POMEPS : Pourquoi au Maroc, les islamistes sont un phénomène uniquement urbain ?

Mardi 3 Octobre 2017

Washington : Comme leurs aînés du FIS algérien en 90 /91, les islamistes légalistes marocains, ne gagnent d’élections que dans les villes. Vu de Washington, c’est là un phénomène à comprendre.


En effet, le projet d’étude de la Washington University, ‘The Project on Middle East Political Science - POMEPS’, a publié une étude dans laquelle, il a, à l’aide de politologues de plusieurs pays, analysé les situations politiques, actuelles et futures, des partis islamistes dans les pays de la zone MENA.

Dans cette étude, intitulée ‘Islam in a changing middle east - Local Politics and Islamist Movements ’, POMEPS a consacré une partie aux islamistes légalistes marocains, le PJD, y relevant, comme leur principale caractéristique, leur réussite urbaine et leur échec rural. 

Ainsi, cette partie de l’étude, signée par une politologue de la ‘University Of  Oxford’, sous le titre, ‘The Persistent Rural Failure of Morocco’s Justice and Development Party’, elle a largement souligné que le PJD au Maroc, demeure un phénomène exclusivement urbain. Les portes du monde rural marocain, lui restent infranchissables. Et ce n’est pas faute d’y avoir tout essayer.

ANTAGONISME DES CONSERVATISMES 

Comme fut le cas de leurs aînés algériens du FIS, qui avaient gagné les élections de 90 / 91, dans le nord algérien urbanisé, et avait tout perdu dans le vaste sud rural, le PJD marocain se casse les dents dans la campagne marocaine à chaque fois, relève l’étude.

Selon elle, bien que religieusement conservateur, le PJD butte sur un autre genre de conservatisme, dans le monde rural marocain.

A la différence des électeurs urbains, plus politisés et peut être même, plus idéologisés, qui se laissent séduire par les discours moralisateurs, aux consonances transnationales du PJD, les électeurs marocains ruraux, sont, relèvent l’étude américaine, mus d’un autre conservatisme : le leur est nationaliste et royaliste. 

Ce conservatisme rural au Maroc est mêlé d’un pragmatisme aiguisé. Les ruraux marocains veulent des routes, de l’électricité, de l’eau potable, des dispensaires et des écoles. Et croient que seuls les élus proches de l’administration, comprendre du palais, sont capables de leur obtenir ces droits. 
Pour eux, le PJD, même à la tête du gouvernement, demeure un parti d’opposition théorique à la monarchie, et par conséquent, de leur point de vue, il est à bannir.                   

L’étude de POMEPS conclut en affirmant qu’au-delà du PJD, le vote rural au Maroc, influera fortement sur la marche du processus démocratique au royaume, tant que ne sera pas résolue durablement, la problématique de non confiance persistant, entre la campagne marocaine et la bourgeoisie citadine, perçue rivale et dont les réformes qu’elles revendiquent, notamment la réforme agraire, frappe de plein fouet les intérêts des élites rurales.


Larbi Amine - LeMag