De la faillite des partis politiques

Lundi 20 Janvier 2020

A chaque échéance électorale, les partis demandent aux citoyens leurs voix. Mais, le débat électoral, au lieu de porter sur les défis de notre pays, se cantonne à l’affichage de prospectus programmatiques généraux et creux pour tout réduire à une question de choix entre des miasmes du microcosme partisan, aussi nauséabonds les uns que les autres.

A côté des partis qui ont pignon sur rue, cohabitent pour les besoins de la balkanisation, des partis marginaux de droite ou de gauche qui, soit brillent par leur absence du débat politique, soit se livrent par intermittence à quelques échauffourées sur des sujets qui ne sont pas la préoccupation majeure des Marocains, juste pour dire qu’ils sont là.

Notre pays a essayé, aux manettes, aussi bien les partis dits administratifs, les partis de l’alternance consensuelle avec la koutla ou encore aujourd’hui l’alternance par les urnes avec le PJD. Mais les gouvernements passent et rien ne s’y passent, sauf le désarroi des citoyens, qui s’exprime à travers un taux d’abstention qui ne cesse de grandir au fil des échéances ; taux d’abstention qui vaut défiance et votes-sanction contre les partis politiques toutes tendances confondues.
Ce sont ces dérives partisanes qui expliquent, aujourd’hui, la recrudescence de la protestation désencadrée.

Le Marocain s’est lassé de la langue de caoutchouc, de la langue de bois et du « bois de la langue » de ses élites politiques.

Que faire ?
Certes nous ne pouvons redresser cette faillite partisane d’une seule traite. Mais d’ores et déjà nous pourrions nous assigner un premier objectif, à savoir, faire de l’année 2020 un commencement de la structuration d’un réseau et l’élaboration d’une plate-forme de programmes qui seront étendus au fil du temps dans la perspective de la fondation d’un « rassemblement citoyen » de toutes celles et tous ceux qui s’étaient reconnus par le passé dans des partis faillis, mais qui se sont rendu compte aujourd’hui qu’ils avaient été trompés.

Désabusés, ils peuvent contribuer, par leur expérience et leur esprit militant, à redonner du crédit à la politique ; crédit qui passe nécessairement par la conscientisation des masses !
 
Mostafa Melgou, Chercheur en économie et Expert du secteur bancaire et financier. Ancien cadre supérieur de plusieurs groupes bancaires dont notamment la BMCI, la Saudi French Bank à Jeddah, Sahara Bank en Libye, et ABNAMRO Bank. Il est co-fondateur de la plateforme ANALYZ.MA

Source : http://analyz.ma/de-la-faillite-des-partis-politiq...

Mostafa Melgou