Histoire. Quand le Sultan du Maroc était vanté en Angleterre, comme un ‘Bon et fervent protestant’

Lundi 18 Décembre 2017

Londres : C’est une anecdote  des plus inédites, que relate l’historien britannique, et professeur des études sur la renaissance à l'Université Queen Mary de Londres, Jerry Brotton, dans son livre, ‘This Orient Isle: Elizabethan England and the Islamic World’.

Nous sommes à la fin des années 1500. L’Angleterre est la nation phare du protestantisme. Pour les catholiques c’est l’ennemi. En 1570, le Vatican prit la décision de faire grave offense à la souveraine d’Angleterre, Élisabeth Ire, en l’excommuniant. Les nations catholiques de l’Europe, comme la France et l’Espagne, décrétaient alors un embargo économique et commercial contre l’Etat insulaire. 

L’Angleterre étouffe, s’affaiblit, et ses défenses risquent de fléchir dans une Europe en guerre, jusqu’à ce que son intrépide souveraine ne décide de tenter une ouverture stratégique des plus inédites et non moins courageuse à l’époque : Chercher une alliance avec les trois seules puissances du monde musulman de l’époque. Le Maroc, la Perse et l’empire Ottoman.


LE SULTAN DU MAROC – UN BON PROTESTANT !! 

Au Maroc régnait à cette époque, le Sultan Abu Marwan Abd al-Malik, qui fut le cinquième sultan de la dynastie saadienne, de 1576 à sa mort en 1578.

La reine Élisabeth Ire, calculant bien qu’elle avait avec le souverain marocain, le  même ennemi, à savoir l’Espagne catholique, elle amorçait alors une tentative de rapprochement avec l’empire marocain, en vue d’une alliance.

Pour cela, la reine désigne un premier ambassadeur d’Angleterre au Maroc.. Il s’agit du diplomate Edmund Hogan, accrédité à la cour sultanienne en 1577. et il fut l’inventeur de cette formule inédite de Sultan bon et fervent catholique.

Méconnaissait-il l’Islam ? ou poussait-il fort sur la formule diplomatique enthousiasmant ? En tout cas, selon l’historien, Jerry Brotton, l’ambassadeur  Edmund Hogan, s’enthousiasmait à Londres que l’alliance avec le Maroc serait un acte béni de Dieu, puisque disait-il, ce Sultan du Maroc est 

‘’ un Bon et fervent protestant.’’

ISLAM ET PROTESTANTISME – DEUX RELIGIONS SŒURS !!

Selon Jerry Brotton, la formule de l’ambassadeur Hogan, bien qu’inédite s’inscrivait, au fait, dans le courant d’une pensée qui était très commune à une certaine élite britannique de l’époque.

A la fin du XVIe siècle, dit-il, il était assez courant au sein de l’élite anglaise, de considérer l’islam et le protestantisme comme deux religions « sœurs ». 

Les anglais protestants arrivaient à se trouver des points de similitudes cultuelles et géopolitiques avec les musulmans.  Ils sont tout les deux hostiles à l’idolâtrie. Et ils ont un ennemi commun : le Pape.


INFLUENCE CULTURELLE DU MAROC

Jerry Brotton raconte que pour se délivrer du blocus catholique, la reine britannique s’adressa aux trois nations musulmanes de l’époque. L’Empire Ottoman qui s’étendait de l’Algérie (actuelle) à l’Irak, et les deux nations musulmanes indépendantes l’entourant, le Maroc et la Perse.

Élisabeth Ire avait pu nouer des relations stratégiques avec ces trois puissances musulmanes. Des liens commerciaux se créaient et des influences culturelles se manifestaient de part et d’autre. En témoigne l’influence culturelle du Maroc clairement perceptible dans certaines œuvres de Shakespeare comme les pièces de théâtre, Othello et le marchand de Venise.


Larbi Amine - LeMag