Casablanca Finance City: une belle lancée ralentie par la machine législative

Lundi 26 Février 2018

PLACE FINANCIÈRE - Belles performances pour Casablanca Finance City (CFC). À quelque mois de l'inauguration de son nouveau siège, la place financière dresse, à l'occasion d'une conférence de presse, son bilan depuis sa création en 2010. Sept années pleines qui ont permis à CFC d'attirer 144 entreprises opérant sur la quasi-totalité du continent africain avec 46 pays couverts.

30 milliards de dirhams investis en Afrique par les membres du CFC
Entre sociétés financières, sièges régionaux de multinationales, prestataires de services et holdings, la communauté CFC commence à peser lourd sur le marché. "74% des investissements du Maroc en Afrique ont été réalisés par des compagnies CFC", se réjouit Saïd Ibrahimi, DG de Casablanca Finance City Authority (CFCA), organe de gestion de la place financière, soit un montant de près de 30 milliards de dirhams. Cette tendance serait même en rapide expansion, à en croire l'Office des changes, puisque le montant des investissements des membres CFC en Afrique a progressé de 80%.
L'engouement est tel que, pour garder sa place de première place financière africaine (classement GFCI), CFC élargira son statut aux banques et holding offshore, ainsi qu'aux sociétés de négoces. Ces nouvelles entités pourront choisir de s'implanter à Casablanca, mais également à la Zone Offshore de Tanger. Cette dernière sera sous la responsabilité et contrôle du CFCA, selon les nouvelles attributions qui lui seront accordées. Un texte juridique a été déposé en ce sens au Secrétariat général du gouvernement (SGG) et devrait bientôt être adopté.

"Le moteur législatif est grippé !"
Et il n'est pas le seul, car, pour accompagner toutes ces transformations, la réglementation se devait de suivre. "Depuis le lancement de CFC, près de 20 textes juridiques sur le secteur financier ont été créés ou amendés, dont une dizaine toujours en consultation", précise Mohammed Rachid, directeur en charge des Affaires institutionnelles au CFCA. Ces textes concernent la place financière directement, mais également d'autres pans de la finance comme c'est le cas de la réforme de la bourse.
Le nouveau cahier de charges du marché des valeurs casablancais devra ouvrir la voie de la cotation des titres étrangers africains. "Le texte va permettre aux entreprises africaines de devenir à Casablanca pour se coter, mais également de venir au Maroc lever des fonds en dirhams et en devises", souligne Mohammed Rachid. Une petite révolution... qui tarde à voir le jour puisque la machine législative est lente, très lente. "Malheureusement, cela prend encore du temps, car le moteur est grippé. Le processus avance, mais pas assez vite", regrette le patron du CFCA.
En attendant, l'organe continue sa promotion auprès des entreprises internationales qui voudraient obtenir leur part du gâteau des 130 milliards de dollars annuels de besoins d'investissements en infrastructures en Afrique. L'emplacement de choix de Casablanca, reliée à son continent grâce à des vols directs vers 32 villes africaines, est également un argument de taille. La jonction entre l'aéroport Mohammed V de Casablanca et la place financière devra ainsi pouvoir se faire en moins de 30 minutes assure le CFCA.

Huawei risque de flamber les prix du locatif à Casablanca
Et la recette prend, surtout auprès de l'Europe. En effet, le plus gros des entreprises installées au CFC est d'origine européenne (43%) suivi des entités africaines (35%) et de celles venant des Amériques (14%). Côté Asie, les entreprises certifiées sont encore minoritaires (3%), mais commencent à s'intéresser davantage au marché africain, suite notamment aux roadshows effectués par le CFCA en Chine et au Japon.
Ces compagnies, malgré leur faible nombre, ont un impact considérable sur le marché marocain et voient les choses en grand. "Lorsque Huawei a obtenu son statut CFC, il a loué près d'une centaine d'appartements à Casablanca pour ses collaborateurs", indique Saïd Ibrahimi. Un regain d'activité salutaire pour l'économie de la métropole. "J'espère juste que cela ne va pas créer une surchauffe sur le marché locatif casablancais", souhaite le patron de CFCA.

Bosser à CFC pour un salaire moyen de 58.000 dirhams
L'impact économique est d'ailleurs un élément important dans la communication de la place financière. Rien qu'en création d'emploi, le CFC se targue du chiffre de 10.000 emplois directs uniquement dans le BTP, dont 1.000 ouvriers dédiés à la construction de la tour qui abritera le nouveau siège du CFCA. Cette dernière devrait être prête au dernier trimestre 2018 et accueillera une quinzaine d'entreprises. Quand on sait que 24.000 postes donnent un point de PIB, le calcul est vite fait.
La consommation également n'est pas en reste puisque la place accueillera un personnel au pouvoir d'achat très élevé. Recrutant les profils les plus pointus dans leur domaine, les nouveaux locataires de l'ancien aéroport d'Anfa n'hésitent pas à rémunérer grassement leurs collaborateurs. Selon les chiffres du CFC, le bulletin de paie moyen se situera aux alentours de 58.000 dirhams.

Source : http://www.huffpostmaghreb.com/2018/02/25/casablan...