Cinq choses à savoir sur Taïwan

Vendredi 10 Janvier 2020

Taipei - L'île de Taïwan, qui élit samedi son président, est séparée politiquement du reste de la Chine depuis sept décennies, mais elle vit sous la menace d'une attaque de Pékin si elle venait à déclarer son indépendance.


Voici quelques éléments clés sur ce territoire qui a sa monnaie, son drapeau, son armée, sa diplomatie et son gouvernement mais n'est considéré comme un pays indépendant que par une poignée de capitales.

A la fin de la guerre civile chinoise en 1949, les communistes établissent à Pékin la République populaire de Chine. La province de Taïwan devient le refuge des nationalistes du Kuomintang emmenés par Tchang Kaï-chek et la base de la "République de Chine", qui se veut la continuité légitime de la première république chinoise proclamée en 1912 à Nankin.

L'île sera gouvernée jusqu'en 1987 sous la loi martiale. Taïwan lève l'état d'urgence en 1991, mettant fin de facto à l'état de guerre avec la "rébellion communiste", donc avec Pékin. S'amorce alors un lent rapprochement.

Néanmoins, Pékin considère toujours Taïwan comme une partie de son territoire, susceptible d'être reprise par la force en cas de proclamation d'indépendance. Les deux rives du détroit de Formose se considèrent, chacune, comme la véritable "Chine".

Leurs relations se sont envenimées depuis l'élection en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen, qui brigue un second mandat et dont le Parti démocratique progressiste (PDP) rejette le principe d'"une Chine unique" et a souvent plaidé pour une déclaration d'indépendance.

Pendant de nombreuses années, Taipei a été considéré comme le représentant officiel de la Chine, jusqu'à ce que les Nations unies basculent vers Pékin en 1971. D'autres pays et organismes internationaux lui ont emboîté le pas.

La Chine a arraché, ces trois dernières années, sept pays alliés à Taïwan qui n'est plus reconnue que par 15 Etats dans le monde, pour la plupart des nations pauvres d'Amérique latine et du Pacifique. Le Vatican reste le dernier en Europe.

Washington a rompu en 1979 ses relations diplomatiques avec Taipei, reconnaissant Pékin comme le seul représentant de la Chine. Les Etats-Unis restent toutefois leur allié le plus puissant et leur principal fournisseur d'armes.

Poids plume vis-à-vis de la Chine, Taïwan est une des plus grandes puissances économiques d'Asie, et une importante destination touristique. Malgré une chute du nombre de touristes chinois, l'île a accueilli en 2018 11 millions de visiteurs.

Sa prospérité économique est fondée sur les exportations, notamment de produits technologiques, vers la Chine, les Etats-Unis et le Japon.

Foxconn, devenu le plus grand assembleur mondial d'appareils électroniques, produit entre autres les iPhone de l'Américain Apple et des appareils pour le Chinois Huawei. Autre fournisseur clé d'Apple, le géant des puces électroniques TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company).

En 2019, le PIB de Taïwan a augmenté au troisième trimestre de 2,9%, soit une croissance beaucoup plus soutenue que Hong Kong, Singapour, la Corée du Sud ou le Japon.

En mai 2019, Taïwan est devenu le premier pays d'Asie à légaliser le mariage gay.

L'île passe pour l'une des démocraties les plus progressistes du continent, avec notamment 38% de femmes dans son Parlement. Tsai Ing-wen, première femme présidente taïwanaise, est l'une des rares en Asie à ne pas être issue d'une puissante dynastie politique.

Taïwan reste également un modèle mondial en matière de recyclage et de tri sélectif des déchets.

La population taïwanaise (23,6 millions d'habitants) est composée de 98% de Hans, l'ethnie majoritaire chez les Chinois. Les 2% restants sont composés d'aborigènes, d'origine austronésienne et installés il y a 4000 ans.

La présidente Tsai a présenté en 2016 les premières excuses jamais adressées aux peuples indigènes pour les injustices subies au fil des siècles.

Les aborigènes restent cependant marginalisés, avec des salaires 40% inférieurs à la moyenne nationale et un taux de chômage plus élevé.

AFP