Le Maroc souffre d'une pénurie aiguë en personnel de santé

Jeudi 25 Janvier 2018

Selon les derniers chiffres du ministère marocain de la Santé qui datent de 2017, cités par le journal "Aujourd'hui le Maroc" dans son édition de mercredi, le Royaume compte 25.000 médecins (secteurs public et privé), soit 7,3 médecins pour 10.000 habitants.

Avec de telles statistiques, le Maroc est loin de répondre au standard de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fixé à 1 médecin pour 650 habitants.

Le ministère espère atteindre une densité médicale de 10 médecins pour 10.000 habitants en 2020 à travers le programme de formation de 3.300 nouveaux médecins annuellement.

Pour Ali Lotfi, président du Réseau marocain pour la défense du droit à la santé (RMDDS) et secrétaire général de l'ODT (Organisation démocratique du travail), le véritable problème n'est pas la formation du personnel médical mais plutôt le manque de poste budgétaire. "A quoi cela sert-il de former chaque année 3300 médecins alors que seulement 2.000 postes budgétaires (médecins, infirmiers toutes catégories confondues, personnel administratif) sont consacrés au secteur de la santé", s'interroge M. Lotfi.

Il en va de même pour le personnel infirmier. "Les 22 instituts de formation aux carrières de santé forment chaque année 2.700 cadres infirmiers. Finalement, seulement 1000 infirmiers seront embauchés. Et pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'être recrutés, le secteur privé est loin d'être un pourvoyeur d'emploi. Les cliniques privées ne préfèrent pas employer les lauréats de ces instituts qui leur coûtent cher, sachant que la plupart d'entre eux débutent avec un salaire mensuel de 4.000 DH (environ 380 euros) et en plus ils doivent être déclarés à la CNSS "Caisse marocaine de la sécurité sociale", explique le président du RMDDS.

D'après Hakima Himmich, membre de la commission des affaires sociales du Conseil économique, social et environnemental, les causes de cette pénurie ne dépendent pas que du ministère de la Santé. "Les principales causes sont l'insuffisance de formation de médecins et d'infirmiers au regard des besoins du pays, la fermeture d'un grand nombre d'écoles de formation d'infirmiers, à la fin des années 80, comme conséquences des mesures imposées par le Programme d'ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international (FMI).

A la pénurie du personnel de santé, le pays est confronté à un autre problème qui est la répartition inégale des ressources humaines. Les médecins sont concentrés principalement à Rabat et Casablanca où les taux d'encadrement restent les plus élevés avec respectivement 20,3 médecins et 16,1 médecins pour 10.000 habitants. Ce qui n'est pas sans conséquence sur la santé des citoyens.

A noter que le budget alloué au secteur de la santé publique au Maroc ne dépasse pas 5.69% de l'Etat tandis que l'OMS recommande aux Etats de réserver 10 à 12% de leur budget au secteur de la santé.

Toutefois et malgré les sérieuses problématiques d'accès aux soins, de pénurie des ressources humaines et des répartitions des ressources, des efforts considérables ont été accomplis par l'ensemble des acteurs du système de santé, particulièrement les professionnels de santé à l'?uvre sur le terrain, pour promouvoir et protéger la santé de la population, note le ministère marocain de la Santé.

Ainsi, les derniers résultats de la 6ème enquête sur la population et la santé familiale-2017 ont dévoilé la réduction notable du niveau de la mortalité maternelle au Maroc qui a atteint 72,6 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes, soit une réduction de 35% par rapport à l'année 2010. Ce niveau de mortalité maternelle est de l'ordre de 44,6 en milieu urbain et de 111,1 en milieu rural soit des réductions respectives de 39 et de 25%. 

Xinhua