Macron "n'a pas donné un bon signal" en allant en Côte d'Ivoire à 10 mois de la présidentielle (Soro)

Mercredi 29 Janvier 2020

Paris - L'ancien Premier ministre ivoirien et candidat déclaré à la présidentielle de 2020, Guillaume Soro, a estimé mardi que le chef d'Etat français Emmanuel Macron n'avait "pas donné un bon signal" en effectuant une visite officielle en Côte d'Ivoire à dix mois seulement de la présidentielle dans ce pays.
Macron
"J'ai été en colère du fait que le président de la France, M. Macron, est allé en visite officielle en Côte d'Ivoire à dix mois des élections présidentielles" dans le pays, prévues en octobre, a déclaré mardi M. Soro, lors d'une rencontre avec des journalistes à Paris.

M. Macron a effectué une visite officielle en Côte d'Ivoire du 20 au 22 décembre où il a notamment rencontré son homologue Alassane Ouattara.

Ancien chef de la rébellion ivoirienne, Guillaume Soro a aidé à porter le président Alassane Ouattara au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Il s'est ensuite brouillé avec lui, jusqu'à la rupture début 2019. Actuellement en exil, il est sous le coup d'un mandat d'arrêt ivoirien.

Selon lui, Emmanuel Macron "n'a pas donné un bon signal" avec cette visite. Il a "comme donné un blanc-seing, une caution à M. Ouattara", a accusé M. Soro, selon lequel le président français n'a pas rencontré l'opposition à cette occasion.

"Le fait que M. Macron aille fêter son anniversaire en Côte d'Ivoire, et se fasse chanter +joyeux anniversaire+ par le vice-président qui a 76 ans, avec tout le gouvernement derrière lui, a donné une image pitoyable et l'Ivoirien que je suis en a eu honte!", a également lancé M. Soro.

"On nous parle d'un certain sentiment anti-français en Afrique, il n'y a pas de sentiment anti-français en Afrique, mais le leadership africain est de en plus jeune et (...) nous sommes outrés qu'un président de la République de France, jeune, aille trinquer avec des septuagénaires décriés et vomis par leur peuple, c'est ça le vrai problème", a-t-il estimé.

M. Soro, 47 ans, avait tenté le 23 décembre de revenir en Côte d'Ivoire, après six mois à l'étranger. Mais il était reparti en avion vers l'Europe après avoir appris qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt.

Plusieurs de ses proches, dont des députés, ont été ensuite arrêtés. M. Soro est notamment accusé par la justice ivoirienne d'avoir fomenté "une insurrection civile et militaire" pour s'emparer du pouvoir, ce qu'il nie.

Dix ans après la crise de 2010-2011 qui a fait 3.000 morts, le scrutin présidentiel ivoirien s'annonce tendu. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.

Alassane Ouattara entretient le mystère sur une éventuelle candidature à un troisième mandat.



Source : https://www.maafrique.com/Macron-n-a-pas-donne-un-...

AFP