Maroc : paralysie chez les libraires, privés d'importation de livres

Mercredi 23 Octobre 2019

Petits effets, grandes conséquences : depuis le remaniement ministériel survenu le 9 octobre dernier au Maroc, certains libraires tirent la langue. En effet, le ministère de la Communication a été supprimé, et il était seul à pouvoir autoriser l’importation de marchandises culturelles. En somme, les livres n’arrivent plus sur le territoire.

RAK #11
Thomas Leuthard, CC BY 2.0 (photo d'illustration)


Alors que l’approvisionnement en ouvrage peut atteindre un mois et demi, une nouvelle charge tombe sur les épaules des libraires. En effet, en supprimant le ministère de la Communication, le nouveau gouvernement a également coupé l’arrivée de livres. 
 

Le robinet coupé, faute de ministère


Stéphanie Gaou, gérante de la librairie Les Insolites à Tanger, l’indique : « Cela ne se voit pas encore beaucoup, mais on commence à avoir des petites ruptures de stock. Cela touche aussi les élèves, qui ne peuvent pas acheter certaines lectures prescrites qu’ils auraient souhaité lire pendant ces vacances scolaires. » 

Et plus le temps passe, plus la situation devient complexe. À cette heure, on évoque la possibilité d’un transfert de compétence : le ministère de l’Intérieur devrait hériter des prérogatives qui incombaient au ministère de la Culture. Mais à cette heure, toujours rien.

« Mon principal distributeur, La librairie Nationale, n’a rien reçu depuis 15 jours », indique à ActuaLitté Samar Hoballah, de la librairie Al Mouggar Livre à Agadir. « Espérons que ça ne traînera pas trop... »
 

Internet, mon amour...


Car les clients, eux, ne se préoccupent pas vraiment de ce que les libraires soient soumis aux aléas politiques. Et la vente en ligne — avec l’annulation de commandes passées en librairie — va bon train. Attendu que l’importation de livres ne nécessite de validation que pour les professionnels, les particuliers, eux, peuvent tout simplement commander sur… Amazon.

Plusieurs éditeurs et libraires marocains ont décidé de prendre le problème à bras le corps, considérant que le gouvernement s’était plus que pris les pieds dans le tapis. 

Abdelkader Retnani, directeur de la maison d’édition casablancaise La Croisée des Chemins, ajoute : « Les fonctionnaires du ministère ne savent pas eux-mêmes ce qu’ils vont devenir, ils font des sit-in, les dossiers s’entassent. » L’idée est d’obtenir un rendez-vous dans les meilleurs délais avec le chef du gouvernement pour mettre un terme à ce désordre, tout kafkaïen…
 
Les visas d’importation pour les livres découlent de l’indépendance du Maroc : les publications étrangères n’étaient pas autorisées dans le pays, sans l’aval du ministère de la Culture. Une procédure qui demande de remplir un dossier et sous 48 heures, on obtient le visa en question, à présenter aux douanes. 

Quant aux anciens du ministère de la Communication, ils naviguent à vue : « Nous attendons d’être fixés sur le sort de notre ministère. Toutes les prérogatives et toutes les missions de notre département sont aujourd’hui en stand-by. La primature doit prendre une décision au plus vite », indique une personne qui y travaillait. 

Le problème touche tout à la fois les livres et les publications de presse, avec, de surcroît, des indemnités qui ont dues passé le quatrième jour de stockage. Une astreinte qui se chiffre jusqu’à 500 dirhams (46 €) par jour, suivant la quantité importée. Et qui reste à charge de l’importateur, évidemment…

via Le 360, Huffington Post Maghreb

Source : https://www.actualitte.com/article/monde-edition/m...

ng@actualitte.com (trimNicolas Gary))