La crise ivoirienne et la présence humanitaire constructive des Forces Armées Royales

Mercredi 20 Mars 2013

La sincérité des engagements diplomatiques et humanitaires, qu’a toujours témoignée le Royaume du Maroc envers la Côte d’Ivoire, ne souffre aucun soupçon. Par-delà les volets multiples et denses de la coopération commerciale et culturelle, le Maroc a toujours témoigné d’une attention solidaire et engagée à l’endroit des questions de cohésion sociale et politiques de ce pays ami d’Afrique occidentale. L’action humanitaire des FAR (Forces armées royales) en Côte d’Ivoire relève du même registre. En effet, depuis le vote par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) de la résolution 1464 (février 2003) autorisant les membres de la Communauté internationale à déployer des troupes en Côte d’Ivoire, la présence dans ce pays d’un important contingent marocain à vocation humanitaire (MORBATT) a été un pilier de la mission onusienne créée à cet effet.

Mieux, la démarche des FAR sur ce registre s’est voulue novatrice en s’inscrivant en harmonie avec la nouvelle doctrine en matière d’opérations de maintien de la paix (OMP) : l’articulation de l’action militaire et de l’action humanitaire comme volets complémentaires porteurs d’un nouveau concept en matière de gestion des crises internationales. Selon ce nouveau concept, la fonction des OMP se définit moins par sa dimension dissuasive (simple interposition entre les forces belligérantes) que par sa portée constructive, portée devant se traduire par une prise en charge active du conflit via un travail substantiel sur le terrain plus sensible aux droits des victimes qu’aux intérêts des belligérants.

L’engagement du contingent marocain sur le terrain ivoirien tient dûment compte de cette mutation. Comme l’indiquent les antécédents bien récents du Kosovo (KFOR, depuis 1999), de Haïti (MINITAH, 2004-2006) et de la République Démocratique du Congo (MONUSCO, depuis 1999), la contribution des FAR dans le cadre de l’Opération de l’ONU de maintien de la paix en Côte d’Ivoire (ONUCI), depuis 2004, revêt une dimension humanitaire indéniable. Sur ce plan, non seulement la contribution apportée par le Maroc en termes d’effectifs (853 militaires) compte parmi les plus substantielles, mais aussi la démarche empruntée par les casques bleus marocains frappe par son professionnalisme: prendre en charge des besoins des populations civiles, tout en gardant une posture d’équidistance par rapport aux parties belligérantes.

Déployés dans plusieurs zones névralgiques du pays (à l’ouest notamment), les casques bleus marocains de l’ONUCI ont grandement contribué à la sécurisation des zones où les menaces d’attaques contre les populations civiles sont les plus imminentes. Il en a été ainsi notamment de la sécurisation des zones frontalières avec le Libéria et le Niger. Allant au-delà de l’approche classique de l’humanitaire, l’action du contingent marocain en Côte d’Ivoire a également pris en charge d’autres questions. Les FAR ont été ainsi notoirement actives sur les fronts de la sécurisation des élections législatives partielles (février 2013), de l’offre de consultations médicales gratuites, de la fourniture d’eau potable aux populations et de la réfection d’infrastructures publiques.

À l’évidence, l’engagement sur le terrain ne manque jamais d’être remarqué. Le Maroc occupe aujourd’hui une position honorable dans le palmarès mondial des pays contributeurs aux OMP. Avec le déploiement de plus de 1562 éléments des FAR à l’extérieur des frontières nationales, le Royaume est gratifié du 18e rang mondial, soit le 3e dans le monde arabe et le 8e au niveau du continent africain. Plus encore, les gestes de gratitude les plus significatifs sont venus du terrain ivoirien même. Par trois fois (en 2006, 2008 et 2013), la médaille de la paix de l’ONU a été décernée aux membres du contingent des FAR stationnés en Côte d’Ivoire. La dernière consécration date de quelques jours seulement (12 mars 2013) lorsque 724 casques bleus du 17e contingent du bataillon marocain (MORBATT), basés à Duékoué et dans d’autres régions du Pays, ont été décorés de la médaille de la Paix.

Abderrahim El Maslouhi
Professeur à la faculté de droit de Rabat-Agdal

Abderrahim El Maslouhi