La lutte contre l’habitat insalubre au Maroc

Mardi 5 Mars 2013

Depuis plus de trois décennies, le Maroc vit au rythme d’une croissance urbaine sans précédent, changeant ainsi le paysage urbanistique et les équilibres des grandes villes du royaume. En effet, la plupart des villes grandissaient de manière anarchique, sans respect des normes urbanistiques en vigueur. Nourri par la précarité, la pauvreté et par un exode rural massif, dû à une sécheresse devenant de plus en plus endémique, les villes se sont retrouvées entourées par de larges ceintures de bidonvilles. Selon le programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), « Le monde est irréversiblement de plus en plus urbain et, depuis 2010, plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine. En 2030, tous les pays en développement, notamment ceux d’Asie et d’Afrique, auront plus d’habitants en milieu urbain qu’en milieu rural ».

Grâce au volontarisme de l’Etat, le Maroc a pu relever le défi en freinant l’expansion des bidonvilles et en améliorant les conditions de vie de leurs populations. Notons à cet égard que la sous-région de l’Afrique du Nord est la seule sous-région dans le monde en développement où la proportion des habitants des bidonvilles, qui sont chiffrés à plus de 8 millions d’habitants, a diminué de façon constante de l’ordre de 20%. Le Maroc, l’Égypte et la Tunisie ont été les pays les plus performants en la matière.

Il faut également souligner que le Maroc a abrité du 26 au 29 novembre 2012, une Conférence internationale, sous le thème « Sortir des bidonvilles : un défi mondial pour 2020 ». Cet événement organisé conjointement par le Ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville et ONU-Habitat, a réuni les pays ayant enregistré les meilleures performances en matière de lutte contre l’habitat insalubre au cours des dix dernières années. Dans ce sillage, le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville, Mohamed Nabil Benabdallah, a souligné que « La maîtrise de l’urbanisation et la réduction de la pauvreté sont des défis urgents qui se posent à l’ensemble des pays du Sud et plus particulièrement les pays africains ».

Le Programme «Villes sans bidonvilles », lancé par le souverain en 2004, visant « (…) la résorption des bidonvilles dans les villes et centres urbains (…) », a quant à lui amélioré les conditions de vie de plus d’un million de citoyens vivant dans des logements précaires et insalubres. Avec un taux de réalisation global de plus de 70%, le royaume s’est vu décerné, en octobre 2010, à Shanghai, en Chine, le Prix d’Honneur pour l’Habitat 2010 par ONU-Habitat.

Outre le programme susmentionné, le royaume, soucieux de mettre un terme à cette anarchie urbaine, s’est lancé dans une autre entreprise visant la réhabilitation et la restauration des monuments historiques et le traitement du bâti menaçant ruine, notamment dans la ville de Fès, où l’on dénombre près de 4000 bâtisses menaçant ruine, sises dans l’ancienne médina de la capitale spirituelle du royaume. Laquelle, notons-le, fut classée en 1981 patrimoine culturel de l’humanité par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Aussi la signature, en date du 4 mars 2013, de deux conventions relatives à la restauration et à la réhabilitation des monuments historiques et au traitement du bâti menaçant ruine dans l’ancienne médina de Fès, est-elle un événement solennel pour cette ville pluriséculaire. Rappelons que le souverain avait donné ses directives, en juillet 2012, afin de mettre en place une commission pour le recensement exhaustif des habitations menaçant ruine à Casablanca et dans d’autres médinas du royaume. Une preuve, on ne peut plus clair, de la dynamique réformiste, tous azimuts, amorcée par le royaume depuis plus d’une décennie.

Nasser Touimi
Analyste au Centre d’Etudes Internationales

Nasser Touimi