Les éditeurs de presse français dénoncent l'attitude de Facebook

Lundi 4 Novembre 2019

Oui on veut bien étudier une rémunération pour les éditeurs de presse dans le cadre de notre nouveau service Facebook Actualité qui a vocation à indexer les articles des journaux dans une section dédiée. Mais, non, nous ne voulons pas du droit voisin…

C'est, en substance, le message ambigu de Facebook aux journaux français alors qu'est entrée en vigueur le 24 octobre une loi française, fruit d'une directive européenne, instaurant un droit voisin pour les éditeurs de presse, et donc une rémunération des plates-formes en ligne qui indexent des articles.

Plainte contre Google

Google a déjà fait savoir qu'il ne payerait pas, suscitant un vent de révolte dans la profession qui s'apprête à l'attaquer devant l'Autorité de la concurrence . C'est désormais au tour de Facebook. Dimanche, l'Alliance de la presse d'information générale, le Syndicat des éditeurs de la presse magazine et la Fédération nationale de la presse d'information spécialisée ont dénoncé l'attitude du réseau social qui, selon eux, « refuse » aussi « la mise en oeuvre de bonne foi des droits voisins de presse. »

Pour ne pas tomber dans le champ de la loi et avoir à payer les éditeurs, Google avait proposé aux éditeurs, soit de renoncer à leurs droits, soit d'enlever les courts extraits et illustrations, ne conservant que les titres et les liens en ligne. Les éditeurs avaient alors décidé de renoncer à la rémunération de Google pour ne pas risquer de perdre de l'audience, en attendant les résultats de diverses actions juridiques. Facebook fait la même chose que Google, à une nuance près : il n'enlève les extraits et photos que sur les articles postés par les utilisateurs. Pas ceux mis en ligne par les éditeurs de presse. Le géant américain explique sa démarche dans un post sur son blog officiel , faisant l'impasse sur une quelconque rémunération qui serait due aux éditeurs de presse au titre du droit voisin.

Mieux, selon lui, la loi « droit voisin » n'imposerait qu'une autorisation des éditeurs de presse pour afficher des liens vers leurs contenus avec des photos et des courts extraits… Or il estime avoir ce consentement puisque ce sont les éditeurs eux-mêmes qui postent les articles sur Facebook.

Quelle rémunération ?

« Du fait sa position dominante, le réseau social se permet, comme Google, d'imposer aux éditeurs de presse une règle unilatérale au mépris de la loi votée démocratiquement, de la souveraineté nationale et européenne », plaident les éditeurs de presse, parlant de « grave atteinte à la liberté d'informer et de s'informer. »

Jesper Doub, directeur des partenariats média pour Facebook en Europe, mentionne cependant bien, dans le post de blog, des discussions en cours avec les journaux pour définir « comment nous pourrions rémunérer nos partenaires de façon appropriée. » Mais il se garde bien de lier cette éventuelle rémunération à l'existence d'un droit voisin pour la presse.

Le fait est que Facebook vient de lancer aux Etats-Unis un nouveau service d'actualité baptisé Facebook News , qu'il prévoit de décliner en Europe. Pour ce faire, il a signé avec 200 partenaires, éditeurs de presse, dont Mark Zuckerberg a affirmé qu'ils seraient rémunérés, même si les modalités restent encore floues.

In fine, il faut donc comprendre que si paiement il y a, pour les éditeurs de presse, cela serait dans le cadre du « Facebook Actualité » en France, la future section donc réservée à la presse et non pas pour les articles que les éditeurs de presse mettent en ligne eux-mêmes sur la plateforme… Ce qui est loin, bien loin des revendications des éditeurs de presse, qui promettent de décider « des suites à donner dans les jours qui viennent. »



Source : https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/les-edi...