La continuité des relations bilatérales franco-marocaines au-delà des alternances politiques

Mercredi 3 Avril 2013

A chaque élection présidentielle en France, suivie de près par l’échéance législative, la possibilité que survienne un changement radical portant un autre parti au pouvoir est importante. De cette manière, la question de savoir si la politique étrangère du pays va s’inscrire dans la continuité ou va rompre avec le cap maintenu auparavant, se pose avec acuité. 

Même si chaque président de la république est unique, de par sa personnalité, ses amitiés politiques internationales et son appartenance partisane, le Général De Gaulle, bâtisseur de la 5ème République, a fixé une ligne de conduite de la politique étrangère française, qui s’est inscrite dans la  durée.  Ainsi, malgré l’alternance qui s’est concrétisée au mois de  mai de l’année 2012 par l’élection du socialiste François Hollande à la présidence de la république, la politique étrangère française, notamment au Maroc, reste fidèle à elle-même et à l’idée que se fait la France du rôle qui lui incombe à l’échelle mondiale.

La perception des relations bilatérales franco-marocaines en France échappe donc aux considérations partisanes d’ordre idéologique et fait l’objet d’un véritable consensus national. De cette manière, les relations entre les deux Etats, qui sont ancrées dans le temps, sont souvent qualifiées, de part et d’autre, d’« exceptionnelles et privilégiées ». En effet, les rapports bilatéraux entre les deux pays se caractérisent par le maintien d’un processus de concertation régulier sur les thématiques qui présentent un intérêt commun. De plus, il existe, malgré toutes les alternances, une véritable convergence des visions, marocaine et française, sur diverses questions, qu’elles soient bilatérales, régionales ou même internationales. Mais surtout, ces relations, ici d’ordre politique, sont régulièrement consolidées par la tenue de rencontres politiques, au plus haut niveau des deux Etats. C’est dans cette logique que s’inscrit la visite d’Etat au Maroc de François Hollande, qui se tiendra les 3 et 4 avril 2013, à l’invitation de Sa Majesté le roi Mohammed VI, selon un communiqué de l’Elysée en date du 25 mars 2013.

La visite de François Hollande devrait, selon l’ambassadeur de France au Maroc, « (…) comporter un important volet économique, notamment dans le domaine de l’agroalimentaire et des énergies renouvelables ». En effet, les relations de nature économique entre les deux Etat est dense et concerne plusieurs secteurs d’activité stratégiques et novateurs. La caractéristique principale de ces relations demeure sans doute la très forte implication des entreprises françaises dans la mise en œuvre de divers chantiers structurants lancés par le Maroc, dans le cadre de la dynamique réformiste globale enclenchée par le roi Mohammed VI, dès le début de son règne. La France compte ainsi préserver sa place en tant que premier partenaire économique du royaume.

Plus encore, les dernières années, en plus d’avoir vu un socialiste élu à la présidence de la république française, après une longue période de domination de la droite, a connu pour la première fois la mise en place d’un gouvernement islamiste au Maroc, issu des urnes, sur fond de réforme constitutionnelle. Les deux formations des deux Etats ont donc fait preuve de volontarisme afin de mieux se connaître et d’harmoniser leur conceptions respectives des relations bilatérales franco-marocaines. Une telle facilité des responsables de s’adapter à la nouvelle conjoncture de leur partenaire tient non seulement à l’importance des relations liant les deux, mais surtout, comme l’a souligné l’ambassadeur de France au Maroc à une « (…) histoire commune entre la France et le Maroc, qui perçoit son passé de manière apaisée, décomplexée, dans une relation bien assumée ».


Sabrina Ammor