Économie - Face à Google et Facebook, la presse sonne l’alarme

Lundi 10 Septembre 2018

Ils profitent des contenus de presse mais ne versent pas un sou. La directive « Copyright », qui vise à faire payer les GAFA, sera à nouveau soumise au vote des députés européens mercredi. Une question de survie pour la presse, alerte le député Patrick Mignola.
Économie - Face à Google et Facebook, la presse sonne l’alarme
Lire les infos sur Google Actualités, ou partager un article de journal sur Facebook : tous les utilisateurs d’Internet connaissent cela… Mais l’information doit-elle ainsi se répandre sur la toile gratuitement ? Mercredi, au Parlement européen de Strasbourg, le bras de fer reprendra entre les deux camps. D’un côté, les éditeurs de presse : patrons de journaux, reporters, agences de presse, sites d’infos en ligne… De l’autre, les géants d’internet : Google, Apple, Facebook, Amazon, que l’on surnomme par leurs initiales, GAFA.

« C’est David contre Goliath ! » résume Sammy Ketz. Cet ancien reporter de guerre et chef de bureau de l’AFP (Agence France-Presse) à Bagdad a pris la tête de la fronde des journalistes contre les plates-formes Internet. Son objectif : défendre la propriété intellectuelle des reportages.

Aujourd’hui, les GAFA ne versent aucune rémunération aux médias, dont ils profitent pourtant du travail. « Les médias envoient des journalistes risquer leur vie pour une information fiable, ça coûte une fortune ! Et ce ne sont pas eux qui en profitent. C’est totalement siphonné par les géants d’Internet, qui se servent gratuitement de ces infos et se font de l’argent dessus grâce à la publicité », dénonce Sammy Ketz. Sa tribune, en août, a été signée par 116 grands reporters et rédacteurs en chef de 27 pays.

Rémunérer aussi les artistes

Tous réclament l’instauration d’un « droit voisin », c’est-à-dire « voisin » du droit d’auteur qui protège les œuvres d’artistes. Objectif : faire payer aux GAFA leur part du gâteau. C’est le sens de l’article 11 de la directive Copyright, qui sera examinée ce mercredi à Strasbourg. Et contre laquelle les GAFA ont mobilisé toutes leurs forces, à coups de lobbying massif.

Ces derniers estiment que les journaux profitent de leur exposition sur le Net et dénoncent une volonté de privatiser l’information. Google réclame « un juste équilibre ». « Le web repose sur la capacité des utilisateurs à partager du contenu », plaide le groupe américain. Un porte-parole de Facebook espère « que le débat en cours se concentrera sur la mission initiale de protection des droits d’auteur, et le maintien d’un marché dynamique pour la création de contenus ». En off, un salarié du groupe de Mark Zuckerberg explique : « Facebook veut bien faire de petits efforts, mais n’est pas prêt à changer de business model. »

Malgré leur intense lobbying auprès des eurodéputés, les GAFA ne semblent pas convaincre l’opinion. C’est l’enseignement du sondage Harris Interactive dévoilé jeudi dans Le Parisien-Aujourd’hui en France : 81 % des 6600 personnes interrogées dans huit pays européens pensent que Google et Facebook devraient rémunérer les médias pour l’utilisation de leurs contenus.

Et 87 % des sondés souhaitent que l’Union européenne légifère en faveur des artistes. Car pour ces derniers, l’enjeu est le même. Les créateurs, musiciens, cinéastes voudraient être davantage rétribués pour la diffusion en ligne de leurs œuvres. L’article 13 de la même directive Copyright propose de renforcer leurs droits. Lors d’un premier vote au Parlement européen le 4 juillet, elle avait été retoquée : 318 voix contre, 278 pour. Verdict mercredi, lors du nouveau vote à Strasbourg.

(avec le parisien.fr)



Source : https://www.a53news.com/Economie-Face-a-Google-et-...

A53News.com