Les réseaux sociaux, une nouvelle arme dans le conflit libyen...

Lundi 22 Avril 2019

Si les combats font rage au sud de la capitale depuis le début de l'offensive des troupes du maréchal Khalifa Haftar contre Tripoli, le conflit s'embrase aussi sur les réseaux sociaux. Pour la population, Facebook est le premier moyen d’accès à l’information, sans toutefois aucune garantie d’être bien informé. Et les deux camps rivaux l'ont bien compris. Le réseau social est une arme redoutable dans le camp de l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar comme dans celui des forces du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli. D'ailleurs sur la ligne de front, on tient parfois son arme d'une main et on filme avec son téléphone de l'autre. La semaine dernière, le colonel Mohamad Gnounou, porte-parole des forces pro-GNA, a ainsi accusé les proHaftar de s'infiltrer dans certains endroits, prendre des photos puis se retirer, et annoncer ensuite avoir pris le contrôle d'un site militaire ou d'un quartier. Tous les coups sont permis pour discréditer l'ennemi ou porter un coup à son moral. Cette semaine, un Américain, pilote de chasse présumé, a dû publier une vidéo dans laquelle il tenait un journal américain avec la date du jour pour démentir qu'il était en Libye où il est devenu une célébrité malgré lui. Une photo de lui dans un avion de chasse libyen a été relayée durant plusieurs jours par les pro-Haftar, accusant les forces du GNA de recourir à des mercenaires pour bombarder les Libyens. Le porte-parole de l'ANL, Ahmad Al-Mesmari, a même fait afficher cette photo piochée sur les réseaux sociaux, à plusieurs reprises, lors de ses conférences de presse quotidiennes. « Il est vrai qu'on a une vague énorme de désinformation propagée via les réseaux sociaux, mais c'est aussi parce que chaque partie a investi considérablement pour influencer les médias à adopter un récit qui lui soit favorable » estime l'analyste libyen Emad Badi. Et cela rend quasi impossible de démêler le vrai du faux. Malgré l'intox qui inonde les réseaux sociaux, certains ont réussi à en faire bon usage au profit de la population. Un groupe de jeunes libyens a ainsi créé en 2016 le groupe SafePath (Trajet sûr), qui compte aujourd'hui 162 000 membres sur Facebook. Il permet aux internautes en temps de guerre d'avoir une idée sur les routes à éviter ou celles qui sont fermées à la circulation en raison des combats. (Africa N°1, le 19-04-2019)

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