Le Danemark accuse l’Iran d’avoir planifié un attentat sur son territoire

Mercredi 31 Octobre 2018

Copenhague a annoncé mardi le rappel de son ambassadeur à Téhéran après avoir déjoué un projet d’attaque sur son sol contre des opposants iraniens. Le 2 octobre, la France avait déjà accusé l’Iran d’avoir commandité un autre attentat. Ce nouvel incident sur le sol européen pourrait pousser l’UE à réfléchir à d’éventuelles sanctions contre l’Iran.


Une tentative d’attaque sur le sol danois “totalement inacceptable”. Mardi, le Premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen, a fermement condamné un projet d’attentat, déjoué contre des opposants au régime iranien.
Copenhague accuse les services secrets iraniens d’avoir cherché à s’en prendre sur son territoire au représentant local d’un groupe séparatiste arabe iranien, le Mouvement de lutte arabe pour la libération d’Ahwaz (ASMLA). Comme le rappelle notamment la radio publique danoise Danmarks Radio  sur son site Internet, le groupe d’opposants est soupçonné par Téhéran d’avoir participé à un attentat contre un défilé militaire qui avait fait 24 morts le 22 septembre à Ahvaz, capitale de la province iranienne du Khouzestan à majorité arabe, près de la frontière irakienne.

“une affaire digne d’un roman d’espionnage”

Le chef du Renseignement danois (PET), Finn Borch Andersen, a révélé mardi matin qu’un Norvégien d’origine iranienne avait été arrêté le 21 octobre et placé en détention. Une affaire digne d’un “roman d’espionnage particulièrement effrayant”, note le quotidien danois Jyllands-Posten.  Le journal explique que c’est précisément ce projet d’attentat contre l’ASMLA qui a causé le 28 septembre dernier la paralysie partielle du pays.
Les ponts entre les différentes îles du pays et avec la Suède avaient alors été fermés quelques heures par une chasse à l’homme d’une ampleur inédite qui avait mobilisé des centaines de policiers et de militaires, et fait l’objet de nombreuses spéculations médiatiques. Le chef du Renseignement danois a reconnu mardi qu’il s’agissait alors bien de prévenir l’opération iranienne.
Le Danemark a également annoncé le rappel de son ambassadeur à Téhéran. “Il ne s’agit toutefois pas d’un rappel permanent”, explique le quotidien danois Politiken, qui précise que “l’ambassadeur s’est principalement retiré pour des consultations”. L’ambassadeur d’Iran à Copenhague a de son côté été convoqué dans l’après-midi au ministère des Affaires étrangères.

Une “prise de conscience” tardive au Danemark

Ce projet d’attentat sur le sol danois a surpris et secoué mardi le pays scandinave. Dans une analyse publiée sur le site du quotidien Berlingske, le journaliste danois Kristian Mouritzen estime, lui, que ce type d’incident était pourtant prévisible. “Il n’y a pas de raison d’être choqués. Si vous l’êtes, c’est que vous avez choisi de fermer les yeux sur ce qui s’est déjà passé [avec l’Iran] dans d’autres pays, comme la France, la Belgique et l’Allemagne, où il y a eu [récemment] d’autres tentatives d’assassinats commises par des Iraniens.”
Le ministre danois des Affaires étrangères, Anders Samuelsen, a déclaré mardi que le Danemark comptait “demander qu’une discussion ait lieu au sein de l’Union européenne sur la nécessité de prendre des sanctions supplémentaires contre l’Iran”.
Jusqu’à présent, “l’UE s’était abstenue de commenter l’incident parisien ou les accusations à l’encontre de l’Iran selon lesquelles le pays intensifierait ses attaques en Europe”, note le Wall Street Journal.  “L’annonce du Danemark [mardi] et son appel lancé à l’UE obligent désormais les partenaires européens à faire figurer cette question à l’ordre du jour des futures discussions à Bruxelles.”
 

Courrier International