Go viral, jouer à la désinformation pour mieux la combattre

Mardi 2 Février 2021

​Rabat - Initié par des chercheurs de l’Université de Cambridge en collaboration avec le gouvernement britannique et des journalistes, «Go viral» est un jeu didactique conçu pour aider dans la lutte contre la propagation des fake news.


Disponible en Anglais, en Allemand et en Français, le jeu place l’utilisateur dans la peau d’un créateur de fausses informations qui cherche à les diffuser et créer le buzz, en les partageant avec sa communauté sur les réseaux sociaux.

Les parties du jeu durent environ cinq minutes durant lesquelles seront dévoilées les rouages de la désinformation sur les réseaux sociaux et les tactiques les plus couramment utilisées par les influenceurs pour impacter l’opinion. Provoquer des émotions fortes, livrer des « faits » choquants ou appuyer ses propos en citant (faussement) un organisme connu, sont, entre autres, des méthodes bien rodées pour la diffusion des fake news, selon les scientifiques de l’Université de Cambridge.

Le jeu invite également l’utilisateur à questionner ses habitudes informationnelles et sa consommation de la data sur les réseaux sociaux. La confusion et l’ignorance le pousse à partager des informations, dont il ignore la source, sans en vérifier la véracité auprès d’un expert, ni mesurer l’impact ou la portée qu’une fausse information peut avoir. Un simple partage enrichit les algorithmes de ces médias sociaux, leur permettant de dresser un portrait assez détaillé de chaque utilisateur afin de mieux cibler les publicités et les publications proposées.

La prévention contre la désinformation en utilisant ce type de jeux diminue considérablement la probabilité que ces "gamers" puissent relayer de fausses informations, en mettant l’accent sur la crédibilité de chaque utilisateur.

Les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ont, très tôt, remarqué la puissance des fake news, mais n’ont décidé d’agir que lorsque les procès pour diffamation se sont succédé. Les géants ont misé sur une stratégie de fact cheking en collaborant avec des journalistes et des médias de renom afin de mieux contrôler la circulation des fake news.

Twitter a misé, quant à lui, sur ses algorithmes et bots, afin de détecter la fausse information et diminuer son impact.

Les médias jouent aussi un rôle capital dans la circulation de l’information et détiennent un pouvoir ultime quant à la crédibilité de celle-ci. C’est pour cette raison, que certains d'entre eux ont déployé des services de fact checking, dont la mission principale est la vérification de la véracité d’une information et l’évaluation de son niveau d'objectivité.

Le New York Times, une référence en matière de fact-checking, a dû admettre en octobre dernier avoir contribué à des « affabulations » dans plusieurs de ses contenus relayés par une de ses journalistes stars, Rukmini Callimachi, spécialiste des enquêtes du New York Times, qui avait notamment dirigé le bureau d’AP (Associated Press) au Moyen-Orient.

Malgré les efforts déployés, la volonté de désinformer et de polémiquer dépasse les capacités des réseaux sociaux, qui peuvent uniquement contribuer à la circulation de l’information. La crédibilité de celle-ci repose sur la communauté qui la partage, la consomme et, en dernier ressort, lui donne du crédit.

MAP - Hassiba-Soufya Oufkir