Le film "Oliver Black" de Tawfik Baba: le rêve du salut africain se heurte à l'extrémisme

Mardi 31 Mai 2022

Tous les rêves ne sont pas réalisables et toutes les aventures vers le salut ne se soldent pas par une fin heureuse. C'est exactement ce qui s'est passé dans l'histoire d'un garçon africain appelé "Vendredi", héros du premier long métrage du réalisateur marocain Tawfik Baba, "Oliver Black".




Le film "Oliver Black" de Tawfik Baba: le rêve du salut africain se heurte à l'extrémisme
Le film, projeté dimanche dans la compétition longs métrages de la 22ème édition du Festival international du cinéma africain (FICAK), retrace en 93 minutes le parcours de ce jeune homme originaire d'Afrique subsaharienne qui cherche à gagner le Maroc et réaliser son rêve de créer un projet artistique simple dans son idée, mais avec un objectif noble.

Le rêve de "Vendredi" est de créer un cirque au Maroc qui serait un incubateur de talents africains de différents pays du continent, un carrefour de créativité et de convergence à même de transcender toutes les différences ethniques et politiques et de diffuser les valeurs de tolérance et de dialogue.

En chemin, il rencontre un vieil homme solitaire qui veut se rendre au mariage de sa petite-fille mais a perdu son chameau. Ensemble, le garçon et "l'homme blanc" poursuivent leur pénible voyage à travers le désert, où il n'y a ni nourriture ni eau, et où des mines sont plantées partout.

Les deux ont engagé des débats sur les questions de l'existence, du racisme, de l'espoir et de la quête d'un avenir meilleur, ainsi que sur la frustration qu'une personne peut rencontrer dans sa vie pour ne pas pouvoir réaliser ses rêves.

Cette frustration est exactement ce qui arrivera au garçon africain devenu victime de "trafic d'êtres humains" à cause de "l'homme blanc" pour se retrouver dans l'autre partie du désert, impliqué dans une organisation terroriste extrémiste.

Dans une déclaration à la MAP à l'occasion de la projection du film, le réalisateur Tawfik Baba a déclaré que "le rêve du garçon africain s'est transformé en cauchemar", car "Vendredi" qui aspirait à enchanter le public à travers l'art a fini par devenir membre d'une organisation qui tue des gens innocents.

Le réalisateur a appelé les choses par leur nom lorsqu'il a souligné que le "polisario" entretient des liens avec des organisations terroristes, notamment Daech, qui s’activent dans la région du Grand Sahara.

"Oliver Black" évoque en effet l'histoire de nombreux garçons et jeunes hommes qui sont enrôlés pour servir des projets séparatistes et terroristes qui détruisent leur avenir.

Force est de constater que la production du film "Oliver Black" était un rêve du jeune Tawfik Baba, qui a dit avoir toujours aspiré à traduire dans la réalité la description de sa ville Ouarzazate comme "Hollywood d'Afrique".

"Le Hollywood d’Afrique doit produire un film avec les idées et les armes de ses fils", a insisté Baba en racontant comment son premier long métrage, "Oliver Black", a été entièrement autofinancé.

Il a expliqué que la plupart des participants à la préparation du film ont travaillé avec lui gratuitement en espérant de présenter le "premier long métrage de la ville", d'une manière qui serve à la fois Ouarzazate et le continent africain.

Il semble que cet effort collectif de bénévoles ait porté ses fruits, car depuis sa production (en 2020), ce film a été projeté dans plusieurs prestigieux festivals nationaux et internationaux pour faire connaitre la souffrance des Africains de l’extrémisme, du séparatisme et de la traite des êtres humains.

S’agissant de la participation à la 22ème édition du FICAK, le réalisateur a fait part de sa satisfaction ainsi que celle du staff du film pour cette présence au "plus vieux festival du continent", en plus des réactions positives que son long métrage a suscitées après sa projection.

De son côté, le Sénégalais Modou Mbow, qui interprétait le rôle de "Vendredi", s'est dit heureux de cette participation au festival, notant que le film "Oliver Black" était sa première apparition dans une oeuvre cinématographique.

Outre Mbow, le cast du film est composé notamment de Hassan Richiou, Ilham Oujri et Mohamed El Kachir.

Aux côtés de "Oliver Black", 12 autres films sont en compétition dans la catégorie "Longs-métrages" lors de cette édition pour remporter six prix.

Abdellatif Abilkacem - MAP