Bulletin écologique du Maghreb

Lundi 1 Juillet 2019

Tunis - Le ministre tunisien de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Samir Taieb a relevé que 65 % des agglomérations urbaines sont implantées sur le littoral tunisien et plus de 90 % des capacités hôtelières sont de caractère balnéaire.

"Une grande partie de l'industrie tunisienne est également localisée sur cette frange littorale. Les industries lourdes ainsi que les plus importantes centrales d’énergie sont, dans leur grande majorité, concentrées sur le littoral ou sur des lacs en communication avec la mer, avec des apports directs de pollution", a-t-il indiqué lors du 2è Forum africain de l'économie bleue (Africa blue economy forum 2019), tenu les 25 et 26 juin à Tunis sur le thème "Investir dans une croissance durable".

Il a estimé que cet état de fait ne peut avoir que des impacts négatifs, en accentuant la fragilisation et la dégradation du littoral. "Les changements climatiques et particulièrement les risques d’élévation accélérée du niveau de la mer constitueraient dans l’avenir un grand risque supplémentaire pour un littoral déjà fragilisé et tant convoité", a-t-il mis en garde.

Le ministre a, par ailleurs, souligné le poids économique et social des activités marines, relevant qu'il s’agit notamment de "la Pêche qui fait vivre directement ou indirectement près de 100 mille tunisiens, l’aquaculture confrontée à une raréfaction des espèces et surtout à une demande croissante.

La production aquacole est passée de 3400 tonnes en 2007 à 22.000 tonnes en 2017, ce qui représente environ 16% de la production nationale de poissons, a-t-il fait savoir.

Il a aussi rappelé que 98% des importations et exportations dépendent du transport maritime et qu'une part essentielle de l’activité du tourisme se fait sur la frange côtière qui accrueille 90% de la capacité hôtelière du pays, précisant que le secteur de l’énergie sollicite aussi les eaux côtières et hauturières. 

Taieb a, en outre, évoqué les activités d’extraction des ressources marines qui sont peu développées et limitées à l’extraction de sels principalement autour de Sfax, Zarzis et Kerkennah (golfe de Gabès). 

Mieux exploiter le potentiel économique de la mer revient, selon lui, à développer les partenariats publics privés pour accélérer le développement d’une économie bleue durable, préserver les activités et pratiques artisanales, soutenir le rôle crucial des femmes et des jeunes dans la chaîne de valeur dans les secteurs de la pêche et l’aquaculture, veiller à la protection et la gouvernance de l’espace marin. 

Pour sa part, la ministre ghanéenne de la pêche et de l'aquaculture, Elisabeth Naa Afoley Quaye a affirmé que les pays africains gagneraient à coordonner leurs politiques en matière d'économie bleue pour réussir à mettre en place les stratégies à même de relever les défis liés à l’économie bleue et optimiser la lutte contre les dangers qui guettent l’espace marin africain dont le plus sérieux serait , selon elle, la pollution due aux déchets plastiques jetés dans les mers et océans.

-. Une convention de coopération a été signée, récemment, par le ministère tunisien des Affaires locales et de l’Environnement et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), misant sur des activités ayant trait à la biodiversité et les changements climatiques et stipulant la réalisation de projets dans les domaines de lutte contre la désertification et la lutte contre les changements climatiques.

Cette convention a été signée en marge du Forum Régional de Conservation en Afrique du Nord, dont les travaux ont eu lieu la semaine dernière à Monastir, avec la participation de près de 90 personnes, parmi les représentants d’associations environnementales, adhérant à l'UICN et venant du Maroc, de l’Algérie, de la Libye et de l’Egypte, outre les participants tunisiens.

Cette manifestation a accueilli, également, des activistes dans le domaine environnemental, de la Jordanie, du Liban, des Emirats Arabes Unis, de l’Angleterre, de la France et de l’Espagne.

Le ministre tunisien des Affaires locales et de l’Environnement, Mokhtar Hammami, a souligné, à cette occasion, l’impératif d’examiner les possibilités de créer une commission régionale pour les membres de l’UICN et de conjuguer les efforts de tous les intervenants pour relever les enjeux futurs, notamment dans le domaine de l’économie verte ainsi que pour faire face à des problématiques communes, tel que le charançon rouge.

De son côté, le directeur du Bureau régional de l’UICN, Antonio Troya, a fait savoir que ce forum se présente aussi comme une opportunité pour la société civile pour faire entendre sa voix et échanger les expertises, les données et expériences.

MAP