En Afrique, le terrorisme demeure l'une des formes de conflictualité asymétriques les plus insistantes (Forum)

Samedi 10 Février 2018

Marrakech - Le terrorisme demeure, en Afrique, l’une des formes de conflictualité asymétriques les plus insistantes notamment, "face au vide créé au lendemain de la disparition de la bipolarité", ont souligné, vendredi à Marrakech, les participants à la 9è édition du Forum "Marrakech Security Forum" (AfricaSEC 2018).

Fruit de plusieurs facteurs, le terrorisme dans le continent est l'une des formes de conflictualité asymétriques les plus insistantes notamment, "face au vide créé au lendemain de la disparition de la bipolarité et de l’émergence progressive de nouvelles puissances qui a facilité un éparpillement des principaux axes d’influence dans le monde", ont estimé les participants à une séance plénière autour du thème "L’Afrique face aux défis asymétriques et aux ennemis de l’ère numérique". 

Le terrorisme, qui s’avère l’une des principales sources d’instabilité actuellement sur le continent, s’alimente à la fois de causes internes et externes, ont-ils indiqué, jugeant que ce phénomène ne pourrait être vaincu sans un engagement collectif de la part de tous les acteurs aussi bien étatiques que supra-étatique ou infra-étatiques.

Et d’ajouter que le terrorisme, tout comme le crime organisé ou la piraterie en mer, sont autant de phénomènes d’insécurité qui ne sont pas nouveaux, mais qui ont muté en prenant de l’ampleur dans un monde en perte de sens et de repères, se transformant ainsi en des conflits asymétriques dirigés contre l’ordre établi.

"L’ordre étatique et international actuel constituent les principales cibles de ces acteurs", ont-ils expliqué, notant que la mondialisation a eu pour effet la multiplication des terreaux d’exclusion et des inégalités, des zones prises où les Etats ont du mal à consolider leur souveraineté, conjugués au développement exceptionnel des nouvelles technologies.

Tous ces facteurs, conjugués à d’autres, ont encouragé des acteurs non étatiques à s’internationaliser et à se procurer des moyens de nuisance leur permettant de tirer profit de la vulnérabilité des Etats, ont-ils déploré.

M. Angel Losada, représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, a établi, dans ce contexte, un diagnostic détaillé de la situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne, avec un focus sur l’impact sur tout le continent africain, notant que cette zone se présente actuellement comme le terreau de toutes les crises d’ordres sécuritaire, économique, démographique, politique et climatique.

La zone sahélo-saharienne ne cesse de subir "les dommages collatéraux" en raison des bouleversements géopolitiques en Afrique du Nord et au Moyen Orient, qui exercent une pression sur les territoires de cette zone, a-t-il expliqué, faisant savoir que la sécurité du Sahel est celle de l’Afrique voire même de l’Europe.

Face aux mutations permanentes des menaces sécuritaires, il est plus que jamais indispensable de favoriser la coopération en matière de lutte contre ces phénomènes, et surtout de veiller à la réadaptation permanente des outils de réponse et de défense pour une lutte efficace contre le terrorisme et les autres fléaux, a estimé, de son côté, Jean Léon Olatoundji, Chef d’Etat Major des Forces Navales adjoint du Bénin. 
Pascal Legaï, directeur du Centre Satellitaire de l’Union Européenne, a passé en revue, quant à lui, une série de phénomènes d’insécurité en Afrique, notamment la menace terroriste, la prolifération active du trafic des armes, l’intensification des attaques contre les armées nationales, l’unification des groupes terroristes et une forte nuisance des factions rebelles, notant que face à ce constat, la mutualisation des efforts sécuritaires s’imposent en vue de concrétiser une réponse transnationale.

La sécurité et la stabilité du continent demeurent une condition sine qua non à son développement économique. Il n’y aura pas de développement et d’exploitation de l’énorme potentiel de l’Afrique sans la sécurité et pas de sécurité sans développement, a-t-il affirmé, faisant savoir que la solution au développement de l’Afrique doit évidemment venir des Africains eux-mêmes.

Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, la 9è édition du Forum "Marrakech Security Forum" s’article autour du thème "Les menaces émergentes et les nouveaux risques de conflictualité en Afrique".

Rehaussé par la participation de quelque 300 experts, dirigeants d’organisations internationales et responsables civils et militaires de plusieurs pays, dont le Maroc, ce forum de deux jours est le fruit d’un partenariat entre le Centre Marocain des Etudes Stratégiques (CMES) et la Fédération Africaine des Etudes Stratégiques (FAES).

L’objectif de ce forum est d’établir un état des lieux actuel de la sécurité en Afrique, de mettre en lumière les défis auxquels doit faire face le continent et surtout, d’analyser, de débattre et d’échanger les expériences et expertises dans ce domaine.

Lors de cet évènement, les pénalistes auront à débattre de moult thématiques se rapportant entre autres, à "l'Afrique face aux défis asymétriques et aux ennemis de l'ère numérique", à "l'Union africaine face au défi de la paix et de la sécurité sur le continent (menaces émergentes et nouveaux risques de conflictualité)", à "DAECH: de la territorialisation à la fragmentation et prolifération de groupes et combattants terroristes" et à "la stratégie marocaine de lutte contre le radicalisme et l’extrémisme violent".

MAP