Le partenariat maroco-sénégalais : Un panorama d’accords historiques

Lundi 18 Mars 2013

Le Roi Mohammed VI est arrivé vendredi, 15 mars 2013, en fin d'après-midi à Dakar pour une visite officielle en République du Sénégal, première étape d'une tournée africaine qui devra conduire le Souverain marocain en Côte d'Ivoire et au Gabon. A l’occasion de cette visite, l’on se propose de passer en revue les accords importants qui lient les deux pays. 

Depuis le premier voyage de Mohammed VI au Sénégal en mai 2001 et jusqu’à sa dernière visite en date du mois de mars de l’année 2008, le Maroc et le Sénégal ont conclu des accords de partenariat dans de nombreux domaines structurants.  On peut passer en revue les conventions les plus importantes qui ont permis de développer une coopération économique de premier ordre entre les deux pays.  Dans ce sens, la signature à Fès d'un protocole de coopération et de partenariat visant à institutionnaliser les relations d'échanges entre les conseils régionaux de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër et de Dakar, le 25 décembre 2005, a mis sur orbite une série de flux qui ont propulsé les deux capitales vers un mode économique unique en Afrique.  La signature à Essaouira de la déclaration de principe du jumelage de cette ville et de l'Ile de Gorée au Sénégal, le 8 juin 2006, a inauguré un autre aspect de ce partenariat qui, le cas échéant,  est axé sur le développement régional et la décentralisation des échanges. Suivront ensuite les accords de coopération entre l'office national des Aéroports (ONDA) et l'Administration des activités aéronautiques du Sénégal, signés à Dakar le 6 octobre 2006. C’est à ce niveau que l’importance des transports aériens  a pris toute sa mesure pour faciliter les liens entre les investisseurs marocains et leurs homologues sénégalais.

Chaque accord signé ouvre de nouveaux chantiers pour les deux pays. Et cela a incité les hommes d’affaires  marocains et sénégalais à prendre plus de risques en misant sur ce marché régional très porteur. C’est ce qui explique l’implication des institutions financières dans ce partenariat entre Rabat et Dakar. A ce tire, il faut souligner la signature à Casablanca, d'un accord entre le groupe Attijariwafa bank et la Banque sénégalo-tunisienne, le 9 octobre 2006. Celui-ci a été renforcé par la signature à Casablanca, d'un autre accord pour le rachat de la Banque sénégalo-tunisienne par Attijariwafa bank, le 15 novembre 2006.

Projets d’infrastructures

Fort de ce cadre juridique propice aux affaires et un climat de confiance  entre les partenaires des deux pays, d’autres projets ont vu le jour. On s’en souvient, la signature au Sénégal de plusieurs accords de coopération a permis l'encouragement et la protection réciproque des investissements des deux pays. Dans ce cadre, citons l’adoption de la convention-cadre de coopération et d'assistance technique dans le domaine de la réglementation de l'organisation du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP), d'un accord de coopération en matière de protection civile, d'un accord portant sur le transport aérien et de l'avenant relatif au plan de progrès et d'amélioration de la société Air Sénégal International, tous paraphés le 6 décembre 2006.

Qui dit affaires et investissements, dit main-d’œuvre qualifiée et formation professionnelle. Rabat et Dakar ont favorisé alors la conclusion d'un accord entre l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) et l'Office national de la formation professionnelle (ONFP) du Sénégal. Signé à Dakar le 23 avril 2007, cet accord  prévoie plusieurs axes de coopération entre les deux établissements publics. Cette formation a débouché sur d’autres partenariats dans des domaines comme l’agriculture avec la signature à Rabat en juin 2006, d'un protocole d'accord en matière d'agriculture et de développement rural.

Volumes des échanges

La décentralisation n’est pas en reste dans cette politique d’accords. Fès, Marrakech et les provinces du Sud ont conclu des conventions avec d’autres régions sénégalaises pour multiplier les échanges d’expertise.

Il faut ici citer le contrat de concession de l’électrification rurale au Sénégal, d’une durée de 25 ans, conclu entre l'Office national de l'électricité (ONE) et l'Agence sénégalaise d'électrification rurale (ASER). Contrat signé en juillet 2008. Sans oublier l’accord de  Rabat relatif à la coopération entre la Chambre des Conseillers et le Sénat sénégalais, en vertu duquel les deux institutions ont décidé de créer deux groupes parlementaires.  Dans la même logique participative, mentionnons  le protocole  de Marrakech entre le conseil de la région de Laâyoune et celui sénégalais de Ziguinchor et le protocole d'accord entre le conseil communal de Lagouira et celui Sénégalais de Gueule-Tapée, signés en 2010. Sans oublier la signature à Dakar, d'un contrat entre la Société financière internationale (SFI), le Groupe de la Banque mondiale (BM), et l’ONE. Il faut souligner que c’est en vertu de cet accord, que la SFI, filiale de la BM chargée du financement des projets de développement socio-économique en Afrique, fait son entrée, en février 2011, dans le capital de la Compagnie maroco-sénégalaise d’électricité (COMASEL) à hauteur de 16,6 %.

Le sport, non plus, n’est pas en reste dans cette politique commune aux deux pays. En juillet 2011, Rabat a abrité la signature de la convention de coopération entre les Fédérations marocaine et sénégalaise d'équitation. Ce qui a ouvert la voie à d’autres initiatives dans d’autres sports, comme la natation, le football, les sports de combat et les sports nautiques.   

Ainsi, en une décennie, le Maroc et le Sénégal ont su mettre à profit leur entente pour concrétiser des projets colossaux qui ont conduit aujourd’hui à un volume d’échanges parmi les plus importants d’Afrique.

Abdelhak Najib
Journaliste


Abdelhak Najib