fraude qui entoure leur désignation. Cependant, sans jamais dépasser une ligne rouge implicitement matérialisée, de façon à veiller constamment à la déculpabilisation de l’armée et sur son irresponsabilité dans la faillite de la construction de l’État.

Il n’y a pas en Algérie de clan Bouteflika ou de clan au sein de l’état-major de l’ANP ou du DRS qui s’affrontent. Il peut y avoir des rivalités entre personnes, mais sans remettre en question la structure du système en ses principes et ses finalités. L’Algérie est dominée par l’ANP depuis l’indépendance du pays, qui abrite en son sein la police politique, représenté aujourd’hui par le DRS, comme force de régulation de la société civile, par la menace, le chantage ou l’élimination physique. Elle exerce une autorité absolue sur tous les ordres de l’État et de la société : la justice, les services de sécurité, le trésor et tout ce qui représente dans son ensemble l’État et la société. C’est un système de pouvoir qui s’apparente au fonctionnement d’un système mafieux, qui s’est progressivement constitué sur les ruines de la dictature militaire pyramidale de Boumedienne. La présidence de Bouteflika ne pourra exister sans la complicité de l’ANP et de sa force de régulation qu’est le DRS. Bouteflika est comme tous ceux qui l’ont précédé et ceux qui l’entourent pour le seconder : un fusible interchangeable en cas de défaillance aux attentes du système.

L’ennemi de l’Algérie, c’est son armée, qui prend le peuple en otage et qui considère la rente comme un butin de guerre.

À la veille de ce méprisant rituel périodique des présidentielles et ce faut semblant de révision constitutionnelle, ces valets de la dictature militaire essayent de vendre à un peuple terrorisé par la brutalité de ce système de pouvoir des vices de procédure constitutionnels par-ci, des offensives électoralistes illusoires de l’opposition par là, des simulations de descentes anti-corruption des services de sécurité tous azimuts, comme si l’Algérie fût un état de droit, dont la presse contrôle les dérives du pouvoir et accomplit librement son droit à l’expression publique.

L’Algérie est une dictature militaire et ses forces de sécurité répriment, torturent et assassinent tous ceux qui s’opposent à son système de pouvoir totalitaire. La liberté d’expression doit dénoncer cet état de fait et non pas confondre la population sur ses véritables bourreaux. L’opposition politique à son tour doit exiger la dissolution de la police politique, l’élection d’une constituante, qui est la seule institution légitime à élaborer une constitution et exiger la non-ingérence de l’ANP dans les affaires politiques. Tout autre propos ou démarche ne sont que compromissions et légitimation de la dictature militaire. Le peuple doit être en permanence conscientisé sur cet état de fait jusqu'à un certain niveau dans sa prise de conscience  politique, qui lui permettra d’acquérir les moyens de la résistance et de la lutte pacifique pour l’accès à sa souveraineté.


Youcef Benzatat