L'Ukraine sur un chaudron brûlant en 2017 en raison du conflit du Donbass et de tensions avec ses voisins sur la loi de l'éducation

Mardi 19 Décembre 2017

Kiev - L'Ukraine a été au cœur d'un chaudron brûlant en 2017 en raison du conflit avec la Russie et les pro-russes dans la région du Donbass et de tensions avec ses proches voisins autour d'une loi sur l'éducation, outre des questions mémorielles.


Les conséquences de ces dossiers litigieux se sont fait ressentir en Ukraine, qui a été confrontée d'une part à une situation financière et économique difficile en raison de l'embargo imposé par la Russie. Le conflit du Donbass et les confrontations militaires avec les séparatistes pro-russes ainsi que la question de l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014, sont à l'origine des divergences qui divisent Moscou et Kiev.

D'autre part, l'Ukraine est en froid avec ses voisins, suite à l'adoption par Kiev d'une loi sur l'éducation qui renforce l'enseignement de l'ukrainien à l'école. Le texte adopté en septembre dernier, a suscité les protestations de la Roumanie, la Hongrie et la Moldavie, ainsi que la Russie qui estiment que cette loi porte atteinte aux droits linguistiques de leurs minorités.

Le pays est aussi entré en conflit avec la Pologne sur la question de la reconnaissance des massacres de Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le point commun qui caractérise ces conflits, qui ont impacté les relations politiques, diplomatiques et économiques avec ces pays et conduit même au report de visites officielles que des responsables des pays concernés devaient effectuer à Kiev et au refus d'octroi de visas d'entrée à des officiels ukrainiens, est que chacune des parties concernées juge qu'il s'agit d'une question de principe à laquelle l'on ne peut renoncer.

S'agissant de la crise entre l'Ukraine et la Russie sur le Donbass et les confrontations entre l'armée ukrainienne et des militaires pro russes, aucune avancée n'a été enregistrée en 2017 vers une résolution du conflit, trois ans après son déclenchement. Chacune des parties campe sur sa position, faisant fi de l'accord de Minsk conclu en 2014 et parrainé par de grandes puissances, et il n'y a guère de prémices d'un règlement de cette question dans un proche avenir.

Les tensions entre la Russie et l'Ukraine ne se limitent plus au différend sur le dossier énergétique, qui dure depuis plus d'une décennie et qui a conduit à une quasi rupture des relations économiques et commerciales entre les deux pays, mais portent aussi sur la confrontation militaire quasi directe, impactant la sécurité et la stabilité de l'ensemble de la région et l'économie de l'Ukraine historiquement liée à celle de la Russie.

Avec l'émergence du conflit avec la Roumanie, la Moldavie et la Hongrie autour de la loi sur l'éducation, promulguée par le président Petro Porochenko en Octobre dernier, un texte contesté par les pays voisins qui y voient une privation des minorités nationales de leur droit à l'éducation dans leur langue d'origine, Kiev se retrouve dans une spirale qui pourrait compromettre ses aspirations à adhérer à l'Union européenne, d'autant que les institutions de l'UE ont également critiqué cette loi. De surcroît, la Roumanie et la Hongrie ont déjà fait part de leur intention de bloquer toute future étape d'intégration européenne de l'Ukraine.

Kiev a cherché à rassurer ses voisins en soutenant que la loi sur l'éducation consacre l'égalité et ne porte pas atteinte aux droits des minorités et vise à garantir l'égalité des chances de toutes les générations, au moment où la Russie affirme être le pays le plus lésé par cette loi controversée, en raison de la présence de plus de dix millions de russophones en Ukraine. Pour Moscou, cette loi est clairement dirigée contre la population russophone, cherchant à la priver de son identité d'origine.

Par ailleurs, l'Ukraine a ouvert un front en 2017 avec la Pologne, son voisin de l'ouest, un allié crédible et une terre d'accueil pour les Ukrainiens afin d'améliorer leur situation financière et de réaliser leurs aspirations professionnelles, comme elle a toujours été considérée comme un soutien politique et militaire contre la Russie et un défenseur de Kiev au sein de l'Union européenne.

La visite du ministre des affaires étrangères de la Pologne Witold Vazhikovski en Ukraine début novembre, a constitué un tournant dans les relations diplomatiques entre les deux pays sur fond de l'émergence d'un nouveau différend bilatéral sur une question mémorielle ayant motivé la décision de Varsovie d'interdire l'entrée à un haut responsable ukrainien et la convocation de leur ambassadeur respectif.

Face au refus de l'Ukraine de reconnaître comme «génocide» le massacre de centaines de Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale et de permettre l'accès de Varsovie à des données historiques sur cette question, la Pologne estime que ce pays la prive du droit de mettre la lumière sur des faits historiques occultés pour des raisons politiques.

A son tour, la Pologne a menacé l'Ukraine d'entraver, à l'instar d'autres pays voisins, ses ambitions de rejoindre l'Union européenne et d'exercer sur elle des pressions économiques, en rappelant que près de deux millions d'Ukrainiens travaillant en Pologne, premier partenaire commercial de l'Ukraine.

Face aux conflits avec ses proches voisins, l'Ukraine mise sur les partenaires les plus éloignés géographiquement, dont les États-Unis et paraît ne se soucier guère des menaces de ses voisins de bloquer son adhésion au bloc européen, estimant qu'une telle démarche est inévitable et devrait se concrétiser tôt ou tard, d'autant qu'elle sert les intérêts de l'Europe qui cherche à contrecarrer la Russie et affaiblir son influence dans la région.


MAP - Abdelaziz Hayoun