Coronavirus;l'UE se réunit face à la récession, l'Allemagne s'engage à payer plus

Jeudi 23 Avril 2020

Bruxelles - L'Allemagne s'est engagée jeudi à contribuer davantage au budget de l'Union européenne dont les dirigeants se réunissent en début d'après-midi pour un sommet en visioconférence censé trouver des solutions pour sortir de la récession provoquée par la pandémie de coronavirus.
Coronavirus;l'UE se réunit face à la récession, l'Allemagne s'engage à payer plus
Cependant, les dirigeants européens apparaissent divisés sur la solution à adopter ce qui devrait les contraindre à reporter toute décision d'envergure.

Les dégâts économiques du confinement continuent à s'alourdir sur le continent le plus endeuillée au monde par la pandémie, avec plus de 112.000 morts sur les 180.000 décès enregistrés depuis son apparition en Chine en décembre.

En zone euro, l'activité du secteur privé s'est ainsi effondrée en avril à un rythme "sans précédent", selon l'indice PMI composite du cabinet Markit publié jeudi.

Ces données "préfigurent une contraction trimestrielle de l'économie de la zone euro de l'ordre de 7,5%", estime Chris Williamson, économiste chez Markit.

Tentés de relancer leur activité, plusieurs pays européens ont déjà commencé à alléger progressivement les mesures de confinement que leurs populations sont contraintes de respecter depuis le mois dernier.

En Allemagne, commerces d'alimentation, librairies, concessionnaires automobiles... La plupart des magasins d'une surface inférieure à 800 m2 ont rouvert lundi.

Mais qu'Angela Merkel a estimé qu'"aller trop vite serait une erreur".

Bars, restaurants, lieux culturels, terrains de sports demeurent donc encore fermés. Et les écoles et lycées ne rouvriront que progressivement.

L'Autriche, la Norvège ou le Danemark sont engagés sur la voie de l'assouplissement de leurs mesures de confinement, tout en conservant des mesures de "distanciation sociale".

L'Italie, la France, la Suisse, la Finlande et la Roumanie préparent aussi un prudent déconfinement.

L'Italie (25.085 morts) et l'Espagne (22.157) sont les pays en Europe les plus atteints, suivis de la France (21.340) et du Royaume-Uni (18.100).

Mercredi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre tout relâchement des Etats dans la lutte contre le coronavirus, dont il craint une deuxième vague de contamination.

"Ne vous y trompez pas : nous avons encore un long chemin à parcourir. Ce virus nous accompagnera pendant longtemps", a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, redoutant le "danger" de la "complaisance".

Malgré ces avertissements, l'Etat de Géorgie, aux Etats-Unis, a décidé de rouvrir dès vendredi ses salons de tatouage, de soins esthétiques et les salles de gym. Lundi ce sera au tour des cinémas et des restaurants, qui devront imposer de strictes mesures de distance sanitaires.

Cette décision a suscité les réticences y compris du président Donald Trump, pourtant impatient de "redémarrer" l'économie de la première puissance mondiale. Il s'est dit en "désaccord profond" avec le gouverneur - pourtant républicain - de cet Etat du sud du pays, estimant que les commerces concernés ne faisaient pas partie de la première phase du plan préparé par la Maison Blanche.

"C'est trop tôt, ils peuvent attendre encore un petit peu", a-t-il jugé, alors que les Etats-Unis, avec 46.583 morts, est le pays le plus endeuillé au monde par le Covid-19.

Le Vietnam, qui enregistre officiellement zéro décès et moins de 300 cas de coronavirus, commence aussi à sortir du confinement. Dès les premiers jours de février, il avait suspendu tous ses vols vers la Chine et verrouillé sa frontière terrestre, longue de 1.300 kilomètres, avec la République populaire.

En revanche, au Royaume-Uni, le chef des services sanitaires, Chris Whitty, a douché les espoirs de ceux qui espéraient que Londres allait suivre cette tendance à court terme.

En Afrique, de nombreux Etats ou des chaînes privées ont lancé des programmes de télé-enseignement pour tenter de compenser la fermeture des établissements scolaires et universitaires.

"C'est pour éviter que le Covid-19 gagne là où ça fera le plus mal, dans le domaine du savoir. Que les enfants ne désapprennent pas même s'ils restent à la maison", affirme à l'AFP Massamba Guèye, enseignant-chercheur au Sénégal, où la télévision Futurs Médias (TFM, privée), propriété du chanteur Youssou Ndour, dispense trois fois par jour des cours à toutes les classes, y compris l'enseignement professionnel.

Alors que l'ONU s'est alarmée d'une "catastrophe humanitaire mondiale", avec un nombre de personnes souffrant de famine qui risque de doubler pour atteindre "plus de 250 millions d'ici la fin de 2020", sept personnes ont été blessées mercredi à Cumana, au Venezuela, lors d'une manifestation pour réclamer de la nourriture qui a dégénéré en "pillage" de commerces.

"Nous n'avons ni gaz, ni eau et rien à manger (...) Il n'y a pas d'essence pour les transports", a déclaré à l'AFP Freddy Mago, un agriculteur qui s'est joint aux manifestants.

Le président du Tadjikistan, pays qui assure être épargné par la pandémie du nouveau coronavirus, a appelé jeudi à ne pas jeûner pendant le mois de Ramadan qui débute autour de vendredi, pour ne pas se rendre vulnérable aux "maladies infectieuses".

Avec le confinement, il n'y aura pas de rassemblements pour de grands repas du soir (iftar), pas de prière nocturne à la mosquée (tarawih), pas de réunion entre amis jusque tard dans la nuit, pas de voyage dans les villes saintes de l'islam, pour de nombreux musulmans à travers le monde.

Ce sera un "ramadan en privé, loin des uns et des autres et loin des mosquées", résume Taulant Bica, un des responsables de la communauté musulmane albanaise.

La Chine a annoncé jeudi qu'elle verserait 30 millions de dollars supplémentaires à l'OMS, après le désengagement américain dans l'institution la semaine dernière.

"Cela servira notamment à la prévention et au contrôle de l'épidémie de Covid-19 et à soutenir le développement des systèmes de santé dans les pays en développement", a déclaré Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

La course mondiale à l'élaboration d'un vaccin a été relancée mercredi avec le feu vert donné par l'autorité fédérale allemande chargée de la certification des vaccins à un essai clinique sur les humains par le laboratoire BioNTech en lien avec le géant américain Pfizer.

Actuellement, cinq projets de vaccin dans le monde en sont aux essais sur des humains mais la mise au point d'une formule efficace et sûre ne devrait pas prendre moins de douze à 18 mois, estiment les experts.



Source : https://www.maafrique.com/Coronavirusl-UE-se-reuni...

AFP