Flexibilité du dirham : "L'impact sur l'inflation ne sera que de 0,4%"

Jeudi 18 Janvier 2018

RÉFORME - C'est un discours qui se voulait très rassurant, avec de nouveaux éléments de langage, qui a été servi aujourd'hui à la presse lors d'une conférence conjointe organisée par Bank Al-Maghrib (BAM) et le ministère de l'Économie et des Finances, en présence de l'Office des changes, sur la question de la réforme du régime de change marocain. Il faut dire que le sujet a déchaîné les passions et fait couler beaucoup d'encre, faisant craindre les pires scénarios: inflation monstre, dépréciation critique de la monnaie nationale...

Une inflation limitée et un surplus de croissance

"Il n'en sera rien!", affirment de concert Mohamed Boussaid et Abdellatif Jouahri, coupant ainsi court à toute prévision alarmiste. "Même dans le cas extrême (dépréciation du dirham de 2,5% maximum permis par la bande de fluctuation NDLR), l'impact sur l'inflation ne sera que de 0,4%", assure le Gouverneur de la Banque centrale. Prévue à 1,5% pour l'année 2018 (contre 0,2% en 2017), l'inflation devra donc se situer à 1,9% selon la vision la plus pessimiste.

Ainsi, selon les résultats de l'étude d'impact réalisée par BAM, le prix du gasoil, qui est de 9,6 dirhams ne sera augmenté "que" de 0,15 dirham si ce scénario se réalise, pour se situer à 9,75 dirhams. Rien de bien menaçant à en croire les hauts fonctionnaires, d'autant plus que cette réforme du régime de change est bénéfique pour l'économie marocaine qui verra sa croissance boostée d'un 0,2% supplémentaire, toujours selon les chiffres de Jouahri.

Ne dites plus flottant...

Les chiffres ne sont d'ailleurs pas les seuls éléments cruciaux de la réforme, les mots ont également leur importance. "Contrairement à ce qui s'est dit, on ne passe pas à un régime de change flottant, on ne fait qu'assouplir un régime de change fixe", insiste le gouverneur. Une précision de taille lorsque l'on sait que le changement de l'un à l'autre a surtout été synonyme de dévaluation et donc de crise. Le patron de la Banque centrale a même présenté toute la nomenclature de classification des régimes de change adoptée par le FMI, afin qu'aucun parallèle funeste ne s'établisse dans l'esprit des Marocains.

Le régime sera donc fixe, mais flexible, et le dirham pourra fluctuer librement entre les nouvelles bandes de ±2,5% au lieu des ±0,3% fixées auparavant. Cette fluctuation se fera par rapport à un cours central qui sera publié quotidiennement par BAM, qui s'assurera également que l'ensemble des opérateurs bancaires se conforme à l'affichage transparent des taux de changes actualisés.

Régime de change: l'arbre qui cache la forêt

Et à ceux qui, malgré tout cela, diront qu'une bande de 2,5% est trop large, le ministre des Finances répond que le dirham a fluctué, rien qu'en 2017, entre -5,1% (face à l'euro) et +7,6% (face au dollar) suite au changement de la parité euro-dollar. Ce qui signifie qu'entre le début de l'année et aujourd'hui, les marchandises importées en euro sont plus chères de 5,1% et celles libellées en dollar moins chères de 7,6% avant même l'application de la réforme.

"Finalement, le véritable objectif de cette réforme, reconnaît Boussaid, est de rendre notre économie plus compétitive et arriver à ne plus dépendre des importations, mais produire en interne ce dont nous avons besoin". "N'étant qu'un levier parmi tant d'autres, le régime de change ne doit pas se substituer aux autres politiques publiques", ajoute Jouahri, qui en profite pour glisser une pique en direction du gouvernement en l'appelant à poursuivre et terminer d'autres réformes plus importantes à l'instar de celle des retraites, de la compensation ou encore des filets sociaux.

Source : http://www.huffpostmaghreb.com/2018/01/18/dirham-c...

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