L'année 2017 en Egypte marquée par la poursuite des réformes économiques

Vendredi 22 Décembre 2017

Le Caire - L'année qui s’achève a été marquée en Egypte par la poursuite de la mise en œuvre du processus de réformes économiques, lancé par le gouvernement, et qui prévoyait une série d'actions capitales, en particulier, le flottement de la livre égyptienne, l'adoption d'une politique monétaire pour faire face à l'épuisement des réserves de change, la libéralisation des prix de l'énergie, l’octroi d’une partie de la subvention dédiée aux hydrocarbures au soutien des catégories à faible revenu, l’amélioration des conditions de vie du citoyen égyptien et la réduction du taux de chômage.


Dans ce sillage, la Banque centrale d’Egypte avait annoncé, en fin novembre dernier, l’annulation des seuils maximum des dépôts et des retraits en devises étrangères effectués par les personnes morales opérant dans l'importation de biens non essentiels. Cette décision a été perçue comme un indicateur positif du succès de ce processus de réformes que les autorités égyptiennes jugeaient nécessaire pour sauver l'économie nationale de l'effondrement.

En 2016, la Banque centrale avait décidé d’imposer des plafonds pour le dépôt et le retrait de devises en espèces effectués par des personnes morales engagées dans l'importation des marchandises non essentielles allant de 10.000 dollars par jour à un maximum de 50.000 dollars par mois pour le dépôt, et 30.000 dollars pour le retrait, pour faire face à la crise des devises que connaissait le pays.

Parmi les indicateurs positifs du succès de ces réformes économiques, il y a lieu également de citer la hausse de l'encours de dépôts bancaires d'environ 53 milliards de livres (un dollar = environ 18 livres égyptiennes), pour atteindre 3,124 trillions livres en août dernier, l'augmentation des dépôts gouvernementaux pour se chiffrer à 529,4 milliards de livres, dont 421,1 milliards en monnaie locale et 108,2 milliards en devises étrangères, la hausse des dépôts non gouvernementaux (2,594 trillions de livres), outre la réalisation d'un taux de croissance de 5% et le recul du déficit budgétaire à 10,9 pc du PIB depuis août dernier, comparativement à 12,5 pc au cours de l'exercice précédent. L'année 2017 a aussi connu une augmentation des investissements étrangers en Egypte, une amélioration de la balance commerciale, un rebond de la production et des nouvelles demandes pour les produits des entreprises privées pour atteindre des niveaux sans précédent, et la hausse de la demande d'exportation, ce qui témoigne de l’amélioration de la capacité de l'économie égyptienne.

Le ministère égyptien de l'Investissement et de la Coopération internationale prévoit que le volume des investissements étrangers en Égypte augmentera de 26% au cours de l'exercice en cours. Cette année a été également marquée par l'annonce de la Banque centrale égyptienne en mai d'avoir pu régler le problème des réserves de changes en Egypte, après avoir attiré 8 milliards de dollars des plus gros fonds mondiaux, dépassant la moyenne mondiale, permettant ainsi de renflouer les caisses de la banque centrale et du système bancaire de 45 milliards de dollars. Le gouverneur de la Banque, Tarik Amer, a déclaré le 13 novembre que les entrées de devises dans le système bancaire égyptien s'élevaient à plus de 80 milliards de dollars depuis le flottement de la livre égyptienne l’année dernière. Pour rappel, l'Égypte avait décidé de libéraliser le taux de change le 3 novembre 2016, en vertu d'un accord de prêt de 12 milliards dollars avec le Fonds monétaire international (FMI), qui préconisait des réformes pour redynamiser l’économie nationale.

Auparavant, le ministère égyptien des Finances avait annoncé l'entrée en vigueur d’une nouvelle loi relative à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), adoptée par la chambre basse égyptienne, et qui fixe désormais le taux de la TVA à 13%. Il considérait l'adoption de cette loi comme une réforme fiscale dont l'Égypte avait besoin pour la mise en œuvre d’un programme de réformes économiques qui dotera le pays d’un système fiscal plus fort à même de renforcer davantage le système économique et lui permettre d'attirer davantage d’investissements étrangers.

Par ailleurs, le gouvernement égyptien a décidé, le 29 juin, d'augmenter les prix des hydrocarbures et de consacrer une partie de la subvention accordée à ces produits au soutien des catégories à faible revenu et ce, dans le cadre d’une série de mesures visant à réorienter cette subvention et de la convertir en des actions au profit des catégories à revenu limité. A ce sujet, le Premier ministre, Chérif Ismaïl a déclaré que le budget de l'Etat ne peut plus supporter cette charge, sachant que cette subvention devrait atteindre 333 milliards de livres l’année prochaine, contre 270 milliards durant l'exercice 2017, engendrant ainsi un déficit budgétaire de 10,8%.

L'année 2017 a également été marquée par la promulgation par la présidence égyptienne, après approbation de la chambre des représentants, d'une nouvelle loi tant attendue (plus de deux ans) sur les investissements. Le texte prévoit des incitations à l'investissement accordées aux entreprises, notamment la réduction de 50% de la taxe pour les investissements dans les zones ayant le plus besoin de développement en Egypte et de 30% pour les projets dans le reste du pays, outre l’autorisation d’ajouter de nouvelles activités pour bénéficier des incitations d'investissement.

L'Egypte a entrepris ces différentes mesures et réformes après l’approbation, le 11 novembre 2016, par le Conseil exécutif du FMI de l’octroi à ce pays d’un prêt de 12 milliards de dollars. Le FMI s'est dit satisfait des réformes engagées par le gouvernement égyptien, réaffirmant ainsi sa confiance dans l'économie égyptienne en vue de l’encourager à mettre en œuvre des réformes en matière de politique monétaire, en particulier la libéralisation du taux de change. Le chef de la mission du FMI pour l'Egypte, Subir Lall, a réitéré début novembre que le programme de réformes économiques égyptien est sur "la bonne voie", notant que les actions "décisives" prises par le gouvernement continuent de produire des résultats positifs.

Et de saluer le rétablissement de la confiance en le marché égyptien, le renforcement de la croissance et la réduction du déficit budgétaire et du compte courant. Pour sa part, le ministre égyptien des Finances, Amr Al-Jarhi, a annoncé que son pays recevrait un nouveau prêt du FMI, en ce mois de décembre, de 2 milliards de dollars dans le cadre d'un accord de prêt convenu d'un montant global de 12 milliards de dollars. Par ailleurs, l’agence Standard and Poor’s (S&P) a annoncé, récemment, avoir relevé la perspective de l’économie égyptienne de « stable » à « positive » à la faveur de la reprise de l’activité économique et de l’amélioration du climat d’investissement. Cette révision « positive » par S&P de la perspective de l’économie égyptienne est la première du genre depuis le lancement de ce processus de réformes économiques en 2016.


MAP - Noureddine ZOUINI