Le Burkina, pays pauvre du Sahel en proie aux violences jihadistes

Lundi 7 Juin 2021

Ouagadougou - Le Burkina Faso qui vient de subir l'attaque la plus meurtrière depuis qu'il est frappé par les violences jihadistes en 2015, est un pays du Sahel parmi les plus pauvres au monde.


Dépourvu d'accès à la mer, le Burkina est frontalier de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Niger, du Bénin, du Togo et du Ghana.

Avec 20,3 millions d'habitants (Banque mondiale, 2019), il comprend une soixantaine d'ethnies dont les Mossi, majoritaires.

60% des habitants sont musulmans et près d'un quart chrétiens.

Ancienne colonie française, la Haute-Volta devient indépendante le 5 août 1960. En 1966, un soulèvement populaire renverse le premier président Maurice Yaméogo, avant une succession de sept coups d'Etat militaires.

En 1983, de jeunes officiers révolutionnaires prennent le pouvoir, dirigés par Thomas Sankara qui rebaptise le pays Burkina Faso ("pays des hommes intègres"). Il tente de conduire son pays sur la voie du développement économique, mais sa politique est menée d'une main de fer.

Le 15 octobre 1987, Blaise Compaoré prend le pouvoir lors d'un coup d'Etat lors duquel est tué le "père de la révolution". "Che Sankara" fait toujours l'objet d'un culte au Burkina comme en Afrique.

En 1991, Blaise Compaoré rétablit le multipartisme, après onze ans de régime militaire. Il est élu président en 1991, réélu en 1998, 2005 (face à l'opposition qui se présente pour la première fois) et 2010.

Entretemps, l'assassinat fin 1998 du journaliste Norbert Zongo, qui enquêtait sur une affaire de meurtre mettant en cause le frère du président, avait provoqué une crise politique et sociale sans précédent. La justice française décidera mi-2019 de valider l'extradition de François Compaoré dans ce dossier.

Le 31 octobre 2014, Blaise Compaoré est chassé par la rue pour avoir voulu modifier la Constitution et se maintenir au pouvoir.

Le 29 novembre 2015, Roch Marc Christian Kaboré, ancien baron du régime de Compaoré, est élu président. Il est réélu en 2020 en partie en promettant de ramener la paix.

Auparavant épargné par les attaques qui touchent la plupart des pays sahéliens, le Burkina Faso connaît régulièrement depuis 2015 des enlèvements et attaques perpétrés par une douzaine de groupes jihadistes, affiliés à Al-Qaïda ou à l'Etat islamique.

Le 15 janvier 2016, un raid contre l'hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino à Ouagadougou fait 30 morts, majoritairement des Occidentaux. L'attentat, le premier de ce type au Burkina Faso, provoque un choc.

Dans la nuit du 4 au 5 juin 2021, 160 personnes meurent dans l'attaque du village de Solhan, dans le Nord-Est. C'est l'attaque la plus meurtrière depuis 2015.

Depuis six ans les violences jihadistes, qui se sont intensifiées en 2019, entremêlées à des conflits intercommunautaires, ont fait plus de 1.400 morts et plus d'un million de déplacés.

Des pans entiers du pays sont inaccessibles en raison de l'insécurité.

Ce pays parmi les plus pauvres au monde (classé 182e sur 189 par le Pnud), risque de sombrer dans une situation de famine, selon l'ONU. Entre janvier et septembre, le nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë a presque triplé à 3,3 millions de personnes, selon Oxfam.

L'or a détrôné en 2009 le coton comme premier produit d'exportation. La production a baissé en 2019 à 50,3 tonnes à cause des attaques jihadistes, mais les recettes ont augmenté grâce à la hausse des cours mondiaux. Le secteur représente 13,13% du PIB.

L'agriculture, qui produit également du sorgho, du maïs et du riz, emploie près de 80% de la population active selon la Banque mondiale.

Auparavant prisé des touristes, le pays est déserté par les Occidentaux en raison des attaques jihadistes.

AFP