Les Mozambicains aux urnes pour un scrutin crucial pour la stabilité de ce pays d’Afrique australe

Lundi 14 Octobre 2019

​Johannesburg - Plus de 13 millions d’électeurs mozambicains se rendront, mardi, aux urnes pour des élections présidentielle, provinciale et législative, qualifiées de cruciales pour la paix et la stabilité dans ce pays d’Afrique australe.
Les Mozambicains aux urnes pour un scrutin crucial pour la stabilité de ce pays d’Afrique australe
Le scrutin intervient deux mois seulement après la conclusion d’un accord de paix et de désarmement mettant fin à de longues années de violences.

L’accord signé en août dernier par le gouvernement dirigé par le Front de libération du Mozambique (Frelimo) et la Renamo, ex-rébellion devenue le principal parti d’opposition au Mozambique, demeure fragile.

Une faction rebelle de la Renamo, rejette l’accord et menace de relancer les hostilités. Depuis la signature de l’accord, un certain nombre d’attaques, attribuées à des éléments de la Renamo, ont été enregistrées dans le pays. 

Par ailleurs, la campagne pour les élections de mardi a été entachée de graves violences. En septembre dernier, 10 personnes ont été tuées et plus de 40 blessées suite à une bousculade lors d’un rassemblement électoral dans un stade de la ville de Nampula.

D’autres incidents violents ont été rapportés lors de cette campagne, poussant les organisations de défense des droits de l’Homme à conclure que ces élections «seront les plus violentes» depuis l’indépendance de cette ancienne colonie portugaise.

Selon les analystes, le Frelimo du président Filipe Nyusi, devra remporter le scrutin, même s’il n’est pas clair si une telle victoire serait suffisante pour placer le pays sur une trajectoire solide de stabilité et de développement durables. 

Avec une population d’environ 30 million d’âmes, le Mozambique jouit d’une position géographique stratégique et d’importantes réserves de gaz naturel. Cependant, le pays, classé parmi les nations les moins avancées au monde, souffre d’un chômage affectant plus de 25 pc de la population. 

Le pays est confronté depuis 2016 à une crise financière suite à la révélation d’un emprunt secret de 2 milliards de dollars, qui a dévoilé un vaste scandale de corruption au sommet de l’Etat.

Le pays a été fragilisé davantage par le passage en mars dernier du cyclone Idai, qui a détruit la deuxième ville du pays Beira (centre) et fait près de 2 millions de déplacés.

Le Mozambique se trouve aussi sous la menace de groupes extrémistes, qui ont lancé une série d’attaques fragilisant davantage la paix dans ce pays.

Le Frelimo n’a jamais perdu une élection nationale depuis 1975, date de la fin de l’occupation portugaise. Cependant, le parti a réalisé sa plus mauvaise performance électorale de son histoire en 2018, remportant 51,8 pc seulement des suffrages lors des élections locales.

Selon les analystes, ce résultat traduit la frustration et l’impatience des Mozambicains qui attendent des réponses et des solutions efficaces aux problèmes qui affectent leur quotidien.

Cette situation a ouvert la voie à Ossufo Momade, nouveau leader du Renamo, principale formation d’opposition, pour renforcer sa côte de popularité parmi les électeurs, même si sa formation ne semble pas assez forte pour bousculer le Frelimo.

La montée en force de Momade est à mettre à l’actif de son discours populiste qui trouve un écho en particulier dans les zones rurales en raison de la situation de crise que vit le pays, estiment les analystes.

Par ailleurs, le parti au pouvoir semble fragilisé par les divisions qui se sont aggravées en son sein depuis l’arrivée au pouvoir de Nyusi, un ancien ministre de la défense, suite au départ de l’ancien président Armando Guebuza en 2014.

Les affaires de corruption qui ont éclaté dans le pays depuis la révélation de l’emprunt secret, ont mis le Frelimo dans une situation encore plus délicate.

Le scrutin de mardi représente «un test majeur» pour le Frelimo, estime Alex Vines, directeur du programme Afrique au sein du think-tank britannique de Chatham House. «L’électorat en colère et frustré aspire à un changement porteur d’espoir», ajoute Vines, un observateur de longue date de la situation au Mozambique.



Source : https://www.mafrique.info/Les-Mozambicains-aux-urn...

MAP - Abdelghani AOUIFIA