La BBC alarmée par la fuite du public jeune

Mardi 3 Avril 2018

La BBC tire la sonnette d'alarme à propos du public jeune qui ne manquera pas d'interpeller le secteur audiovisuel public français en train de se réformer.

Dans  son plan annuel 2018-2019 , le média public britannique estime en effet que les 16-24 ans passent plus de temps sur Netflix que sur toutes les offres télé de la BBC, en incluant la télévision de rattrapage sur son pourtant très populaire iPlayer. De même, pour la première fois, les 15-34 ans ont écouté plus de services de streaming de musique que toutes les radios de la BBC (5 heures, contre 4 heures 30 par semaine).

16-24 ans plus sur Netflix que sur la BBC

En télé, même le groupe un peu plus âgé des 16-34 ans passerait autant de temps sur BBC One, la première chaîne, que sur ITV, le TF1 outre-Manche, et Netflix (environ 2 heures par semaine). Quant aux 5-15 ans, ils sont 82 % à aller sur YouTube, 50 % sur Netflix et seulement 29 % sur l'iPlayer. L'offre CBBC -la case télé pour les 6-12 ans - touche désormais seulement 25 % du public visé contre 40 % il y a cinq ans.

Pour les défenseurs du service public, ces chutes d'audience posent un problème de diversité des contenus devant lesquels grandissent les enfants. Mais pour tout l'écosystème de la télévision britannique, le problème est plus large. « La BBC n'a pas d'équivalent dans son focus sur les programmes domestiques », fait valoir son rapport annuel. Autrement dit, c'est toute la filière qui risque de s'appauvrir, au profit de la concurrence étrangère.

Impact sur la production britannique

Dans  son communiqué de presse , la BBC émet une inquiétude plus générale et pas limitée aux publics jeunes. « Alors que le marché international est de plus en plus dominé par un petit nombre de géants des médias basés aux Etats-Unis, il est probable que dans les 10 ans qui viennent, le montant total investi dans les programmes britanniques va diminuer », écrit le groupe. Notamment parce que ses propres finances sont limitées. En livres sterling constantes, le budget britannique de la BBC est de 20 % inférieur à ce qu'il était il y a 8 ans, et d'autres économies se profilent à l'horizon, ajoute le groupe.

Parmi les priorités identifiées par Tony Hall, le directeur général de la BBC, figure notamment l'amélioration du fameux iPlayer. Il doit contenir plus de live, être plus ergonomique mais également plus personnalisé. Comme l'a montré  une expérimentation conduite en décembre , la BBC veut aussi enrichir le côté vidéothèque de contenus de l'iPlayer. Même si le média public se heurtera alors au plafond de ses capacités en acquisitions de contenus.

En tout cas, alors que le gouvernement français travaille sur une réforme de son audiovisuel pour fabriquer des programmes plus spécifiques au service public, mieux suivre les nouveaux usages et toucher les publics jeunes, il pourra se consoler en voyant que la BBC est confrontée aux mêmes difficultés.



Source : https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/0301505...