L'industrie du cinéma au Maroc et en Afrique subsaharienne au centre d’un colloque international à Oujda

Mercredi 4 Avril 2018

Oujda - "L’industrie du cinéma au Maroc et en Afrique subsaharienne: Vers la mise en place d’une coopération cinématographique Sud-Sud" est le thème central d’un colloque international dont les travaux ont débuté, mardi à Oujda, à l’initiative de la Faculté des lettres et des sciences humaines.

Initié en collaboration avec le réseau Hescale (Histoire, Économie, Sociologie des Cinémas d’Afrique et du Levant) et l’institut ILLE (Institut des langues et littératures européennes-Université Haute Alsace Mulhouse), ce rendez-vous culturel de deux jours connaît la participation d’une pléiade d’académiciens, de critiques et de producteurs cinématographiques marocains et étrangers.

L’objectif est de mettre en lumière différentes questions liées à l’industrie cinématographique au Maroc et en Afrique subsaharienne outre les enjeux de la coproduction inter-africaine, ont expliqué les organisateurs.

L’accent sera ainsi mis sur la coproduction Sud-Sud et son apport éventuel à la dynamisation de l’industrie cinématographique au Maroc et en Afrique subsaharienne, et partant créer des ponts et des passerelles pour de nouvelles perspectives capables de pérenniser leurs identités culturelles enracinées les unes dans les autres.

Les intervenants lors de séance inaugurale de ce colloque international, ont souligné que depuis les années 1990, le cinéma marocain vit un épanouissement significatif grâce aux subventions importantes dont bénéficient les jeunes réalisateurs marocains, ce qui a permis de créer un environnement stable pour la production cinématographique.

Le fonds d’aide pour la production cinématographique dont dispose exceptionnellement le Maroc, par rapport à d’autres pays arabes et africains, lui a permis de produire, chaque année, une vingtaine de longs métrages et une cinquantaine de courts-métrages, ont-ils fait remarquer.

Ils ont également rappelé l’accord de coopération et de coproduction de films cinématographiques signé en 1992 entre le gouvernement du Maroc et le gouvernement de la république du Sénégal, expliquant que ce genre d’échanges visait à relancer la production de films disposant d’une qualité technique et artistique et contribuer, ainsi, au progrès économique et culturel en matière cinématographique entre les deux pays.

Et de poursuivre que cet accord s’est vu généralisé à d’autres pays africains tels le Mali, le Niger, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Congo, relevant que le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine (UA) ne sera pas sans enjeux ni conséquences sur les partenariats économiques et politiques certes mais aussi culturels au sein de cette institution panafricaine.

Dans une déclaration à la MAP, Boni Assié Jean Baptiste, enseignant chercheur à l’université Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire et spécialiste en esthétique du cinéma et en étude comparée entre la littérature et le cinéma, a souligné que les pays africains doivent tirer profit de l’expérience du Maroc dans le domaine cinématographique.

Mettant en avant les échanges et la coopération qui existent entre le Maroc et la Côte d’Ivoire dans ce domaine, il a estimé que ce colloque constitue une opportunité pour enrichir le débat sur la coopération cinématographique sud-sud et favoriser l’échange d’idées, de cultures et d’expertises.

Cette rencontre est aussi de nature à permettre aux participants venant d’autres pays de découvrir les efforts et les actions menées au Maroc pour la promotion du cinéma, a ajouté M. Jean Baptiste notant dans ce sens l’apport et la contribution indéniable du Centre cinématographique (CCM) au développement de l’industrie cinématographique dans le Royaume.

Evoquant l’état des lieux du cinéma dans son pays, il a affirmé qu’il se porte ’’relativement bien’’, relevant toutefois qu’il faut bien faire la différence entre le cinéma et l’audio-visuel qui est en nette évolution grâce au numérique.

S’agissant de la co-production interafricaine, ce spécialiste ivoirien a souligné l’impérieuse nécessité pour les maisons de production de se professionnaliser, et le grand intérêt qu’il faut accorder à la formation des producteurs pour mieux les préparer à s’engager dans des projets de coproduction.

’’Le cinéma marocain se porte bien’’, a déclaré de son côté Patricia Caillé, enseignante chercheuse à l’université de Strasbourg et membre du réseau de recherche internationale et interdisciplinaire '’Hescale’’, saluant le rôle d’avant-garde que joue le CCM dans la promotion de ce secteur.

Et de préciser que l’enjeu de Hescale qui a été créé à Marrakech en 2016 est de développer des coopérations universitaires Nord-Sud afin d’explorer des thématiques et de les aborder sous différentes perspectives.

Pour Mme Caillé, l’encouragement de la coopération Sud-Sud dans le domaine cinématographique requiert, entre autres mécanismes, la mise en place d’une stratégie devant faciliter la circulation des films.

Elle a mis dans ce sens l’accent sur le rôle que peuvent jouer à ce niveau les festivals et les rencontres autour de films, en plus de la collaboration universitaire et culturelle.

Plusieurs thématiques seront débattus dans le cadre de ce colloque, notamment "Le Maroc et l’Union africaine: perspectives culturelles et cinématographiques", "les formes de coopérations inter-africaines dans le secteur du cinéma", "Etat des lieux: les différents accords bilatéraux entre le Maroc et des Etats africains et leur impact sur la coproduction inter-africaine", "La coproduction inter-africaine face aux difficultés structurelles du secteur du cinéma au Maroc et en Afrique Subsaharienne" et "Le rôle des initiatives entrepreneuriales et leur possibilité d’investissement dans le secteur du cinéma". 

MAP