L’écologisation des économies africaines et arabes, y aggraverait-elle le chômage ?

Mardi 5 Juin 2018

Paris : L’économie verte, le développement durable, la transition écologique… autant de concepts à la mode, qui promettent un monde meilleur et des économies plus prospères. Mais sera-t-il le cas en Afrique et dans le monde arabe ?


La réponse est non, selon un nouveau rapport de l’organisation internationale du travail – OIT.

En effet, dans un rapport intitulé, ‘World Employment and Social Outlook 2018: Greening with jobs’, l’OIT indique que l’écologisation de l’économie profiterait aux Europes, aux Amériques et aux Asies, mais non à l’Afrique et aux pays du monde arabes.

Dans son rapport l’OIT a calculé l’impact de l’écologie sur le marché de l’emploi dans le monde.

Les mesures de maintien de la température au dessous des 2°c, tel que l’a préconisé l’accord de Paris de 2015, contribueront, dit l’OIT, à

‘’la création de 24 millions d’emplois dans des nouveaux secteurs d’activités et à la suppression de 6 millions d’emplois dans des secteurs dépassés, et ce à l’horizon 2030.’’

Sauf que ces créations et suppressions d’emplois, seraient selon une cartographie géographique.

Ainsi, avertit l’OIT, les créations d’emplois bénéficieront essentiellement à des zones du monde comme l’Amérique, l’Europe et une large partie de l’Asie de l’Est.

Par contre en Afrique et dans le monde arabe, l’écologisation des économies pourrait être synonyme d’aggravation du chômage, qui est la calamité économique, sociale, sécuritaire et politique, la plus grosse, dans ces zones.

Selon les estimations de l’OIT,

‘’Il pourrait y avoir des pertes nettes d’emploi au Moyen-Orient (–0,48 pour cent) et en Afrique (–0,04 pour cent) si les tendances actuelles se prolongent..’’

RETOURNER A L’ECOLE

L’OIT, explique dans son rapport, que l’écologisation de l’économie est une obligation de survivance.

Le monde, dit-elle, ne saurait plus être vivable pour l’humanité, si le réchauffement climatique continuait son aggravation, sans être combattu.

Les économies mondiales doivent changer de modèles. Passer d’un mode de fonctionnement traditionnel, résumable par la formule ‘extraire, fabriquer, utiliser et jeter, à un autre mode dit circulaire, basé sur des activités de ‘recyclage, réparation, location et réutilisation’.

Selon l’OIT, cette transition stratégique de l’économie, si elle réussirait au monde développé et contribuerait à l’enrichir, autrement certes mais, encore plus, elle aurait l’effet d’un séisme multi-face, dans les pays africains et arabes, qui sont tous pauvres, à revenus intermédiaires ou mono-rentiers.

L’OIT recommande que ces pays doivent retourner à l’école, afin de réapprendre à fonctionner : Pour les gouvernements apprendre à concevoir de nouvelles politiques publiques prenant en compte cette nouvelle réalité et pour les populations, apprendre à pratiquer de nouvelles professions, pour pouvoir faire fonctionner les nouveaux secteurs éco-économiques.

L’OIT conclut que c’est un effort colossal, qui ne saura être livré par seuls ces pays africains et arabes, et que forcément, ils devront être encore plus dépendants,  de l’aide étrangère, au moins durant leur période de transition.


Adam Sfali - LeMag