Le séparatisme fait le lit de l'insécurité dans une région de plus en plus instable

Mardi 12 Août 2014

Agadir - Reliquat en déliquescence d'un mouvement séparatiste lui-même crée de toutes pièces dans le sillage de l'ordre post-guerre froide du siècle dernier, le "polisario" présente, à bien des égards, tous les travers d'un foyer explosif d'insécurité dans une région de plus en plus instable sous les effets conjugués du terrorisme et des trafics en tous genres, avertit Mohamed Benhanssi, professeur de Droit à l'Université Ibn Zohr d'Agadir.


"De toute manière, tout le monde sait actuellement que sans le soutien politique, militaire et financier (...) des autorités algériennes, la pseudo rasd, une entité en faillite, aurait disparu depuis longtemps. Cette entité constitue un foyer potentiel du terrorisme et de trafics, et donc d'instabilité majeur", a souligné M. Behanssi dans une déclaration à la MAP.

En 2011 et 2014, les services secrets japonais ont considéré le polisario comme étant l'allié de l'AQMI, mais encore plus dangereux, il est l'allié de l'AQPA (Al Qaida à la péninsule arabique) qui prend pied actuellement au Yémen, a-t-il rappelé, notant que ces services ont même invité leurs citoyens d'éviter impérativement de s'y rendre, parce que Tindouf et ses parages, correspondant aux territoires abandonnés par l'Algérie au polisario pour y ériger sa république fantoche, sont devenus un "lieu de fréquents enlèvements".

Mieux, en octobre 2013, le journal américain Daily Beast a révélé l'activité terroriste du polisario et la transformation sous l'œil complaisant du régime algérien, des camps de Tindouf, en une base logistique et un terrain fertile de recrutement, au profit des groupes terroristes algériens AQMI et MUJAO (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest). 

Pour lui, la faillite idéologique du polisario, créé sous teinture extrême-gauchiste par le pouvoir algérien et le régime de Kadhafi dans les années 70, a imposé l'invention d'une nouvelle idéologie qui haranguerait mieux les jeunes sahraouis contre le Maroc. La solution est tout vite trouvée: Un islamisme que simulent les groupes créés en Algérie pour y justifier la dictature militaire, le GSPC devenu AQMI et le MUJAO, le bras régional, créé pour "dés-algérianiser l'image du terrorisme dans le Sahel".

L'alerte lancée au début de 2014 par l'institut Potomac contre les inquiétantes connexions existant entre les groupes terroristes liés à Al Qaïda et le polisario, a eu grand effet outre-Atlantique où le Washington Post redoute à son tour une contagion djihadiste de grande ampleur en Afrique du Nord et au Sahel.

Le célèbre quotidien américain, se basant sur les conclusions du Centre international des études sur le terrorisme (ICTS), qui relève de l'institut Potomac des études politiques, fait ressortir que ces liaisons entre le polisario et les groupes terroristes se sont confirmées en 2012 lors de la sanglante occupation du Nord du Mali par une kyrielle de mouvements et de groupes djihadistes, parmi lesquels figuraient des combattants du polisario.

"Rien d'étonnant donc à ce que le rapport du Centre américain recommande le démantèlement de ces camps implantés en Algérie et qui sont devenus une réelle +menace pour la sécurité régionale en étant un terrain fertile de recrutement pour les terroristes et les trafiquants+", s'alarme l'ICTS.

Pour l'interviewé, chef du département du droit public et directeur du Centre Nord-Sud pour les sciences sociales, cette recommandation est d'autant plus recevable que cette dangereuse hydre terroriste s'étend au-delà de l'Afrique du Nord pour embrasser les pays du Sahel jusqu'au Nigeria et la Somalie à l'Est, notant que dans cette immense zone, les groupes terroristes adoptent des dénominations variées, mais poursuivent les mêmes objectifs destructeurs et obscurantistes genres AQMI, MUJAO, Ansar Dine, Boko Haram, Al-Shabab, etc.

Pour M. Behnassi, les mutations enclenchées par le "printemps arabe" semblent rattraper les dirigeants du polisario et leurs mentors à Alger dans la mesure où les séquestrés des camps de Tindouf ont compris que la persistance des dirigeants des séparatistes dans leur refus d'ouvrir des discussions avec le Maroc sur la base du Plan d'autonomie pour la région du Sahara, proposé par le Royaume en 2007, entrave toute possibilité d'alléger leurs souffrances et de mettre fin à leurs conditions de vie déplorables (chômage, insécurité sanitaire et alimentaire, oppression, enlèvement, mobilité restreinte ).

Tindouf demeure le théâtre de violations constantes des droits de l'Homme où perdurent encore les pratiques d'esclavage, ainsi que la séquestration des populations dans la honte et la boue pour la survie d'une entité fantoche avide d'aides internationales détournées à des fins d'enrichissement personnel, avec le soutien de l'Algérie, a-t-il déploré.

"Toutefois, et en dépit de la féroce répression que les populations séquestrées subissent de la part non seulement des milices du polisario, mais aussi du DRS, le terrible service de renseignement algérien, les séquestrées ont commencé à faire entendre leur mécontentement par plusieurs manières, y compris les manifestations pacifiques et violentes, ainsi que la formation des mouvements d'opposition comme le mouvement des jeunes pour le changement (MJPC)", a-t-il signalé.

Cette situation, à la fois anachronique et contreproductive par ses effets boumerangs, est appelée à changer immanquablement dans un contexte mondial caractérisé par l'émergence de nombreux cadres d'intégration régionale dans les différents continents, en tant que piliers de l'ordre économique international actuel. 

"Les trois plus grands groupements économiques régionaux (UE, ALENA et ASEAN) représentent plus de 80 PC de la production mondiale", a-t-il dit, déplorant le coût élevé du "non Maghreb", en raison du strabisme congénital des polisariens et de leurs maîtres à Alger qui, faisant fi des aspirations des Maghrébins à l'unité, la stabilité et au progrès, s'obstinent à souffler sur les cendres d'une république chimérique et de pacotille que d'aucuns considèrent, plus qu'une entrave à la construction du Grand Maghreb, un fardeau supplémentaire pour l'Union africaine.

Mais si, dans l'entre-temps par myopie ou par obstination, ce qui reste des séparatistes égarés préfèrent se lancer à leur corps défendant dans la hasardeuse aventure de l'escalade et de la fuite en avant, à l'heure où ils ressentent le vide se creuser en eux et autour d'eux, il importe de leur rappeler cette vérité première: Par le même effet chaotique dans le temps que dans l'espace, les choses vont de plus en plus vite lorsqu'elles approchent de leur échéance. Tout comme l'eau accélère mystérieusement sa course aux approches des cascades. A méditer.


MAP - Houcine MAIMOUNI