L’aide sociale rend-elle paresseux ? Une étude US au Maroc, a tenté de prouver le contraire

Mercredi 14 Mars 2018

New York : Recevoir des allocations sociales publiques sous forme de transferts mensuels d’argent, dissuaderait les bénéficiaires de rechercher du travail. Faux !! clament des chercheurs des universités américaines, MIT et Harvard.


‘’L'aide en espèces n'est pas seulement un impératif moral qui élève les niveaux de vie. C'est aussi un investissement crucial dans la santé et les carrières futures des enfants à faible revenu.’’

Ainsi ont plaidé trois économistes du ‘Massachussetts Institute Of Technology – MIT’, Abhijit Banerjee, Gabriel Kreindler et Benjamin Olken et une de la ‘Harvard University’, Rema Hanna, dans une méta-étude, qu’ils ont mené pour prouver empiriquement et socio-économiquement, que les aides sociales directes ne rendaient pas les gens paresseux.

Les chercheurs américains ont, pour cela, étudié les cas de programmes d’aide sociale directe dans 6 pays, qualifiés par eux, de pauvres. 

Ces pays sont : le Maroc, le Mexique, le Nicaragua, le Honduras, les Philippines et l’Indonésie.

LE PROGRAMME “TAYSSIR” AU MAROC

Dans leur étude, intitulée ‘Debunking the Stereotype of the Lazy Welfare Recipient: Evidence from Cash Transfer Programs’, les quatre économistes américains se sont intéressés à l’expérience marocaine, du programme dit  ‘Tayssir’. 


Bien que inédit au royaume et limité géographiquement, le programme Tayssir est, selon les chercheurs US, l’exemple type de l’allocation financière directe, qui puisse marcher le mieux, et avec un maximum de bons résultats, puisque ce programme est conçu par le gouvernement marocain, sous forme d’attribution d’une aide financière directe à des familles pauvres, essentiellement en milieux rural, sous condition que les parents consentent à scolariser leurs enfants.

Tayssir est la preuve, expliquent les 4 chercheurs, que les aides financières publiques directes quand elles sont conditionnelles et thématiquement ciblées, elles n’encouragent pas les bénéficiaires à devenir chômeurs volontaires. 

Bien au contraire, disent-ils, les bénéficiaires adhérent à des projets d’avenir plus ambitieux, grâce à ces aides, et redoublent d’efforts au travail, surtout lorsque les aides concernent le bien-être et l’avenir de leur enfants.


L’étude a démontré également que l’effet de ces aides, devrait être mesuré sur plusieurs années, notamment en observant l’évolution scolaire et plus-tard professionnelle, des enfants de ces familles qui bénéficient de ces allocations.   

A noter que le programme Tayssir a été lancé par le gouvernement marocain en 2008. 


Consistant à soutenir financièrement les familles pauvres pour lutter contre l’abandon scolaire, il fonctionne selon un ciblage géographique qui concerne les communes qui répondent à un certain nombre de critères comme avoir un taux de pauvreté supérieur à 30%, un taux d’abandon scolaire dépassant les  8% et être éligible aux programmes de l’Initiative nationale du développement humain - INDH.

Adam Sfali - LeMag