L’archéologie, outil de la diplomatie culturelle et scientifique (historien belge)

Vendredi 18 Octobre 2019

​Rabat - L’archéologie est un outil de la diplomatie culturelle et scientifique, considérée comme un "soft power" des États et qui servait depuis des siècles comme un moyen d’influence politique, a souligné, jeudi à Rabat, le Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique, Didier Viviers.
L’archéologie, outil de la diplomatie culturelle et scientifique (historien belge)
Les vestiges archéologiques et les statues de l’antiquité gréco-romaine ont été usités par des conquérants ou des empereurs au fil des siècles pour soutenir leurs discours politiques, appuyer leurs conquêtes des territoires et bâtir leurs empires, a fait savoir M. Viviers à l’occasion d’une conférence sur le thème "Patrimoines archéologiques et construction des États-Nations", indiquant que l’archéologie signe une longue histoire marquée tantôt par la destruction et le pillage des sites, tantôt par leur sauvegarde et valorisation.

L’historien a, en outre, évoqué le rôle de l’archéologie dans la diffusion des idéologies totalitaires et des systèmes politiques autoritaires tels que le fascisme, dont le fondateur Bruno Mussolini a exploité Ara Pacis d’une manière politique afin de diffuser la ferveur populaire de son mouvement.

Et de poursuivre que l’archéologie est une science qui a connu une autonomisation d’un savoir initié au 16ème siècle par les archéologues scandinaves comme le Danois Ole Worm et développé au Siècle des Lumières avec l'Abbé Grégoire, l'une des principales figures de la Révolution française et l'"inventeur" du terme "vandalisme", qui a voulu ainsi protéger le patrimoine artistique de l'Ancien Régime afin d'en faire bénéficier le peuple.

Si l’archéologie forge l’identité contemporaine des États-nations, elle trace un chemin conquérant à travers les différentes expéditions archéologiques qui enrichissent les collections européennes de plusieurs musées, a-t-il expliqué, notant que ces collections sont organisées sous forme d’une "hiérarchie des arts" et classées dans un ordre d’importance historique. De son côté, le Délégué général de la Wallonie – Bruxelles au Maroc, Motonobu Kasajima, a souligné l’impact des identités nationales sur l’archéologie, revenant sur l’exemple marocain qui "revalorise ses sites patrimoniaux, construit et organise de magnifiques musées et présente de grandes expositions comme celle consacrée aux Trésors de l’Islam en Afrique".

Pour sa part, l’archéologue et historien de l'art islamique, Abdelaziz Touri a mis la lumière sur la question archéologique comme jalon incontournable dont les effets se sentiront sur les générations successives, se réjouissant des efforts déployés par le Maroc pour sauvegarder son patrimoine.

Organisée à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, cette conférence vise à attirer l’attention sur une très longue histoire de la science archéologique et met en lumière le patrimoine comme un ensemble indissociable, ancré matériellement dans un territoire et qui peut servir à la cohésion des communautés humaines, à la légitimation du pouvoir, mais aussi à la domination de certains États.



Source : https://www.mafrique.info/L-archeologie-outil-de-l...

MAP