Marrakech et Cotonou, un duo artistiquement gagnant

Lundi 18 Décembre 2017

Le peintre et sculpteur Nathanaël Vodouhè mélange fragments de corps et matière soyeuse. Ses sculptures et installations parlent de jeux de pouvoir, alors que ses performances montrent l’absurdité de situations qui résultent de l’exploitation de l’homme par l’homme (Ph. Fanny Lopez)


Marrakech et Cotonou, un duo artistiquement gagnant
Diversifier et non uniformiser. Depuis que la résidence artistique Jardin Rouge à Marrakech, soutenue par la Fondation Montresso, existe, elle a accueilli une dizaine d’artistes tous étrangers et de renommée mondiale. Il était temps, 10 ans après, de provoquer la rencontre avec les artistes du continent. Une évidence pour le maître des lieux, Jean Louis Haguenauer.
La Biennale de Dakar en 2016 ayant été une amorce. Alors pour ouvrir le programme d’aide à la création et à la diffusion “In-discipline”, qui cible dans un premier temps les artistes du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria, l’événement Marrakech/Cotonou se prépare. Actuellement en résidence à Jardin Rouge, 5 artistes contemporains béninois, les plus prolifiques de leur génération, sont à l’oeuvre.
C’est le cas d’Ishola Akpo, artiste multimédia et photographe, qui a récemment entrepris une recherche photographique sur le rêve des enfants mineurs immigrés (MENA) en Belgique. Ce travail ayant été présenté un peu partout dans le monde. Avec lui, le peintre et sculpteur Nathanaël Vodouhè, connu pour ses travaux faits de fragments de corps et de matière soyeuse.
Si l’artiste parle de jeux de pouvoir dans ses sculptures et installations, il montre l’absurdité de situations qui résultent de l’exploitation de l’homme par l’homme dans ses performances. Du côté de Charly d’Almeida, un de ceux qui ont ouvert la voie de l’art contemporain au Bénin, place à l’Afrique et aux problématiques actuelles que traverse le monde. S’il peint depuis 1988, il s’essaye à la sculpture dans les années 2000 avec du métal de récupération, son moyen d’expression privilégié aujourd’hui.
Quant à Gérard Quenum, sa démarche se fait sous les auspices du métissage tant géographique que culturel. Son mot d’ordre: la simplicité des formes et des couleurs. Avec lui, tout s’attelle à l’essentiel. Enfin, dernier résident, Zinkpè, qui s’est fait connaître du grand public par ses Taxis-Zinkpè, des carrosseries chargées de bagages, preuves de l’adaptation au système économique du continent africain de ces véhicules importés de l’Occident.
Cet artiste, engagé à sortir ses confrères de l’ombre, dirige le Centre, un espace culturel pluridisciplinaire, ouvert près de Cotonou, qui agit au profit de la circulation de l’art contemporain béninois. Là-bas, le lieu enchaîne tout à la fois des résidences, des expositions et projections, des rencontres, des représentations de théâtre, ou des concerts.

Source : http://www.leconomiste.com/article/1021599-marrake...

Stéphanie JACOB