Covid-19: Le théâtre en berne, on ne frappera pas les trois coups cette année

Jeudi 26 Mars 2020

Par Abdelatif EL JAAFARI.

Casablanca - Les salles de représentation sont en berne cette année, puisque le monde ne va pas pouvoir célébrer la Journée mondiale du théâtre, à cause des mesures de confinement instaurées pour lutter contre l'invasion de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19).

Les dramaturges, aussi bien au Maroc qu'ailleurs, ne pouvaient pas imaginer, il y a peu de temps, être confrontés à un tel scénario, à la fois dramatique et inédit.

Un silence de cimetière va envelopper les théâtres du monde entier, des lieux si vivants d'ordinaire, particulièrement à l’occasion de cet anniversaire fêté chaque 27 mars, depuis 1962.

Si les metteurs en scène et comédiens optent, à l'instar des autres citoyens, pour l'isolement volontaire se pliant aux exigences d'une urgence sanitaire, ils sont, cependant, conscients qu'"à quelque chose malheur est bon".

De cette situation douloureuse que traverse le monde, ces hommes et femmes du théâtre essayent, tant bien que mal, d'en tirer les leçons qui s'imposent et produire, à l’avenir, des œuvres traitant des tourments causés par cette pandémie et de son impact sur le quotidien des gens. Les malheurs et la solitude ont été, de tout temps, un véritable stimulant de la créativité.

Dans un message adressé, cette année, à la communauté internationale, le dramaturge pakistanais, Shahid Nadeem, confirme cette vision: "Nous disons parfois en plaisantant : les mauvais moments sont bons pour le théâtre. Les défis à relever ne manquent pas, ni les contradictions à exposer et les statuts quo à renverser".

"Le théâtre a un rôle noble dans la dynamisation et la mobilisation de l'humanité pour se relever de sa descente dans l'abîme. Il peut élever la scène, l'espace de représentation, en quelque chose de sacré", écrit M. Nadeem dans son message.

Et de poursuivre : '’Dans notre engagement face aux défis du présent, nous nous privons des possibilités d’une expérience spirituelle profondément émouvante que le théâtre peut offrir”.

Au Maroc, le dramaturge Abdelmajid Fennich est plus marqué par l'événement et le fait savoir dans un cri de détresse intitulé "la Journée mondiale du théâtre au goût du coronavirus", dans lequel il décrit le caractère tragique de la conjoncture que connaît le monde entier, avec son lot de milliers de victimes parmi les simples citoyens et les célébrités.

"Pour notre Journée mondiale, en cette année calamiteuse, les rideaux ne seront pas levés dans les théâtres et les trois coups ne vont pas trouver qui les frapper. C’est une scène mélancolique, où les lumières ne vont pas éclairer les abords des planches", a regretté Fennich.

Aux yeux du dramaturge visiblement très affecté par cette période trouble, "même le printemps a délaissé son trône sur les cimes de la magnificence avec l’avènement de la saison de la fertilité, pour céder sa place à cette épidémie qui a éprouvé les volontés".

Depuis son apparition en décembre et sa propagation à travers le monde, le coronavirus a emporté des milliers de personnes de par le monde, dont les plus célèbres sont, jusque-là, le dramaturge américain Terrence McNally (81 ans) et le saxophoniste camerounais et légende de l'afro-jazz Manu Dibango (86 ans).

Au Maroc, il est de coutume que les lieux de culture connaissent un foisonnement d'activités et de spectacles en cette occasion, qui offrait aux professionnels un espace de débat sur leurs préoccupations et une opportunité pour rendre hommage aux femmes et aux hommes de théâtre.

La situation actuelle a empêché le monde du théâtre marocain de rendre un hommage posthume au dramaturge et poète Abdekader Ababou, décédé en janvier dernier des suites d'une longue maladie.

Mais ce n’est que partie remise, puisque on ne va pas manquer de célébrer la mémoire de cet artiste et écrivain aux multiples casquettes. Dans l'attente que l’occasions se présente, le spectacle est reporté sine die.



Source : http://mapanticorona.map.ma/fr/node/1669...