Militants, opposants, journalistes: arrestations et condamnations en Algérie

Lundi 7 Décembre 2020

Alger - Les autorités algériennes ciblent depuis des mois militants du mouvement de contestation "Hirak", opposants politiques, journalistes et internautes, multipliant poursuites judiciaires et condamnations.
Militants, opposants, journalistes: arrestations et condamnations en Algérie
Ce lundi, à nouveau poursuivi pour "atteinte à la sûreté nationale", l'opposant Karim Tabbou a été condamné à un an de prison avec sursis par un tribunal près d'Alger, une peine cette fois relativement clémente qui lui permet de ne pas retourner en détention.

Fin janvier 2020, un mois et demi après l'élection à la tête du pays d'Abdelmadjid Tebboune, Human Rights Watch déplore que les manifestants du "Hirak" continuent d'être arbitrairement arrêtés et poursuivis.

Le 22 février, des milliers d'Algériens se rassemblent à Alger pour marquer le 1er anniversaire de ce mouvement populaire et pacifique qui ébranle le pays depuis février 2019 et a obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika.

"Le peuple veut faire chuter le régime", scandent-ils.

Le 17 mars, M. Tebboune, un ex-fidèle de M. Bouteflika élu lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et marqué par une abstention record, interdit les rassemblements publics pour lutter contre le nouveau coronavirus.

Plusieurs personnalités du "Hirak" et opposants appellent à suspendre la mobilisation.

Le 24 mars, Karim Tabbou, une figure emblématique de la contestation, est condamné en appel à un an de prison ferme pour "atteinte à l'intégrité du territoire national".

Le 29, Khaled Drareni, correspondant pour la chaîne francophone TV5 Monde et pour Reporters sans frontières, est placé en détention préventive, après avoir couvert une manifestation du "Hirak".

Le 22 avril, les députés adoptent un projet de réforme du code pénal "criminalisant" la diffusion de fausses informations qui portent "atteinte à l'ordre public et à la sûreté de l'Etat", un texte contesté par les militants des droits humains.

Le 15 mai, le site d'information politique L'Avant-Garde Algérie est bloqué, dernier d'une série de médias en ligne indépendants victimes de la censure.

Les 19 et 20 mai, quinze opposants sont condamnés à des peines de prison ferme.

Le 12 juin, une vingtaine de personnes sont interpellées à Béjaïa (nord-est) lors d'une tentative de rassemblement en soutien aux prisonniers politiques. Trois militants sont placés sous mandat de dépôt.

Le 19, au moins 500 manifestants pro-"Hirak" sont interpellés, selon la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme. La plupart sont relâchés.

Le 1er juillet, M. Tebboune gracie six détenus, dont trois liés au "Hirak". C'est la première fois que des militants du mouvement sont graciés.

Le 2, quatre figures de la contestation - Karim Tabbou, Amira Bouraoui, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche - bénéficient d'une remise en liberté provisoire.

Le 8, trois militants du "Hirak", dont un journaliste, arrêtés le 12 juin pour avoir participé à une manifestation interdite à Béjaïa, sont relaxés.

Le 28 juillet, Moncef Aït Kaci, ex-correspondant de France 24, et le caméraman Ramdane Rahmouni sont placés en détention préventive, avant d'être libérés 24 heures plus tard.

Le 15 septembre, le journaliste Khaled Drareni est condamné en appel à deux ans de prison ferme, ce qui signifie qu'il reste en détention. Il avait été condamné le 10 août à trois ans d'emprisonnement pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale".

Deux figures du "Hirak", Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, sont condamnés à quatre mois de prison. Les ayant déjà purgés, ils ressortent libres de la cour d'Alger.

Le 27, Brahim Laalami, une autre figure du "Hirak", est condamné à trois ans de prison ferme.

Le 1er novembre, le "oui" l'emporte au référendum sur la révision constitutionnelle proposée par le pouvoir, mais le scrutin est marqué par une abstention record.

La nouvelle Loi fondamentale, tout en mettant l'accent sur une série de droits et libertés, maintient un régime présidentialiste et élargit les prérogatives de l'armée. Elle ne mentionne plus la liberté de conscience comme dans la précédente version.

Le 24 novembre, le journaliste Saïd Boudour et le lanceur d'alerte Nourredine Tounsi, en grève de la faim, sont condamnés chacun à un an de prison ferme.

Le 25, le militant Yacine Mebarki, accusé d'"offense à l'islam", est condamné à un an de prison ferme en appel, une peine fortement réduite après s'être vu infliger dix ans d'emprisonnement en première instance.

Le 2 décembre, au moins trois médias électroniques sont bloqués: Casbah Tribune, Tariq News et Twala.info. Les deux derniers sont débloqués le lendemain.



Source : https://www.maafrique.com/Militants-opposants-jour...

AFP